Le segment des voitures sous-compactes de luxe continue d’être bien garnie en modèles intéressants. Certains d’entre eux proposent même des versions sportives plutôt charmantes. On pense à l’Audi S3, à la BMW M240i ou, encore, à la Mercedes-AMG CLA 35. On pourrait même inclure l’Acura Integra A-Spec équipée de la boîte de vitesses manuelle dans ce lot.
Ces petites voitures ont toutes quelque chose en commun. Elles tentent d’attirer les jeunes consommateurs à la marque pour les fidéliser et leur vendre un jour un modèle plus coûteux. Mais qu’en est-il du consommateur qui désire se démarquer ? Il pourrait acheter une Cadillac CT4-V, sans doute la voiture la plus méconnue de la catégorie. Pourtant, un essai d’une semaine m’a permis d’en déduire qu’elle mériterait d’être plus appréciée.
La vraie fausse V
Depuis quelques années, Cadillac a entièrement revu sa stratégie de commercialisation derrière sa division de performance V. À l’instar des marques allemandes, Cadillac propose maintenant deux catégories de modèles sport. Il y a les V-Sport, comme l’exemplaire à l’essai, qui se situent en milieu de gamme. Pour un peu plus de piquant, Cadillac offre les modèles V Blackwing, dont les réflexes ont été aiguisés pour les circuits de course. Celles-là, ce sont les « vraies » V.
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J’aime beaucoup l’allure de cette petite Cadillac qui emprunte des éléments de design de sa grande sœur, la CT5, qui lui permettent de paraître plus corpulente et plus riche qu’elle ne l’est en réalité. Déclinée en V, elle porte un pare-chocs avant un peu plus sportif avec des accents de carrosserie noirs. Mon exemplaire avait, en prime, des jantes de 18 pouces également noires (695 $). Un subtil becquet installé sur le coffre, quatre tuyaux d’échappement et la célèbre lettre V qui permet de distinguer une CT4-V d’une version ordinaire.
Mon exemplaire se détaillait 55 193 $, ce qui ne constitue pas nécessairement une aubaine face à une Audi S3 ou une Mercedes-AMG CLA 35. C’est tout de même beaucoup moins coûteux qu’une BMW M240i. En matière de prix, la CT4-V est donc dans les mêmes eaux que sa concurrence allemande.
Une mini CT5, avec un peu trop de plastiques bon marché
Si on est grand, monter à bord d’une Cadillac CT4 peut se révéler complexe en raison d’une étroite ouverture des portières et d’un habitacle somme toute clos. Mais une fois assis dans ses sièges sport, on se sent bien maintenu en place, les coussins sont confortables, et la visibilité est bonne, outre cet énorme pilier A qui nous saute au visage.
L’aménagement intérieur d’une CT4 tente de calquer celui d’une CT5 par son écran multimédia qui dépasse de la planche de bord, ses commandes de climatisation du type piano et une console centrale qui incorpore une molette physique pour utiliser le système multimédia. En réalité, toute la partie centrale de la planche de bord est identique à la CT5, à l’exception des deux petits boutons physiques installés sous l’écran multimédia, absents dans cette sous-compacte.
En général, le degré d’ergonomie dans cette berline est réussi, en ce sens qu’on retrouve facilement les commandes, mais dans mon cas, le système multimédia a fait preuve de quelques bogues de lenteur par moment. La qualité de construction est également franchement bonne, mais certains matériaux font bon marché, surtout les plastiques durs dans le bas des portières et autour de la console centrale. Il s’agit vraiment de la Cadillac la moins chère de la gamme, et ça paraît par moment.
À l’arrière, il faut vraiment ne pas être grand et être très souple pour y entrer. Les sièges avant prennent toute la place, ce qui réduit considérablement le dégagement pour les jambes. Le dégagement pour la tête est un peu mieux, mais cet endroit sert plutôt à accommoder des enfants plutôt que des adultes !
Un moteur… de camionnette ?
Pour sa déclinaison V, la CT4 laisse tomber son moteur à 4 cylindres turbocompressé de 2,0 litres et a plutôt recours à un moteur qui réside normalement sous le capot de la camionnette Silverado. Oui, un moteur de camionnette !
