Le segment des VUS intermédiaires de luxe est l’un des plus concurrentiels qui soient. Les acheteurs recherchent le luxe, un style distinctif, un haut niveau d’équipement, beaucoup de raffinement, des options de confort, de la performance et, même, de la fiabilité, si possible. Ce sont tous des éléments que présente le Genesis GV80, surtout dans sa version 3.5 T Prestige. Cependant, même s’il maîtrise une longue liste d’attributs, il lui manque le prestige de l’écusson sur le capot qu’ont les marques allemandes. Au même titre que Lexus, Infiniti et Acura dans les années 1990 et 2000, il faudra un certain temps à Genesis avant d’obtenir une reconnaissance de la part des consommateurs et encore aucun des trois Japonais n’a le prestige des trois Allemands Audi, BMW et Mercedes-Benz.
S’affirmer
Les tout premiers débuts du design ont été laborieux chez Genesis avec le recyclage de la Hyundai Genesis et la première version de la G90. Rapidement, le constructeur a réalisé qu’il faut beaucoup plus d’expression stylistique pour attirer l’attention dans l’univers des véhicules de luxe. Pour se donner les bons outils, la direction confie à un designer de haut talent, SangYup Lee, la responsabilité de dessiner le premier VUS de la marque. Qu’a-t-il fait avant? Les concepts Cadillac Sixteen 2003, Buick Velite 2004, Chevrolet Corvette Stingray 2009 qu’on retrouve dans le film « Transformers : Revenge of the Fallen ». La Chevrolet Camaro 2010 et le Bentley Bentayga 2016 figurent parmi ses designs qui ont atteint la production.
C’est donc de concert avec le légendaire styliste Luke Donckerwolke que SangYup Lee a donné naissance à l’identité de Genesis. Cette dernière se manifeste par des traits généraux très francs qui sculptent fermement la carrosserie. En plus d’une imposante grille de calandre en bouclier à 5 pointes, ce qui distingue la marque, ce sont les deux bandes lumineuses horizontales et parallèles qui forment les phares et les feux. Bien qu’ils soient habituellement de moins en moins bienvenus dans l’industrie, les accents de chrome sur les GV80 ajoutent une touche de raffinement agréable à l’œil sans tomber dans l’excès. Alors que les autres constructeurs multiplient les options de style, ce n’est pas le cas du GV80. La seule distinction pour le modèle de base est la présence de jantes de 20 pouces, alors que tous les autres sont chaussés sur des 22 pouces, comme le modèle à l’essai. Je pense que Genesis aurait tout intérêt à offrir une version plus sportive en apparence pour diversifier son offre.
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Les Japonais oui, pas les Allemands
Si l’extérieur manque de variété, ce n’est pas le cas de l’habitacle. Dès l’ouverture de la portière, on réalise qu’on est en présence d’un produit de luxe, ce qui est surtout vrai dans la version Prestige. En plus d’une sélection de boiseries véritables, on compte, en fonction de la couleur extérieure, sur plusieurs coloris pour la sellerie de cuir. On retrouve du brun, du vert, du beige, du bleu et le traditionnel noir en plus d’aménagements à deux tons. De plus, le cuir vient avec des surpiqûres diamantées similaires à ce qu’on voit notamment chez Bentley.
La présentation générale respire le luxe passablement plus que du côté de Lexus, d’Acura et d’Infiniti. Est-ce aussi raffiné que les Allemands? Non, mais le constructeur ajoute une foule d’accessoires pour augmenter l’impression de prestige à bord. L’un des éléments clés est l’instrumentation tridimensionnelle. Personnellement, j’y vois la notion de spectacle, mais je n’aime pas l’effet visuel qui demande constamment à l’œil des ajustements. Fort heureusement, on peut le mettre en 2 dimensions. Malheureusement, cette présentation est loin d’impressionner et d’être aussi polyvalente que les instrumentations numériques allemandes. Le système multimédia se montre ergonomique et facile à consulter. Sur ce point, on voit le jupon de Hyundai et de Kia dépasser, mais au moins c’est bien fait. Pour une touche de luxe, les commandes de la climatisation sont numériques.
