Au moment d’écrire ces lignes, plusieurs consommateurs québécois recevaient enfin leur Volkswagen ID.4 après plus d’une année d’attente. Tandis que certains ont bel et bien reçu le modèle qui leur avait été promis, d’autres ont dû faire quelques compromis et repartir à la maison avec un véhicule d’une autre couleur ou avec de l’équipement en moins, comme l’absence d’une thermopompe, un non-sens au Québec.
La bonne nouvelle, au moins, c’est que Volkswagen a rempli sa promesse de construire un plus grand nombre d’ID.4 à son usine américaine de Chattanooga, au Tennessee. L’ID.4 est l’un des véhicules électriques les plus demandés à l’heure actuelle, et ce, malgré un bon nombre de mauvaises critiques lors de son arrivée en 2021.
J’en faisais partie. Ceux qui me suivent savent que je déteste ce véhicule, non pas pour ses qualités rationnelles, mais pour l’ensemble de l’œuvre. J’ai toujours trouvé que Volkswagen avait maladroitement tenté de suivre la tendance actuelle du marché avec son interface utilisateur entièrement tactile. Curieux de savoir si le constructeur a corrigé certains défauts initiaux de l’ID.4, et parce que l’année 2023 a apporté quelques nouveautés au modèle, j’ai cru bon de le remettre à l’essai.
Das Car-Net?
Pour bien comprendre et utiliser un ID.4, on doit d’abord installer l’application Car-Net sur son téléphone intelligent. Tout comme un produit Tesla, c’est par là que l’utilisateur peut synchroniser son profil, ses préférences et, même, utiliser certaines fonctionnalités du véhicule à distance, comme la préclimatisation ou le préchauffage de l’habitacle et les serrures de portières.
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Laissez-moi vous dire que mon adhésion à l’application a été longue et ardue. Après plusieurs menus qui ont gelé et des délais monumentaux dans le système multimédia du véhicule — qu’on doit synchroniser avec notre compte numérique —, sans compter des pages interminables de termes et de conditions et de consentement de partage de données, je suis finalement parvenu à utiliser mon ID.4 à distance.
L’application en soi fonctionne bien outre sa lenteur et ses bogues par moments. Néanmoins, elle permet éventuellement de s’y retrouver facilement et d’actionner quelques fonctions du véhicule avant de prendre la route.
Les changements pour 2023 comprennent quelques révisions stylistiques, comme un pare-chocs arrière un peu plus aérodynamique pour améliorer l’autonomie. Il y a aussi de nouvelles couleurs de carrosserie et de nouvelles jantes, ainsi qu’une nouvelle déclinaison d’entrée de gamme alimentée par une batterie de moindre capacité.
Mon exemplaire était un ID. 4 Pro AWD, soit celui qui domine une gamme composée de 3 déclinaisons. Il coûte 58 160 $, y compris tous les frais et avant l’application des crédits gouvernementaux de 12 000 $ sur la facture finale.
Très spacieux et bien construit, technologiquement irritant
La plus grande qualité de l’ID.4, c’est son grand habitacle qui permet même à une grande personne de confortablement s’installer à bord. Une grande ouverture des portières et une garde au sol juste à point facilitent l’accès. Une fois assis dans le siège du conducteur, le coussin du fessier est douillet, tandis que des fonctions vibromassantes permettent vraiment d’y trouver un confort.
La visibilité périphérique dans l’ID.4, tout comme la qualité générale de son assemblage et de sa finition est sans reproche. J’ajoute que l’habitacle est vaste et spacieux, et procure constamment cette sensation d’aisance et de liberté à bord, c’est plaisant. Une nouvelle console centrale, maintenant plus élevée et incorporant un accoudoir, accentue cet effet.
Les choses se gâtent toutefois quand on commence à manipuler ses commandes tactiles. Dans les faits, tous les boutons de l’ID.4 sont de nature tactile, et leur réaction au toucher est inconstante. Bien que Volkswagen ait annoncé une mise à jour pour corriger le tir — laquelle on attend toujours — il n’en demeure pas moins fâchant de devoir réappuyer une deuxième fois sur le pavé pour actionner une fonction, comme les phares ou les commandes au volant.
Avec l’ID.4, Volkswagen persiste dans sa quête de réinventer la roue avec ses interrupteurs de fenêtres. Pour 4 fenêtres, on met à notre disposition 2 boutons pour les abaisser et les relever. On doit passer par la fonction Rear pour actionner les fenêtres arrière. Mais pourquoi?
