Pour effectuer la transition vers l’électrification, certains constructeurs, comme Ford avec le Mustang Mach-E, continueront à faire vivre d’anciens noms commercialisés sous de nouvelles formes. D’autres, comme Mercedes-Benz, iront plutôt vers l’inauguration de nouveaux modèles. Si l’EQE n’est, pour le moment, qu’une autre berline électrique au sein de la gamme du constructeur, soyez sans crainte, elle finira par remplacer la Classe E.
Nous l’avons mise à l’essai dans sa déclinaison AMG en France durant son lancement international.
Pourquoi ne pas commencer par la plus cool ?
Dans les faits, Mercedes-Benz n’avait que la version AMG de l’EQE à nous faire essayer. Visiblement, le constructeur voulait faire du bruit lors de ce lancement et aussi nous faire entrevoir l’avenir des véhicules de haute performance d’Affalterbach. Toute la gamme EQE arrivera sur notre marché vers la fin de l’année à titre de modèles 2023. L’AMG que vous voyez ici arrivera un peu plus tard pour l’année modèle 2024. Ses prix seront annoncés quelques semaines avant sa mise en marché.
Tout comme sa grande sœur, l’EQS, cette berline intermédiaire affiche des lignes fluides et une thématique de design organique. C’est vraiment une EQS qui semble avoir rapetissé au lavage. Cette rondeur a pour objectif de réduire le coefficient de traînée (Cx) afin d’améliorer l’autonomie. Si l’EQS affiche le plus bas Cx de l’industrie à 0,20, l’EQE n’est pas loin derrière à 0,22.
Cette approche de fendre l’air détonne toutefois des autres produits du constructeur. Si une Classe E demeure une berline d’apparence sobre et élégante, l’EQE paraît futuriste et, à la limite, presque japonaise. J’avoue qu’elle a de drôles de proportions, surtout quand on la regarde de profil. Toutefois, vêtue de ses atours AMG avec ses énormes jantes de 20 pouces, ses énormes étriers de frein et sa grille de calandre propre aux véhicules AMG, l’EQE a fière allure, surtout peinte en gris graphite Magno (mat).
Bienvenue dans le futur !
L’habitacle d’une EQE est semblable à celui de l’EQS, en ce sens qu’on a vraiment l’impression de voyager vers le futur !
Cette impression est créée par la planche de bord MBUX Hyperscreen entièrement composée d’écrans. Il faut s’y habituer, et, au premier coup d’œil, c’est intense. Je n’ai pas conduit l’auto assez longtemps pour tout apprivoiser, mais les commandes de base, comme la navigation ou, encore, changer de chaîne de radio m’ont paru très faciles à saisir.
Parlant du système de navigation, celui-ci incorpore la réalité augmentée, c'est-à-dire que des animations, comme des flèches en temps réel, s’ajoutent à ce qu’observe la caméra frontale, ce qui facilite la navigation. Tout s’affiche par l’entremise du système multimédia ou de l’affichage tête haute. Dans les petites rues de Colmar où Mercedes-Benz tenait l’événement, une telle technologie s’est montrée pratique et efficace.
L’assise du siège du conducteur d’une EQE est confortable et procure un maintien latéral et un soutien lombaire de très bonne qualité. Le siège est également bien adapté aux conducteurs de plus grands gabarits. Je lui reproche toutefois d’être installé trop haut dans l’habitacle, ce qui accentue l’effet imposant de l’énorme planche de bord qui, elle aussi, est installée plus haut que dans une voiture à moteur thermique ordinaire. On a donc cette étrange sensation d’être envahi par la technologie.
Pour ce qui est de la visibilité, elle est correcte, sans plus. Les énormes piliers A, étirés vers l’extrémité d’un pare-brise incliné, obstruent une partie de la visibilité latérale. À l’arrière, la haute ceinture de fenestration cache une partie de la lunette.
Enfin, l’accès à l’arrière d’une EQE est facile grâce à des portières à grande ouverture ; une fois à bord, on constate un énorme dégagement pour la tête et les jambes. J’avais vraiment l’impression de m’installer dans un grand bassin d’espace tellement c’est spacieux. Tout comme à l’avant, le confort général des sièges est de mise.
Hélas, même si elle est électrique, l’EQE ne fait pas preuve d’un espace de rangement nécessairement concurrentiel. L’absence d’un coffre avant n’aide certainement pas. À l’arrière, cette berline à hayon ne propose que 430 litres d’espace de chargement. Au moment d’écrire ces lignes, Mercedes-Benz n’avait pas les chiffres avec le dossier des sièges abaissé.
Une option de surpuissance avec ça ?
