Avant que nous prenions le volant des Cadillac CT4 et CT5-V Blackwing sur le circuit de Mosport, le constructeur a été très direct : ces bagnoles représentent la fin d’une époque avant de passer à l’électrique. Comme dans un spectacle de rock’n’roll, il s’agit de la finale qui s’assure de faire le maximum de bruit avant de quitter la scène.
« Dégustez-les, appréciez-les et, surtout, conduisez-les comme il se doit » - nous a dit le représentant de Cadillac. C’est exactement ce que nous avons fait.
Pour en arriver à l’édition Blackwing, plusieurs renforts structurels ont été apportés à la Cadillac CT4 pour la rendre plus rigide et plus précise sur circuit. Des éléments aérodynamiques, comme des volets actifs installés dans le pare-chocs avant, et l’aileron du type « Gurney » permettent de produire davantage d’appui à haute vitesse. Selon le constructeur, il s’agit du véhicule Cadillac qui affiche l’appui aérodynamique le plus élevé de l’histoire.
De série, la CT4-V Blackwing, tout comme sa grande sœur, est équipée d’amortisseurs adaptatifs Magnetic Ride 4,0 qui poussent la précision encore plus loin grâce à l’ajout d’accéléromètres plus performants, une amélioration dans le fluide interne et une reprogrammation du logiciel responsable de gérer le débattement.
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Sous le capot, on trouve un V6 biturbo de 3,6 litres qui développe une puissance de 472 chevaux et produit un couple de 445 livres-pieds. Il peut être jumelé à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports – oui, une boîte manuelle -, ou à une automatique à 10 rapports. Toutes les CT4-V Blackwing sont des propulsions. Le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure, selon le constructeur, est bouclé en 3,9 secondes. La vitesse de pointe est chiffrée à 304 kilomètres/heure.
Impressions sur piste
Sur les deux circuits de Mosport, la CT4 s’est de loin montrée la plus joueuse en raison de son gabarit plus compact et de sa légèreté. Bien que sa mécanique ne fasse pas preuve de la même brutalité ni de la même précision que celle de sa grande sœur, il s’agit néanmoins d’un petit démon enragé qui livre des sensations fortes tout en nous permettant d’exploiter ses performances au maximum en toute confiance.
La boîte de vitesses manuelle fonctionne avec une précision remarquable, et l’embrayage mord fort, tandis que l’automatique répondait rapidement à mes commandes, mais quelques délais de réaction ont été observés à plein fouet sur la piste. La CT4 s’est également montrée beaucoup moins docile en raison de sa volonté de faire valser son train arrière. Il faut être alerte, car cette petite bombe peut nous surprendre. La sonorité du V6 est bien, mais j’ai entendu mieux de la part de certains concurrents européens.
CT5-V Blackwing
Elle est la plus viscérale du duo et la berline Cadillac la plus puissante jamais produite à ce jour. Dotée d’éléments structurels et aérodynamiques semblables à sa petite sœur, la CT5-V Blackwing élève la barre en ajoutant l’option d’ensembles aérodynamiques en fibre de carbone qui permettent à la fois d’améliorer son appui à haute vitesse, mais aussi d’alléger sa masse nette.
Assemblée sur l’architecture Alpha qui supportait l’ancienne Cadillac CTS-V et équipée des mêmes amortisseurs que ceux de la CT4-V Blackwing, la CT5-V est alimentée par le même moteur que sa devancière, mais il comporte plusieurs modifications, comme un système d’admission d’air reconfiguré et un échappement repensé pour le rendre encore plus performant.
Il s’agit d’un V8 suralimenté de 6,2 litres dont la puissance est de 668 chevaux, et le couple, de 659 livres-pieds, soit une amélioration de 28 chevaux et de 29 livres-pieds. Oui, comme la CT4, ce bolide peut être jumelé à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports ou à une automatique à 10 rapports. Un ensemble de freins en carbone-céramique de 400 millimètres sur 38 à l’avant et de 370 millimètres sur 34 à l’arrière s’offre en option.
Toute cette cavalerie permet à la CT5-V Blackwing de boucler le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 3,4 secondes, de franchir le quart-de-mille en 11,3 secondes (à 208 kilomètres/heure) et d’atteindre une vitesse de pointe de 322 kilomètres/heure.
Impressions sur piste
J’avoue avoir eu des frissons au moment d’enfoncer la pédale d’embrayage au volant d’un monstre de plus de 600 chevaux. C’était la première fois que je maitrisais un véhicule avec autant de puissance acheminée vers le train arrière avec les trois pédales.
Mais à ma grande surprise, la CT5-V Blackwing n’était aucunement intimidante sur le grand circuit de Mosport. Au contraire, elle nous permet de nous approcher de ses limites en pleine confiance, grâce à ses appuis aérodynamiques, à sa suspension à la fine pointe et à ses énormes pneus Michelin Pilot Sport 4S qui s’agrippaient à la chaussée par une chaleur torride en pleine canicule.
Ce qui m’a le plus marqué de cette berline, c’est son degré de précision dans les virages, mais aussi la rapidité à laquelle son moteur réagit quand on enfonce la pédale d’accélérateur. Jamais on n’a l’impression qu’il peut s’agir d’un moteur suralimenté. On a plutôt l’impression de conduire un moteur du type atmosphérique tellement il répond vite et chante lorsqu’il grimpe dans les tours. Parlant de chanter, il était totalement enivrant d’entendre son colossal moteur V8 raisonner entre les murets de béton de la ligne d’arrivée de Mosport !
La boîte de vitesses manuelle, identique à celle de sa petite sœur, s’est révélée très agréable et, surtout, efficace sur le circuit. L’énorme couple que déballe ce moteur à bas régime me permettait de traverser les épingles sur le troisième rapport, sans devoir rétrograder. Quand on enfonce l’accélérateur, une forte pression s’exerce sur notre poitrine, et tout devient rapidement flou. Sur la ligne droite du circuit, j’ai atteint une vitesse de pointe de 220 kilomètres/heure. Si l’instructeur devant moi m’avait laissé le dépasser, je suis certain que j’aurais pu atteindre 250 kilomètres/heure sans trop d’efforts.
Bien entendu, toute cette euphorie m’empêchait de voir clair et de bien analyser le véhicule pour sa vocation quotidienne. Nous devrons essayer ce véhicule sur la route pendant quelques jours afin d’en brosser un portrait global et nous prononcer sur une recommandation.
Pour ce qui est de satisfaire les puristes, les Cadillac CT4 et CT5-V Blackwing ont tout pour plaire ; même qu’à un prix de départ de 65 098 $ pour une CT4 et de 87 798 $ pour une CT5, on parle d’aubaines en matière de performance.
Pour le maximum de sensations fortes, je vous suggère d’opter pour la boîte de vitesses manuelle. D’ailleurs, les commandes pour cette version sont déjà bien remplies. Il est certain que la valeur de revente des exemplaires à « bâton » ne fera que grimper à l’avenir.