Les véhicules électriques sont trop souvent évalués pour leur autonomie, leur efficacité énergétique, leur consommation d’énergie et leur puissance de recharge. On donnera une note négative à un modèle dont la recharge s’effectue moins rapidement qu’un autre ou qui ne réussit pas à parcourir la distance annoncée par le constructeur.
Toutefois, plus nous avançons dans cet univers, plus nous nous rendons enfin compte que d’autres facteurs peuvent permettre à un véhicule électrique de se démarquer.
La Mercedes-Benz EQE 500 2023, à titre d’exemple, est un véhicule dont les caractéristiques techniques n’impressionnent guère par rapport au prix qu’en demande le constructeur. Curieux de savoir si elle se rattrape ailleurs, j’ai cru bon de la mettre à l’essai sur une période d’une semaine.

Civic 2006 à 2011
Au premier coup d’œil, il est difficile de ne pas comparer le style de cette EQE à celui d’une Honda Civic de 8e génération commercialisée chez nous entre 2006 et 2011. Vue de profil et même, de l’avant, il serait difficile de distinguer cette EQE de la berline nippone si ce n’était de l’iconique étoile d’argent. Disons que sa peinture blanc polaire et ses jantes de 19 pouces — de l’équipement de base pour ce modèle — n’aidaient pas son allure généraliste.
Ce style, concocté par Gorden Wagener, aussi controversé qu’il puisse être, est issu de la volonté du constructeur de rendre l’EQE le plus aérodynamique possible. Grand allié des véhicules électriques pour les aider à consommer moins d’énergie et à offrir une autonomie plus longue, le coefficient de traînée (Cx) de l’EQE 500 n’est que de 0,24. Cela lui permet de se classer parmi les voitures les plus aérodynamiques sur le marché.
L’EQE 500 est la plus puissante et la plus chère des EQE avant de passer à l’AMG. Comme il s’agit d’un produit Mercedes-Benz, ça se traduit par une facture salée. Si l’auto affiche un prix de départ de 98 640 $, mon exemplaire, en raison d’une liste d’options bien garnie, se détaillait 124 114 $.

On s’attend au meilleur, rien de moins
Avec une facture aussi élevée, on s’attend donc à ce que l’EQE 500 nous livre le meilleur qui soit en matière de berline intermédiaire de luxe électrique. Son habitacle livre-t-il la marchandise? Oui, mais parfois non. Je m’explique.
Dès qu’on prend place à bord, il est évident qu’il s’agit d’un produit Mercedes-Benz en raison de ses gros sièges en cuir rembourrés. Ils sont confortables, offrent un excellent support lombaire ainsi qu’un excellent maintien latéral et intègrent un système de refroidissement/chauffage de même que des fonctions vibromassantes. La visibilité est bonne, outre dans la lunette en raison de sa forme.
La planche de bord d’une EQE 500 impressionne par sa présentation futuriste et ses deux écrans d’exquise qualité et d’un éclairage ambiant la nuit — entièrement personnalisable — qui nous donne l’impression d’être à l’intérieur d’une boîte de nuit. L’expérience est à ce point impressionnante.

L’exemplaire à l’essai n’était pas équipé de l’interface Hyperscreen du constructeur, c’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas d’une planche de bord entièrement composée d’écrans comme dans l’EQS, mais plutôt d’une tablette de 11,9 pouces installés verticalement au centre de la planche. Elle incorpore la version la plus récente de l’interface MBUX du constructeur.
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En général, il s’agit d’un système attrayant en raison de sa belle qualité graphique et de sa carte de navigation qui intègre la réalité augmentée. Toutefois, ce système est également complexe par moment. Certaines fonctions simples, comme réduire l’intensité de l’éclairage ambiant la nuit, nécessitent de passer par plusieurs menus d’utilisation plus au moins intuitive.

Dans son ensemble, l’habitacle d’une EQE 500 est beau, et les détails de finition, comme le fini en simili mélamine sur la planche de bord ou les buses d’aération métalliques en forme de turbine permettent d’agrémenter le tout. J’ai toutefois été très déçu d’entendre des craquements quand je manipulais certaines sections de la planche de bord et de retrouver du plastique noir lustré dans la console centrale. À ce prix, c’est inacceptable.
Les places arrière d’une EQE sont un peu plus étriquées que dans une Classe E en raison de la forme du toit, mais une fois à bord, une personne de grand gabarit peut néanmoins y trouver confort. Le coffre, quant à lui, propose une capacité de chargement de 430 litres, ce qui demeure concurrentiel pour le segment.

