Mercedes-Benz prend l’électrification très au sérieux. Depuis l’arrivée de cette limousine EQS, le constructeur a entamé toute une offensive électrique par l’entremise de sa famille de véhicules EQ. Nous avons conduit la berline intermédiaire EQE dans sa version AMG au début de l’été – un modèle prévu chez nous l’an prochain – et, tout récemment, nous avons eu notre premier contact avec le EQS SUV. Et le mois prochain, le constructeur allemand compte lever le voile sur le prochain chapitre électrique avec le EQE SUV.
En effet, le célèbre constructeur de Stuttgart fonce à vive allure dans l’électrique. Mais rien de tout cela n’aurait été possible sans l’EQS. Captivé par ce modèle fort intrigant, je l’ai mis à l’essai sur une période d’une semaine.
Érodée comme un caillou
Au premier coup d’œil, le design de l’EQS présente des traits de poisson. Tout en rondeurs, lisse et profilée, cette grande berline affiche des proportions étranges, mais qui, pour une raison qui m’échappe, réussit tout de même à rester belle et élégante.
C’est sans doute parce que son apparence n’a rien d’une coïncidence. Comme un caillou érodé par l’océan au fil du temps, l’EQS fend l’air grâce à son aérodynamisme. Comme elle affiche un coefficient de traînée (Cx) de 0,20 seulement, elle se présente d’ailleurs comme la voiture la plus aérodynamique sur le marché.
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Mais si le design de cette Mercedes-Benz ne fait rien pour attirer les regards, l’ensemble Night Package (5 000 $) n’aidait certainement pas à la faire ressortir du lot. Personnellement, j’aurais apprécié un peu plus de caractère dans ce design, surtout du côté des parties avant et arrière, pour permettre à la voiture de s’affirmer vraiment comme le modèle porte-étendard électrique de Mercedes-Benz. Personne ne savait que je conduisais l’un des véhicules les plus importants de l’histoire du constructeur.
Fidèle à ses habitudes en matière de prix, Mercedes-Benz ne fait pas de cadeau à sa clientèle potentielle. Il s’agit après tout d’une limousine de grand luxe qui remplacera éventuellement la Classe S au sommet de la gamme du constructeur. Mercedes-Benz en demande donc la somme de 146 500 $. Mon exemplaire coûtait 162 150 $.
Un habitacle au signe des temps
Si L’EQS présente une allure sobre et discrète, son habitacle fait totalement le contraire. Cette limousine nous accueille dans un salon hautement technologique et ô combien luxueux. Mon exemplaire avait un habitacle recouvert de cuir blanc et des boiseries apposées dans la console centrale et l’intérieur des portières.
Ce ne serait dans doute pas mon premier choix en raison de sa nature salissante, mais j’avoue que cet agencement de couleurs donnait une allure classe à ma berline.
Mercedes-Benz ne néglige rien en termes de qualité de construction et de finition dans cet habitacle. Tout est bien assemblé, les matériaux affichent une qualité exceptionnelle, et on sent que ce véhicule a été conçu pour durer. À l’avant, accentués par des fonctions vibromassantes et un coussin dans l’appui-tête, les gros sièges en cuir rembourrés sont d’un confort suprême.
La planche de bord épate par l’interface multimédia MBUX Hyperscreen qui s’étend d’un côté à l’autre de l’habitacle. Il s’agit, en réalité, de trois écrans cachés derrière une seule vitrine. On y trouve une instrumentation entièrement personnalisable en plusieurs thématiques, un système multimédia avec carte de navigation au centre et, même, un écran pour le passager. Celui-ci permet de manipuler certaines fonctionnalités du véhicule comme la climatisation, l’audio et la navigation, ou, encore, d’y afficher un fond d’écran.
Bien qu’intense à la première utilisation, ce système s’apprivoise très rapidement. J’ai particulièrement apprécié la fonction Zéro couche qui permet de manipuler les applications du système tout en demeurant dans le menu principal. Ça allège l’expérience utilisateur et ça réduit les distractions au volant.
Même si l’EQS est une grande berline, ses places arrière ne procurent pas le degré de confort attendu. C’est surtout au chapitre du dégagement pour la tête que cette voiture souffre en raison de sa ligne de toit fuyante. Je n’ai toutefois rien à redire sur le dégagement pour les jambes, mais le manque d’équipements est décevant, compte tenu du prix élevé.