Sous l’organique silhouette d’une AMG EQE se cache une batterie au lithium-ion refroidie par liquide dont la capacité est chiffrée à 90,6 kilowattheures utilisables. Un tandem de moteurs électriques – un installé sur chaque train – assure les quatre roues motrices. Au total, ces moteurs développent une puissance de 460 kilowatts (617 chevaux) et produisent un couple complètement démentiel de 700 livres-pieds.
Comme si ce n’était pas suffisant, Mercedes-AMG offre en option un ensemble AMG Dynamic Plus qui rehausse la puissance à 677 chevaux et le couple à 738 livres-pieds. Une telle cavalerie permettra à l’AMG EQE de boucler le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 3,3 secondes seulement (3,5 secondes dans sa version ordinaire) et d’atteindre une vitesse de pointe de 240 kilomètres/heure (220 kilomètres/heure pour la version ordinaire).
L’autonomie, selon le protocole européen WLTP, est estimée à 518 kilomètres, un chiffre timide considérant à quel point ce protocole est généreux. Lorsque l’AMG EQE aura été soumise aux évaluations de l’EPA, nous pourrions nous attendre à une autonomie oscillant autour des 440 kilomètres.
C’est le même son de cloche pour la faible puissance de recharge de 170 kilowatts dans une borne rapide. L’EQE se fait donc détrôner par la Porsche Taycan et, même, par la Hyundai IONIQ 5.
Afin de compenser pour un poids à vide de 2 525 kilos (5 567 livres), les ingénieurs d’AMG ont cru bon d’installer un système à 4 roues directionnelles. À leur avis, un tel système se révèle nettement plus efficace qu’un système de vectorisation du couple. Une suspension réglable pneumatique AMG Ride Control+ est également de la partie.
Oubliez le moteur thermique
Quand on met en marche une AMG EQE, tout le véhicule s’active et livre une sonorité qui rappelle un groupe de rock ainsi qu’une séquence lumineuse plutôt amusante. L’expérience est synthétique, mais ça demeure agréable, au point de nous donner envie de dévorer la route.
L’EQE est une berline silencieuse qui roule en douceur grâce à l’instantanéité et à l’efficacité déconcertante de sa motorisation électrique. En ville, on constate à quel point elle est bien insonorisée et que sa solide structure encaisse bien les imperfections de la route. Sur son mode Comfort, tout est serein et décontracté, ce qui nous retire rapidement toute notion de stress, car l’EQE ne roule pas, elle flotte tellement ses amortisseurs sont souples et bien calibrés.
Sur les routes montagneuses de l’Alsace, je me suis permis d’activer le mode Sport+ au moyen d’une des molettes installées vers le bas du volant. Ce faisant, l’instrumentation a changé de couleur, et l’affichage mettait surtout l’accent sur la conduite sportive. Le volant et la suspension se sont raffermis. Soudainement, un autre genre de sonorité futuriste – toujours simulé – inondait l’habitacle. C’était hautement robotique, mais tous les poils de mes bras se sont néanmoins redressés par éphorie. J’avais juste le goût d’aller vite !
Au même moment où j’enfonçais la pédale d’accélérateur, je me téléportais à l’autre bout de la ligne droite, là où m’attendait une sérieuse épingle vers la gauche. C’est là que j’ai ressenti le poids indéniable de ce bolide. Malgré tout, les freins, jumelés au système de régénération – capable d’aller chercher jusqu’à 260 kilowatts de puissance de décélération – se sont montrés plus qu’efficaces.
En virage il faut être patient. Si on a le malheur d’enfoncer l’accélérateur trop vite, l’auto continuera en ligne droite en raison d’un sous-virage prononcé. Mais une fois que notre ligne sera corrigée, la vague de couple que procure cette motorisation, jumelée à la précision des roues arrière directionnelles, rendront cette porcine berline plus précise qu’elle ne devrait l’être.
L’essai étant beaucoup trop court et effectué dans un contexte complètement différent qu’ici m’a empêché de proprement évaluer la consommation d’énergie ainsi que l’autonomie réelle du véhicule.
Longue vie à AMG
Avec l’AMG EQE 2024, Mercedes-Benz nous prouve que ses berlines de très haute performance peuvent continuer à vivre dans un monde tout électrique. En outre, quand on constate les accélérations que procure cette berline et à quel point c’est amusant derrière le volant, on ne ressent pas vraiment le besoin de revenir aux moteurs V8 d’autrefois. Même qu’on ressent plus la pertinence de la Classe E.
Laissons maintenant le temps à ce modèle d’arriver sur nos routes et de faire ses preuves avant de nous prononcer sur une recommandation.
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