Oui, c’est encore et toujours la même chanson. Cadillac tente de se réinventer depuis plus de 20 ans, avec un succès plutôt mitigé. La marque de luxe américaine a misé d’abord sur les berlines, mais redouble d’efforts pour maintenir son portefeuille de VUS à flot, pour finalement n’offrir que des modèles électriques à compter de 2030.
Mais, s’il y a une catégorie dans laquelle Cadillac n’entend pas à rire, c’est bel et bien celle des voitures sport de haute performance. Et l’essai de la Cadillac CT4-V Blackwing me l’a encore une fois prouvé.

La fibre de carbone
Il y a plusieurs années, Cadillac a lancé l’ATS, cette berline pratiquement sous-compacte qui n’a pas eu de réel succès sur notre marché. Au tournant de 2019, elle a été remplacée par la CT4, qui était en quelque sorte une version retravaillée et renommée de celle qu’on connaissait déjà. Les lignes sont, à mon avis, plutôt fades et semblent avoir été faites sur un coin de table à la dernière minute. Mais la bonne nouvelle est que l’édition Blackwing lui replace un peu le portrait.
Les ailes sont plus larges, ce qui donne l’impression que la voiture est plus racée. Les pare-chocs avant et arrière sont aussi plus agressifs, tout comme les jantes de 18 pouces qui sont présentes sous la voiture à l’essai. Ces éléments donnent le ton, mais pas autant que les insertions en fibre de carbone qui parsèment la carrosserie de la voiture testée. L’option vendue au coût de 8000 $ comprend des déviateurs d’air sur le pare-chocs avant, une jupe de bas de caisse et un aileron volumineux, tous en fibre de carbone. Selon les dires du constructeur, ces ajouts améliorent l’aérodynamisme et améliorent l’adhérence de la voiture en augmentant sa pression négative vers la chaussée, sans ajouter du poids, un ennemi redoutable pour une telle bagnole. Entre vous et moi, le prix de cette option est carrément exorbitant pour le bénéfice que vous allez en retirer, surtout si vous ne faites pas de piste.
Même si la gamme de la CT4 commence à moins de 50 000 $, le prix de la version CT4-V Blackwing est plus élevé, performance accrue oblige. La voiture commence donc à 71 824 $, un prix somme toute alléchant pour les performances globales. Hélas, la version testée était fardée d’option, ce qui faisait grimper son prix à plus 91 000 $, ce qui est à mon avis trop cher. Certaines options pourraient être laissées de côté pour maintenir une facture raisonnable, comme ces fameux accents de fibre de carbone.

Habitacle décevant
C’est d’autant plus vrai que l’habitacle de la CT4-V Blackwing n’a rien pour justifier une facture élevée. D’abord, les points positifs. Les sièges (optionnels au coût de 5645 $) sont confortables et maintiennent en place à merveille. Ils sont cintrés à souhait et munis de renforts bien moulés, procurant une position de conduite idéale, même s’ils sont très chers. De plus, le volant se prend bien en main avec son gros boudin et sa finition en suédine. Que dire de l’instrumentation entièrement numérique, qui s’avère carrément spectaculaire avec ses divers modes d’affichage, en plus de l’enregistreur de données de performance qui peut vous indiquer si vous êtes bon ou pas autour d’un circuit. J’ai également savouré la chaine audio AKG à 15 haut-parleurs dont la définition sonore est excellente, en plus d’une bonne dose de basses fréquences. Hélas, ce sont pratiquement tous les autres éléments qui nous laissent en plan.
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Par exemple, l’écran central de 8 pouces qui partage son interface avec les modèles Chevrolet d’il y a quelques années n’a tout simplement plus sa place dans une telle voiture, moderne et de marque Cadillac. C’est d’autant plus frustrant que d’autres modèles de la marque ont un écran de pleine largeur. Par chance, des changements sont à venir pour l’année modèle 2025. De plus, les commandes de climatisation demandent aussi une période d’adaptation, étant donné que tous les boutons sont identiques. L’espace est insuffisant également, particulièrement à l’arrière et dans le coffre (303 litres), où le côté pratique est carrément sacrifié, malgré la configuration berline. Ce sont autant d’éléments qui déçoivent et qui rendent la facture difficile à avaler. Ceci est sans oublier la qualité de l’assemblage qui est plutôt décevante, avec des plastiques rigides et assemblés avec une certaine lâcheté. C’est pour cet aspect que Cadillac est dépassé par les Allemands.

V6 explosif
J’ai néanmoins compris, dès les premiers tours de roue, qu’une grande partie du charme de la voiture était relié à sa mécanique et à son comportement routier. Sous le capot se trouve un moteur V6 de 3,6 litres à double turbocompression, qui donne une puissance totale de 472 chevaux et un couple de 445 livres-pieds. Ce moteur est jumelé, dans l’exemplaire à l’essai, à une boîte manuelle à six rapports à synchronisation automatique du régime moteur qui transmet la puissance aux roues arrière par un différentiel à glissement limité. Une boîte automatique à 10 rapports est aussi proposée.
Ce moteur ne manque jamais de cœur au ventre. La puissance et le couple disponibles sont légion, même à bas régime, où une remise des gaz provoque un grondement qui se transforme graduellement en miaulement féroce à mesure que le régime moteur monte. La boîte manuelle est vraiment facile à manipuler, bien qu’elle soit assez longue dans son étagement. On se ramasse facilement à atteindre plus de 60 km/h au premier rapport. Malgré tout, la voiture est facile à piloter en raison de la bonne puissance, même à bas régime.
Cette motorisation n’est que la pointe de ce qu’est une CT4-V Blackwing. J’ai surtout été ravi par la finesse de son comportement routier, qui est facile à apprivoiser puisqu’il transmet beaucoup de sensations au conducteur. La suspension Magnetic Ride est ferme, sans être sèche, tandis que la direction est d’une précision remarquable. On se sent constamment en contact avec la route, ce qui se traduit par la sensation d’être en plein contrôle de la voiture, même sur des routes défoncées et même à vive allure. La voiture répond au doigt et à l’œil, et c’est un réel plaisir d’avaler les kilomètres avec elle. Et quand vient le temps d’arrêter, les freins ne lâchent jamais. À mon sens, cette Cadillac est supérieure, sur le plan du comportement routier, à ce qui se fait de mieux chez les constructeurs allemands, ce qui n’est pas peu dire.
La consommation de carburant enregistrée au terme de ma semaine d’essai a été de 11,0 litres/100 kilomètres, pour environ 660 kilomètres de déplacement. Manifestement, la vocation de cette berline n’est pas d’économiser l’énergie.

Un modèle d’exception
La Cadillac CT4-V Blackwing n’est certainement pas à négliger, malgré le fait que la marque sous laquelle elle est commercialisée peut en rebuter quelques-uns. Ses performances sont à même de rivaliser avec les meilleures berlines du genre. Elle est cependant laissée de côté par son habitacle qui a besoin d’un sérieux coup de jeunesse.
Malgré tout, la CT4-V Blackwing est un modèle que nous recommandons en ce qui concerne la fiabilité. De plus, elle risque de garder une très bonne valeur compte tenu de sa rareté et de ses compétences globales.
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