Puissance, couple et autonomie
Pour alimenter une EQE 500, Mercedes-Benz l’a équipée d’une batterie au lithium-ion refroidie par liquide dont la capacité utilisable fait 90,6 kilowattheures. Elle alimente ensuite deux moteurs électriques, ce qui confère à la voiture les 4 roues motrices. Ces deux moteurs développent une puissance totale combinée de 402 chevaux et produisent un couple de 633 livres-pieds.
De telles caractéristiques techniques permettent à cette berline de boucler le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 4,7 secondes. L’autonomie, quant à elle, est chiffrée à 418 kilomètres en fonction des évaluations de Ressources naturelles Canada. Dans une borne rapide compatible, l’EQE 500 peut se ravitailler à une puissance de recharge de 170 kilowatts, ou l’équivalent de 32 minutes pour une recharge de 10 à 80 %. Dans la borne de niveau 2 à la maison, elle tire son énergie à une puissance de 9,6 kilowatts, ce qui se traduit par une durée de 10 heures pour une charge complète.

Douceur et sérénité
Oui, l’EQE 500 est rapide, mais ce n’est pas ce qu’on retient quand on la conduit sportivement. C’est plutôt sa douceur de roulement, l’excellent niveau d’insonorisation de son habitacle et l’efficacité de ses suspensions sur nos routes abîmées.
Même qu’on ressent que les ingénieurs de Mercedes-Benz se sont assurés que sa livrée de puissance et de couple soit la plus décontractée possible. L’EQE 500 déploie donc ses performances de manière linéaire et non avec le même degré de brutalité que d’autres modèles électriques de performance, la Tesla Model 3 Performance ou le Kia EV6 GT, notamment.
C’est le même son de cloche du côté de la tenue de route où cette lourde berline, dont la masse nette s’élève à plus de 2 300 kilos (5 200 livres), demeure toujours en équilibre entre la sportivité et le confort. Certes, en raison de ses 4 roues directionnelles, l’EQE 500 sillonne une route de campagne avec grâce, mais toute tentative de la conduire comme une berline sport vous fera ressentir le transfert de poids et la maladresse de sa structure quand on la pousse à ses limites.

Voyez plutôt l’EQE 500 comme une berline de luxe électrique capable de s’évader rapidement, plutôt qu’une véritable option de performance dans la gamme. À ce compte, une version AMG — que j’ai eu la chance de conduire dans les Alpes françaises — saura vous satisfaire.
Au retour d’une conduite plus décontractée, j’ai été heureux de découvrir que, contrairement à une EQS, l’EQE nous permet de la conduire à une pédale grâce à ses sélecteurs au volant qui nous permettent de moduler l’intensité du système de freinage régénératif. Ce système a toutefois un comportement étrange en ce sens qu’il fait bouger la pédale des freins ou, pire, la solidifie au point de la rendre presque inutilisable par moments. C’est vraiment déstabilisant comme sensation.
Pour ce qui est de ma consommation, j’ai terminé mon essai d’un peu moins de 950 kilomètres à une moyenne de 20,9 kilowattheures/100 kilomètres. Ça se traduit par une autonomie théorique de 433 kilomètres, ce qui est mieux que les promesses du constructeur.

L’expérience Mercedes-Benz est préservée, mais la technologie doit suivre
Il est évident que la Mercedes-Benz EQE 500 vous en met vraiment plein la vue. En ce qui a trait au confort et à l’expérience à bord, la douceur de roulement et la qualité globale du produit, elle reste fidèle aux promesses du constructeur.
Je lui reproche toutefois de traîner de la patte face à des modèles nettement moins chers en matière d’autonomie, de consommation d’énergie et de puissance de recharge. Dans cette gamme de prix, une Mercedes-Benz se doit d’offrir le meilleur ou rien, comme le suggère son slogan. À ce compte, l’EQE 500 m’a déçu.
Puisque toute la gamme de la Mercedes-Benz EQE en est encore à l’étape d’évaluation par notre équipe de journalistes, nous préférons encore attendre avant de nous prononcer sur une recommandation.
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