Il s’agit du 4-cylindres turbocompressé de 2,7 litres qui alimente également la CT4 Premium Luxury. Toutefois, dans le cas de la V, sa puissance grimpe à 325 chevaux au lieu de 309, et le couple passe de 350 à 380 livres-pieds. Ce moteur est jumelé à une boîte de vitesses automatique à 10 rapports.
Ce qui est intéressant de la CT4-V, c’est qu’elle peut soit être équipée de la propulsion ou de l’intégrale (modèle d’essai) moyennant un supplément de 575 $.
La CT4-V repose sur la même architecture que la CT5, soit la plateforme Alpha de General Motors qui supporte également la Chevrolet Camaro et les anciennes Cadillac ATS et CTS. Des amortisseurs adaptatifs Magnetic Ride sont de série ainsi qu’un différentiel arrière à glissement limité.
Une calibration exemplaire du châssis et de la suspension
Dès le premier virage, on constate à quel point cette plateforme, même si elle prend de l’âge, est réussie sur toute la ligne. GM comprend clairement comment bien calibrer un châssis et des suspensions afin d’améliorer le comportement routier d’un véhicule. La CT4-V est hyper rigide, bien ancrée au sol et ne passe pas par quatre chemins pour transférer sa puissance aux roues.
Tout est d’une précision et d’une efficacité normalement associées aux produits allemands. Voilà à quel point cette berline performe bien dans un virage. Sa direction est précise, l’auto répond rapidement, et les amortisseurs adaptatifs font un excellent travail à s’adapter aux modes de conduite.
Parlant de modes de conduite, la CT4-V est mieux appréciée dans son mode V où tout se raffermit et où ses 4 tuyaux d’échappement se mettent à hurler. Bon, ce hurlement n’est pas très plaisant. Même que je reproche à ce moteur de sérieusement manquer de personnalité et de raffinement. Il hurle, et ça s’arrête pas mal là.
En fait, cette sonorité peut rapidement nous tomber sur les nerfs, car ça bourdonne constamment dans l’habitacle. Le moteur éprouve également un certain délai à la turbocompression, un défaut fâcheux en conduite sportive. Et bien que la boîte de vitesses automatique fonctionne en douceur – honnêtement, les passages de rapports sont presque imperceptibles – elle est lente à réagir. Même dans ses modes les plus sportifs, ou encore sur le mode manuel, elle donne constamment cette impression d’être éloignée du moteur. À ce chapitre, les marques allemandes font mieux.
Toutefois, la livrée de couple de ce moteur à bas régime est phénoménale, et il ne manque jamais de puissance. Ça permet de bien agrémenter ce sublime châssis dans les virages. C’est le cas de le dire, la CT4-V est très amusante à conduire sur une route de campagne.
Pour ce qui est de la consommation de carburant, j’ai réussi à enregistrer une moyenne de 9,4 litres/100 kilomètres. Considérant les performances que livre cette berline, c’est franchement acceptable.
Pourquoi si sous-appréciée ?
Si la Cadillac CT4-V est autant sous-appréciée, c’est en raison de l’inconstance de Cadillac dans ce créneau. Par le passé, ce constructeur n’a jamais vraiment réussi à capter le segment des petites berlines de luxe. Disons que les quelques tentatives – Cimarron, Catera – n’ont clairement pas aidé.
On comprendra donc les consommateurs de bouder le constructeur quand il prétend proposer une berline sport capable de se mesurer aux allemandes. C’est d’ailleurs ce qui affecte négativement la valeur de revente de ce modèle.
Toutefois, dans les faits, la Cadillac CT4-V 2022 se positionne très bien dans le segment, même que je la choisirais avant une Mercedes-AMG CLA35 tellement elle tire bien son épingle du jeu. Si Cadillac peut maintenir cette cadence, peut-être se fera-t-elle enfin respecter par les consommateurs ? Il s’agit d’une perle cachée dans son huitre, et RPM la recommande sans hésitation.
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