Ce n’est pas une Ferrari ou une Lamborghini, mais elle fait tout autant tourner les têtes. C’est peut-être parce qu’une Rolls-Royce, c’est spécial et unique. Et dans le cas de la Ghost, son histoire remonte à 115 ans avec la Silver Ghost.
Posséder une Rolls, c’est montrer aux passants qu’on vient d’un autre monde. Personnellement, je préférais l’époque de la grille de calandre en Parthénon comme on le voit sur l’actuelle Phantom VIII. Dans le cas de la Ghost, même si elle reste massive, c’est plus « discret ». Le long capot flanqué de l’intemporelle « Flying Lady » rétractable demeure captivant. Suis-je le seul qui aime encore les ornements de capot ?
Traditionnel ne veut pas dire que les projecteurs fonctionnent à la chandelle ! La Ghost peut remercier les technologies de BMW en matière de lasers et de phares directionnels. Ils éclairent comme un soleil de midi le soir venu. De profil, les détails attirent notre attention. Le moyeu des jantes demeure impassible avec sa pesée lorsque les roues sont en mouvement. Que dire de la ceinture de fenestration tout de chrome servant également de gouttière. Les Rolls-Royce de nouvelle génération adoptent les portes inversées. Comme si l’approche n’était pas déjà spectaculaire, leur fermeture est électrique sur simple pression d’un bouton.
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La ligne du coffre s’inspire que la Phantom VIII, mais de manière plus fluide. Les feux cadrés de chrome avec effet tridimensionnel épousent la courbe des hanches qui sculptent la berline. Rolls-Royce a voulu donner un aspect « Boat Tail » à la Ghost, et ça fonctionne. En se cintrant, tout ce qui se trouve derrière les roues est exposé aux projections qui risquent d’altérer la peinture. Parlant de peinture, elle avait une pelure d’orange bien visible, c’est inacceptable. Par contre, la qualité de l’assemblage frise la perfection.
L’intérieur d’une Rolls-Royce impressionne. À l’image de l’extérieur, c’est très massif, mais dans le cas de la Ghost, c’est moins ostentatoire que les Phantom VIII et Cullinan. La finition et la qualité des matériaux (cuir, chrome et boiserie d’ayous) sont parfaites. Tout est véritable, solide et impeccablement appliqué. Cette Ghost fait honneur à la réputation de la marque.
Ce qui frappe ensuite ce sont les références et les détails historiques. L’instrumentation est 100 % numérique, mais adopte la présentation d’autrefois, notamment avec le cadran Power Reserve. L’interrupteur des phares semble sortir tout droit des années 1930 tout comme le gigantesque volant. Le thème est repris pour les commandes de la climatisation avec ses grosses molettes. J’ADORE ÇA ! Vivement le respect des traditions.
Même si la Ghost honore son héritage, la modernité s’invite. Le système multimédia nous vient directement de chez BMW et se montre efficace. On obtient une multitude de facteurs « wow ». Le ciel étoilé en DEL le soir, la planche de bord devant le passager aussi avec un éclairage singulier, la Spirit of Ecstacy embossée. Partout où l’on pose le regard, on s’émerveille.
Il se passe beaucoup d’action à l’arrière. Après tout, la Ghost, même dans sa version à empattement régulier, demeure une limousine. L’arrière est fardé d’options : sièges climatisés (1 992 $), réfrigérateur (3 463 $), sièges immersifs (10 773 $) et tables à pique-nique (5 499 $). Par conséquent, le confort y est princier.
J’aime la volupté que procure un moteur V12. C’est souple, véloce, et ce 6,75-litres ne fait pas exception. Ajoutez à cela une double turbocompression et vous retrouvez l’une des mécaniques les plus délicates qui soient. Sa douceur ne signifie certainement pas qu’on n’a pas de puissance : 563 chevaux et 627 livres-pieds de couple dès 1 600 tours/minute. C’est instantané à l’effleurement de l’accélérateur. Son mariage avec une boîte de vitesses automatique à 8 rapports frise la perfection. Aucun passage de rapport n’est perceptible. L’apport d’un premier rouage intégral sur une berline Rolls-Royce aide à la répartition du couple. Au compte, le 0 à 100 kilomètres/heure se boucle en 4,8 secondes. Pas mal pour une masse de 2 591 kilos (5 700 livres).
Je me permets une critique. Rolls-Royce trône au sommet de la hiérarchie automobile. Peut-on m’expliquer pourquoi on retrouve encore une motorisation aussi conservatrice. Aucune électrification. Le V12 n’offre rien de plus qu’un moteur électrique ne puisse donner.
Rolls-Royce nous dit que la Ghost est une berline pour être conduite. J’ai des doutes. Avec 100 kilos d’insonorisant, on se retrouve isolé de l’extérieur et des bruits du V12 (on veut l’entendre). Encore une fois, on est dans un autre monde.
La direction offre une grande précision, mais sans sensation ni communication. Il faut souligner que l’apport des 4 roues directionnelles nous permet de pointer la voiture avec une acuité étonnante pour une automobile de cette taille.
Le clou du spectacle : ses suspensions. Évidemment, elles sont pneumatiques, pour ce qui touche l’absorption des bosses à basse fréquence (les grosses). À ce chapitre, elles sont aidées par une caméra qui lit la route devant et qui prépare les amortisseurs pour une suppression optimale. Toutefois, il restait les bosses à haute fréquence, ces petites bosses qui causent des vibrations dans le châssis. Rolls-Royce a trouvé une solution avec un système planaire. Les ingénieurs ont retravaillé les bras supérieurs de la suspension en ajoutant (entre autres) des coussinets qui anéantissent les moindres soubresauts.
Le résultat saisit en matière de confort, mais la conséquence est qu’on perd toute notion d’agrément de conduite. Peu importe la vitesse ou la présence de courbes, elle donne l’impression de flotter sur la route. Rolls-Royce n’offre pas de contrepartie comme un mode sport qui pourrait dynamiser la Ghost.
Il ne faut pas être de ce monde pour ne pas être impressionné par la Rolls-Royce Ghost 2021. La perfection l’effleure sur presque tous les aspects. Par contre, de mon point de vue, j’ai trouvé la conduite trop aseptisée pour en prendre un réel plaisir. Obtient-elle notre recommandation ? Non, et pour plusieurs raisons : première année modèle d’une nouvelle génération, réputation de fiabilité et frais d’entretien pharaoniques. Au-delà de ces considérations et d’un point de vue environnemental, qui a besoin d’un V12 biturbo pour se déplacer ?