Enfin, le système multimédia est un désastre ergonomique, sans compter l’absence d’un éclairage la nuit pour des fonctions de bases comme l’audio et la climatisation. Lent à réagir et inutilement complexe, il transforme une tâche normalement très simple, comme faire fonctionner le climatiseur, en un acte totalement désagréable et très distrayant durant la conduite.
J’ajoute que ce véhicule ne vous permet pas de faire grand-chose à moins d’être assis dans le siège du conducteur. À titre d’exemple, dès que le conducteur sort du véhicule, tout s’éteint, et ce, même si un passager est assis à bord. Si ce dernier désire conserver le confort du climatiseur ou de la chaîne audio, il devra redémarrer le véhicule.
Je n’ai trouvé aucune manière de détourner ce fâcheux comportement. Il devient donc impossible de participer à certaines activités en plein air avec son ID.4, comme faire jouer la chaîne audio quand on est à l’extérieur du véhicule durant un pique-nique, par exemple.
Heureusement, l’ID.4 se rattrape par son grand espace aux places arrière. Même une personne adulte de grande taille y sera bien assise et aura suffisamment de dégagement pour la tête et les jambes. C’est le même son de cloche dans le coffre, où ce Volkswagen affiche l’un des plus grands espaces de chargement de sa catégorie, soit de 1 817 litres avec le dossier des sièges replié.
Un peu plus d’autonomie
Si la nouvelle version de base arrive avec une tout autre batterie, l’ID. 4 Pro AWD conserve les composants initialement offerts par le constructeur, soit une batterie au lithium-ion refroidie par liquide dont la capacité utilisable fait 77 kilowattheures (82 kWh bruts).
Elle alimente ensuite deux moteurs électriques, un sur chaque train, ce qui assure les 4 roues motrices au véhicule. La puissance totale combinée est chiffrée à 295 chevaux, et le couple, à 339 livres-pieds. Selon Ressources naturelles Canada, l’autonomie est estimée à 410 kilomètres, une augmentation de 16 kilomètres par rapport à 2022.
Quand il est branché sur une borne rapide compatible, l’ID.4 peut se recharger à une puissance de 170 kilowatts, une nette amélioration par rapport aux 135 kilowatts des modèles 2021 et 2022. Le chargeur embarqué pour la borne de niveau 2 à la maison, quant à lui, affiche une puissance de recharge de 11 kilowatts.
Doux et silencieux, mais loin d’être un athlète
Contrairement à la plupart des véhicules électriques sur le marché qui mettent beaucoup l’accent sur l’accélération et la tenue de route, l’ID.4 adopte plutôt une approche décontractée. C'est ce qui en fait de lui l’un des VUS électriques les plus confortables sur le marché. Il est toujours doux, toujours silencieux et bien que ses suspensions demeurent fermes — inévitable dans le cas des véhicules électriques en raison de leur poids — l’ID.4 encaisse hyper bien les imperfections de la route.
Oubliez toutefois les accélérations à tout casser comme on pourrait retrouver sur une IONIQ 5, notamment. L’ID.4 accélère vite, mais sans nécessairement épater la galerie. C’est suffisant, sans plus.
C’est le même son de cloche pour l’efficacité énergétique qui n’est ni superbe ni affreuse. Durant une chaude semaine d’été, sur une distance d’un peu plus de 1 000 kilomètres, mon ID.4 maintenait 19,4 kilowattheures/100 kilomètres. Ça m’octroyait donc une autonomie théorique de 396 kilomètres, pas très loin des promesses du constructeur.
Rationnellement réussi, mais déconnecté de la réalité des consommateurs
Avec le Volkswagen ID.4 2023, j’arrive donc à la même conclusion que lors de mes autres essais. D’un point de vue uniquement rationnel, ce véhicule en offre beaucoup pour le prix exigé. Il est spacieux, confortable, bien construit et offre une autonomie concurrentielle.
C’est plutôt l’approche générale du produit qui m’irrite au plus haut point. On sent plutôt que Volkswagen devait à tout prix offrir un produit pour riposter à Tesla non pas parce qu’elle le voulait, mais parce qu’il le fallait.
On se retrouve donc face à un véhicule maladroitement conçu, bourré de problèmes ergonomiques et d’une technologie quasi inutilisable. Ça donne donc l’impression que l’ID.4 a plutôt été conçu pour satisfaire les comptables de l’entreprise avant les consommateurs. À ce compte, jusqu’à ce que le constructeur corrige ses défauts ergonomiques, nous préférons attendre avant de nous prononcer sur une recommandation et de maintenir le statut « en évaluation ».
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