Le segment des voitures compactes sportives a véritablement pris son envol au cours des années 90. Il a surtout été alimenté par l’intérêt des jeunes acheteurs, incapables de se payer un coupé sport de renom. L’idée consistait donc à leur proposer une voiture capable de livrer des performances intéressantes à un prix à la hauteur de leur portefeuille. Avec le temps, sont nés de nombreux modèles inspirés du sport automobile : la Subaru WRX STI, la Mitsubishi Lancer EVO, la Honda Civic Type R et la Volkswagen Golf R, notamment. Plusieurs ont disparu, dont la Ford Focus ST, et d’autres ont traversé les décennies.
Étonnamment, Toyota a toujours été absente du segment des sportives compactes en Amérique du Nord. Il y a bien eu des modèles de renom comme la MR2 et la Celica, mais rien qui était basé sur une voiture compacte. Il aura fallu attendre jusqu’à tout récemment pour en découvrir deux, la GR Yaris, non offerte en Amérique du Nord, et la Toyota GR Corolla, celle qui nous est réservée. Les deux sont assemblées à l’usine spécialisée GR de Toyota aux côtés d’autres bolides de la marque, dont feu la Lexus LFA, un détail dont tout propriétaire pourra se vanter. J’ai donc pris récemment le volant d’une Toyota GR Corolla 2023 afin de découvrir si elle est aussi excitante que ses plus proches rivales.
Une Corolla qui fait de l’effet
Je l’aimais dans le passé, mais jamais je ne me serais imaginé que mes deux jeunes adultes sortiraient de la maison à mon arrivée pour admirer une Toyota Corolla. C’est pourtant ce qui s’est passé avec la GR, comme un camion de crème glacée, elle a rapidement attiré l’attention avec son design plus éclaté ; et je dois avouer que la voiture a fait de l’effet tout au long de mon essai y compris à la station-service. Elle adopte la configuration à 5 portières et hayon de la Corolla à hayon, mais la comparaison s’arrête là. Elle reçoit une panoplie de composants aérodynamiques qui la transforment du tout au tout. C’est surtout visible avec son fascia plus agressif, ses nombreuses prises d’air et ses jantes exclusives de 18 pouces.
Sa posture est aussi beaucoup plus basse et élargie, l’effet est accentué par ses ailes évasées. La touche la plus excentrique, c’est l’échappement triple à l’arrière, deux de chaque côté et un au centre qui comprend un diffuseur un peu plus gros ; on dirait une voiture de course. Son caractère unique est bien mis en évidence, mais le tout demeure de bon goût. Les stylistes ont décidé d’éviter les gros ailerons, une sage décision. En termes de design, la GR Corolla est un peu moins extravertie que la Civic Type R, mais plus enjouée que la Golf R.
Accrochés par son style et ses promesses de performances, nous nous sommes rapidement dirigés vers le configurateur pour connaître le détail de son prix. Avec tous les frais, mon modèle de base se vendait 48 267 $, soit un peu moins que ses deux plus proches rivales. Elle n’est pas donnée — son prix a refroidi mes deux envieux — mais elle remporte tout de même la palme de l’abordabilité par comparaison avec ses concurrentes, chose étonnante pour un véhicule Toyota.
Un habitacle simple, mais qui comporte quelques touches intéressantes
L’intérieur profite d’un traitement tout aussi distinctif. Les sièges sport sont exclusifs et plus enveloppants ; ils nous tiennent fermement en place. J’ai bien aimé les autres petites attentions, dont le pédalier métallisé et le volant sport qui se prend bien en main et procure une bonne impression de contrôle. Je n’avais pas l’impression non plus de me retrouver à bord d’une voiture bas de gamme avec la présence de cuir un peu partout et d’appliques en suède avec surpiqûres rouges.
Rien de très complexe dans le cas du tableau de bord, l’instrumentation numérique multifonction met bien en valeur l’imposant compte-tours, un rappel d’une voiture de course. Le système d’infodivertissement passe par un écran tactile de 8 pouces placé au centre du tableau de bord. J’aurais aimé qu’il soit un peu plus large, mais il demeure simple à utiliser. Bonne idée d’avoir conservé une commande de volume classique.
