Jeep se targe du fait que le Jeep Grand Cherokee 4xe signe le second chapitre de sa « liberté zéro émission. » Comique comme affirmation, surtout qu’il carbure principalement à l’essence. Quoi qu’on en pense, le constructeur reprend intégralement la motorisation hybride rechargeable du Wrangler 4xe et l’incorpore à son VUS intermédiaire à deux rangées de sièges. C’est sur les routes du Texas que nous l’avons découvert dans le cadre de son lancement nord-américain.
VUE D’ENSEMBLE
Il s’agit essentiellement d’une continuité du Grand Cherokee 2022 que nous avons mis à l’essai l’automne dernier. Au chapitre du design, le 4xe fait très peu pour se distinguer de ses confrères à essence si ce n’est sa prise de recharge du côté conducteur ainsi que ses crochets de remorquage et ses écussons bleutés, couleur symbolique des modèles 4xe chez Jeep.
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Personnellement j’apprécie le fait que la version hybride rechargeable ressemble à un Grand Cherokee ordinaire qui, je dois le souligner, s’affiche sous un élégant coup de crayon qui évoque les origines du modèle par ses lignes droites très caractérielles. C’est de bon goût.
Ce modèle est offert en cinq déclinaisons : 4xe, Trailhawk, Overland, Summit et Summit Reserve. Jeep affirme qu’il s’agit du full package de la gamme. C’est, selon le constructeur, ce qui permet de justifier son prix de départ insensé de 77 290 $, y compris les frais de transport et de préparation. Il plafonne à 91 390 $ dans sa déclinaison Summit Reserve. Vous comprendrez pourquoi le 4xe n’est admissible à aucun rabais pour les véhicules électrifiés.
VIE À BORD
Le thème de la discrétion se poursuit dans l’habitacle où le 4xe ne tente pas nécessairement de se démarquer d’un Grand Cherokee uniquement thermique. Tout ce qui permet de reconnaître cette version, ce sont les affichages de l’autonomie électrique et du système hybride, ainsi que les commandes installées à gauche du volant pour alterner entre les modes Hybrid, Electric et e-Save. Cette dernière permet de conserver l’autonomie électrique pour une utilisation ultérieure.
Jeep en profite pour ajouter un petit bouton au-dessus du système multimédia pour activer le freinage régénératif ou la conduite à une pédale.
Étant plus coûteux que les versions ordinaires du Grand Cherokee, le 4xe est déjà très bien équipé de série. Par exemple, son système multimédia Uconnect 5 vient automatiquement avec l’écran de 10,1 pouces (au lieu de 8,4 pouces), tandis que les places arrière reçoivent elles aussi une paire d’écrans de 10,25 pouces. Tout comme ses confrères, le 4xe peut être équipé de sièges en cuir véritable y compris des fonctions vibromassantes, une chaîne audio McIntosh et, même, un autre écran installé devant le siège du passager.

La qualité d’assemblage d’un Grand Cherokee est satisfaisante sans être excellente. Du moins, pas pour le prix exigé. Il s’agit toutefois d’un habitacle confortable, silencieux et dont le design se démarque par son élégance et son approche purement américaine. J’ai apprécié les boiseries et les sièges en cuir avec surpiqûres des déclinaisons Summit et Summit Reserve.
Fidèle aux récents modèles de Jeep, un affichage entièrement numérique permet au conducteur de personnaliser l’information. Le système multimédia permet lui aussi de personnaliser les icônes affichées et leur emplacement. Ce système fonctionne rapidement et avec fluidité, mais je continue de lui reprocher d’être très chargé en information qui devient parfois plus intrusive que pratique.
Enfin, quand on rabat le dossier des sièges arrière, on se retrouve avec le même espace de chargement total que ses confrères, c'est-à-dire jusqu’à 2 005 litres. C’est bien, mais un Kia Sorento PHEV (2 139 litres) et, même, un BMW X5 xDrive45e (2 047 litres) sont plus polyvalents.

TECHNIQUE
Au lieu de cacher un V6 ou un V8 sous son capot, le Grand Cherokee 4xe renferme un 4-cylindres turbocompressé de 2,0 litres. Ce bloc est ensuite jumelé à deux moteurs électriques, un qui agit à titre de générateur pour démarrer le moteur thermique et faire tourner les accessoires, et l’autre qui est installé à même la boîte de vitesses automatique à 8 rapports.
Une batterie, dont la capacité est chiffrée à 17,3 kilowattheures, repose sous le plancher du véhicule. Elle permet une autonomie électrique de 40 kilomètres. Au total, cette motorisation développe une puissance combinée de 375 chevaux et produit un couple de 470 livres-pieds.
Tous les Grand Cherokee 4xe viennent de série avec une transmission intégrale. La capacité de remorquage maximale s’affiche à 2 721 kilos (6 000 livres).

AU VOLANT
Notre période d’essai a commencé au centre-ville d’Austin où on nous demandait de rouler jusqu’à la campagne texane pour compléter des épreuves en hors-route. Cette section du trajet s’est principalement faite en électrique où nous avons facilement réussi à parcourir les 40 kilomètres qu’annonce le constructeur. Sur ce mode, le Grand Cherokee 4xe est doux, silencieux et son freinage régénératif se révèle efficace, surtout lors des descentes.
Lorsqu’il roulait sur l’essence, notre Jeep a enregistré une moyenne de consommation de 9,6 litres/100 kilomètres, un chiffre totalement décent compte tenu du poids et de la taille du véhicule. J’ai toutefois été déçu des transitions entre les motorisations. Il manque en fait d’harmonie à ce chapitre; il était fréquent d’entendre des bruits curieux provenant de la boîte de vitesses. Cela dit, cette boîte continue d’impressionner par son rendement et ses temps de réaction.
Tout s’est terminé dans des sentiers rocailleux où des instructeurs nous aidaient à franchir des obstacles plutôt intenses. C’est là qu’on a constaté à quel point le 4xe est tout aussi capable qu’un Grand Cherokee ordinaire. La suspension pneumatique Quadra-Lift, réglable en hauteur (de série sur les déclinaisons Trailhawk, Overland et Summit) permet d’améliorer la garde au sol et ainsi de mieux franchir des obstacles difficiles.
Évidemment, il s’agit de parcours organisés par le constructeur pour mettre le véhicule en valeur. Nous devrons nous-mêmes évaluer ce véhicule durant nos propres essais. Cependant, les capacités hors route de cet hybride rechargeable n’en demeurent pas moins impressionnantes.

CONCLUSION
Avec le prix de l’essence toujours en ascension, il est clair que l’arrivée d’une motorisation électrifiée sein de la gamme du Grand Cherokee lui fait grand bien. L’idée de réduire les frais d’utilisation de ce modèle iconique est en effet très alléchante, et même avec cette mécanique, il ne perd rien en matière de compétences hors route, de confort et de polyvalence.
Ce VUS a toutefois quelques défauts importants qui nous force à rester sur notre appétit. Comme son frère, le Wrangler 4xe, il n’est pas équipé d’une thermopompe. Attendez-vous donc à ce que le moteur thermique s’active par temps froids.
Et bien que nous attendions toujours un an avant de statuer sur une recommandation, le prix élevé du Grand Cherokee 4xe n’a carrément aucun sens. À prix comparable, il est possible d’être propriétaire d’un BMW X5 xDrive45e, un véhicule réellement luxueux, plus polyvalent et dont l’autonomie électrique est même plus élevée (52 kilomètres).