Prête pour les longs trajets
Sous la carrosserie profilée de l’EQS 580 réside une batterie dont la capacité utilisable se chiffre à 107,8 kilowattheures. Elle permet d’alimenter deux moteurs électriques – un sur chaque train – pour une puissance totale combinée de 516 chevaux et un couple de 631 livres-pieds. L’EQS 580 reçoit donc la transmission intégrale et la technologie des roues arrière directionnelles.
Dans cette configuration, qui est la seule actuellement proposée sur notre marché, l’EQS promet une autonomie de 547 kilomètres selon Ressources naturelles Canada. Le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure s’effectuerait en 3,7 secondes seulement, selon les dires du constructeur. Dans une borne rapide compatible, cette voiture affiche une vitesse de recharge de 200 kilowatts, tandis que le chargeur embarqué est de 9,6 kilowatts.
Paisible, efficace mais un peu maladroite
Rectifions immédiatement les faits : dans cette gamme de prix, il existe de grandes berlines électriques bien plus performantes et flamboyantes. Je pense entre autres à la Tesla Model S Plaid ou, encore, à la Lucid Air. Dans une course d’accélération, l’EQS se ferait donc complètement démolir par ces deux modèles. Si les performances font partie de vos priorités dans ce créneau, je vous suggère d’aller voir ailleurs.
C’est plutôt l’expérience globale de l’EQS qui m’a charmé. Dès les premiers tours de roues, il est difficile d’ignorer le niveau de qualité de ce véhicule. L’EQS est silencieuse comme un monastère, et ce, peu importe la surface sur laquelle elle roule. Jamais son habitacle n’a émis de craquements ou de bruits de caisse tout au long de mon essai.
Sa structure hyper solide étonne, tout comme la douceur de ses suspensions sur nos routes abîmées. Cette auto nous isole du bruit et du stress de la vie extérieure, une qualité qui cadre très bien avec son serment de grand luxe.
Bien que moins véloce que ses principales concurrentes, l’EQS demeure néanmoins très rapide, surtout au décollage où elle vous écrase instantanément dans votre siège. Cette vélocité ne lâche pas jusqu’à ce que vous franchissiez le maximum des limites de vitesse annoncées. Bref, ça avance !
Dans les virages, la rigidité structurelle de ce salon, jumelé à une batterie installée très bas dans le véhicule et aux roues arrière directionnelles, permettent à l’EQS de présenter une stabilité et une précision remarquables. La direction répond rapidement, et cette grosse berline réagit à nos commandes sans délai.
Cela dit, elle ne met pas beaucoup de temps pour nous révéler sa corpulente masse nette de 2 634 kilos (5 806 livres). Tout est accentué par des suspensions molles, ce qui confère à l’auto une maladresse déplaisante quand on s’approche trop de ses limites d’adhérence.
Mon autre reproche va à la sensation dans la pédale de frein. Elle est spongieuse au point de donner l’impression d’enfoncer une grosse éponge. C’est d’autant plus frustrant de constater que cette même pédale bouge quand on active le freinage régénératif, une caractéristique étrange qui nous oblige à toujours chasser la pédale, ce qui mène à une déconnexion avec la mécanique. J’ajoute que ce freinage régénératif ne permet même pas d’immobiliser le véhicule entièrement, un non-sens dans cette gamme de prix.
Pour la consommation, une période d’essai durant une chaude semaine du mois d’août m’a permis de faire un peu mieux que mes collègues lors de leur essai à l’émission RPM. Là où ils ont enregistré une consommation de 21,8 kilowattheures/100 kilomètres, j’ai réussi à m’en sortir à 19,7 kilowattheures/100 kilomètres en moyenne durant un trajet aller-retour de 210 kilomètres entre Magog et Chambly. Ça correspond précisément à l’autonomie de 547 kilomètres annoncée par le constructeur.
Une première tentative réussie
Outre ses quelques défauts et le fait qu’elle se trouve face à de nouveaux concurrents plutôt féroces, la Mercedes-Benz EQS 580 2022 n’en demeure pas moins impressionnante. Comme première tentative dans l’électrique, Mercedes-Benz débarque avec un produit bien construit, performant et technologiquement splendide, tout en préservant sa réputation de grand luxe, de confort et de qualité.
Il nous reste maintenant à observer son bilan de fiabilité pour statuer sur une recommandation. Nous vous revenons sous peu avec nos analyses.
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