À la console, ça se gâte. Dans la version à l’essai, on retrouve une plaque d’aluminium qui réfléchit les rayons du soleil, donc un aveuglement fréquent. C’est à revoir. De plus, on appose deux molettes : une pour la boîte de vitesses et l’autre pour la gestion du système multimédia. Même si les styles et les tailles ne sont pas les mêmes, elles sont trop près l’une de l’autre pour assurer une utilisation intuitive. Il faut mentionner les multiples réglages des sièges avant qui demeurent insuffisants pour un confort équivalent à la concurrence. De plus, dans la version Prestige, on ajoute le massage « Ergo » pour le conducteur seulement.
À l’arrière, les dégagements sont amples et permettent la présence de trois personnes dans un confort très décent. Il est aussi possible d’opter pour une 3e rangée de sièges à commande électrique moyennant un supplément de 2 000 $. Le coffre propose une capacité de chargement qui varie entre 960 et 2 379 litres, selon la position de la banquette divisible 40/20/40 ; c’est inférieur à ce que propose son principal concurrent, l’Acura MDX.
Des chevaux sud-coréens
Dès le 2e niveau d’équipement du GV80, on propose le V6 turbocompressé de 3,5 litres qui développe une puissance de 375 chevaux et produit un couple de 391 livres-pieds. Le tout passe par une boîte de vitesses automatique à 8 rapports avec mode manuel, tout ce qu’il y a de plus traditionnel. Sur le papier, on frappe fort et on surpasse une bonne partie de la concurrence japonaise en matière de puissance. Toutefois, on réalise vite que les chevaux sud-coréens ne sont pas aussi vifs que ceux des Japonais. On peut citer en exemple le V6 turbocompressé de 3 litres de l’Acura MDX Type S qui développe 20 chevaux de mois, soit 355, mais dont le rendement est nettement supérieur en matière de vélocité et de sensation. Toutefois, même si le 3,5-litres de Genesis est plus puissant, sa consommation est inférieure. À ce chapitre, Genesis a bien effectué son travail puisque, sans trop de ménagement, j’ai conclu mon essai avec une consommation moyenne de 10,4 litres/100 kilomètres. C’est passablement mieux que l’Acura dans des conditions similaires. En comparaison avec la conccurence, je suis critique, mais le rendement général de la mécanique demeure bien adapté au segment.
Sans effort, le GV80 offre un comportement routier plus dynamique que les Lexus RX et Infiniti QX60. Toutefois, si l’on compare avec l’Acura MDX Type S, moins puissant et au même prix, on se rend compte que le Genesis arrive un peu à court. Bien que les suspensions du GV80 soient bien calibrées, elles n’offrent pas du tout les mêmes possibilités de réglage et de dynamisme que l’Acura. Même son de cloche pour la direction. Bien que le GV80 soit agréable à conduire, il vise d’abord et avant tout le confort. Pour la satisfaction derrière le volant, le GV80 se place au-dessus des Lexus et Infiniti pour la conduite, mais loin derrière l’Acura.
Conclusion
Soyons francs, le Genesis GV80 n’apporte rien de nouveau au segment. Pas de technologie d’électrification ou d’innovations qui changeront le monde de l’automobile. Son rendement général n’est pas mauvais, mais ne s’approche pas du sommet imposé par la concurrence allemande ou par Acura. Le GV80 se construit un nom, il faudra être patient. Toutefois, avec une fiabilité décente pour le moment, un service singulier orienté vers le client et une garantie enviable face à la concurrence, le GV80 n’est pas dépourvu d’intérêt. Nous recommandons le produit, mais il faut être conscient que les concurrents, pour la plupart, le surpassent.
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