Pour le reste, la voiture offre le même aspect pratique que la Corolla bicorps, son hayon est bien apprécié quand vient le temps de déposer vos objets, mais avec uniquement 504 litres en volume de chargement, elle a le plus petit coffre du lot.
100 chevaux par cylindre
Pour ce qui est de la puissance, la GR Corolla n’est pas en reste par rapport à ses rivales. Son moteur développe une puissance de 300 chevaux et produit un couple de 273 livres-pieds, ce qui se compare à la Honda Civic Type R et à la Volkswagen Golf R qui font toutes deux 315 chevaux. Ce qui est étonnant cependant, c’est que cette puissance est extraite d’un moteur à 3 cylindres turbocompressé de 1,6 litre plutôt que d’un 4-cylindres de 2,0 litres. Le résultat est assez impressionnant, mais je me demande comment cette petite mécanique résistera aux traitements que lui réservent les jeunes amateurs, surtout que son turbocompresseur est poussé assez haut avec ses 25,2 livres/pouce carré de pression. Il faut aussi savoir qu’il faut l’alimenter en carburant super, ce qui occasionne un déboursé supplémentaire à chaque plein par rapport aux autres Corolla
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Sur la route, la voiture ne m’a pas déçu. Dès que j’ai pris le volant, je la sentais agile et maniable, l’ADN typique d’un « hot hatch ». Dans les courbes, la voiture se dirige du bout des doigts et sa suspension gère très bien tout transfert de poids. Elle colle à la route, tellement que je pouvais réaccélérer pour tenter de m’approcher de ses limites. La bonne nouvelle, c’est que son comportement n’est pas punitif en conduite normale, juste les sièges.
Le moteur à 3 cylindres dispose d’une sonorité particulière, elle n’est pas aussi profonde que celle du 4-cylindres de la Golf R. En revanche, la présence sonore est évidente, surtout que l’échappement du centre est ouvert à basse vitesse, se referme au-dessus des 30 kilomètres/heure pour rouvrir quand je faisais grimper la révolution au-dessus des 4 500 tours/minute. C’est d’ailleurs à régime plus élevé que le 3-cylindres libère sa fougue, et c’est là que la voiture prend vie, il faut pousser le moteur pour l’apprécier. Il ne manque jamais d’haleine et j’ai été surpris de voir à quel point le couple arrive assez rapidement. En termes de performances, le constructeur mentionne que la GR Corolla peut boucler le 0 à 100 kilomètres/heure tout juste sous les 5 secondes. Je me serai attendu à une consommation réduite, mais j’ai conclu mon essai avec une moyenne de 11,7 litres/100 kilomètres, ce qui est assez élevé.
La boîte de vitesses manuelle est un pur délice ; ses rapports courts, sa précision et la rapidité avec laquelle on peut passer les rapports nous donnent l’impression d’être dans le dernier opus de Rapides et Dangereux.
Autre caractéristique technique intéressante de la GR Corolla, son rouage intégral FR-FOUR qui comprend un réglage de distribution de la force motrice avant/arrière qu’on peut moduler avec une molette. La répartition 60/40 convient à une conduite normale et favorise les roues avant, la 50/50 favorise les performances en toutes conditions, alors que le mode 30/70 permet de laisser libre cours à vos talents en dérapage contrôlé.
Pourquoi avoir attendu si longtemps?
La Toyota GR Corolla 2023 ne m’a pas déçu. Je me demande bien pourquoi Toyota n’a pas introduit cette petite bête avant, elle se serait certainement révélée une arme redoutable afin de combattre le stigma de voitures beiges et ennuyeuses qui ont longtemps été associées à la Corolla. On sait que la Toyota Corolla dispose d’une bonne fiche de fiabilité depuis des années, mais nous allons attendre que ce 3-cylindres fasse ses preuves avant de recommander cette version.
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