Si Honda est pour Toyota son concurrent japonais le plus important, une rivalité semblable existe entre BMW et Mercedes-Benz. La sportive AMG GT n’avait guère besoin d’une version à quatre portières, ni d’une déclinaison 53 un peu moins véloce, mais étant donné que BMW s’est pointé le bout du nez avec la Série 8 Gran Coupé, Mercedes-Benz devait répliquer. Concurrence oblige : voici donc l’AMG GT 53 4MATIC+ à quatre portières.
Curieux de savoir si ce genre de bolide a encore sa place dans un monde où même les constructeurs de grand luxe européens convergent vers l’électrique, je l’ai mise à l’essai sur une période d’une semaine pour voir de quel bois elle se chauffe.
La seule qui est disponible
Normalement, la GT 53 serait la petite sœur d’une GT 63, mais dans les faits, pour l’année-modèle 2022, seule la GT 53 est disponible au Canada en raison des problèmes d’approvisionnement en pièces dont fait face Mercedes-AMG.

Contrairement à l’AMG GT qui est courte, large et musclée, la version à quatre portières arbore plutôt l’allure d’une grande berline de luxe à la fois sobre et élégante. L’aileron rétractable sur son coffre lui confère néanmoins une fine touche de sportivité tandis que les énormes étriers de freins signés AMG et les gros pneus 275/35ZR-21 à l’avant, 315/30ZR-21 à l’arrière révèlent qu’il s’agit en effet d’une bête qui a du mordant.
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Mon exemplaire paraissait encore plus chic grâce à son ensemble MANUFACTUR Edition, une option qui se vend à un prix démesuré de 25 000 $ et qui comprend, entre autres, la jolie peinture rouge Rubelite que vous apercevez à l’écran. Sans surprise, tout ça se traduit à une facture très salée. Ma AMG GT 53 affichait un prix de détail de 155 850 $.
Un habitacle de roi
Étant une grande berline provenant de chez Mercedes-AMG, je n’étais aucunement surpris de retrouver un habitacle hautement bien ficelé. L’ensemble MANUFACTUR poussait la donne encore plus loin par son cuir blanc qui recouvrait tout ce qu’il pouvait, y compris le volant. Le restant des surfaces étaient tapissées soit d’un bois véritable, soit d’un aluminium brossé. La qualité globale du produit et l’attention du détail dans une AMG GT 53 sont sans reproche.

Dès qu’on s’installe dans ses gros sièges ajustables en une pléthore de configurations – leur confiant un confort inégalé – on réalise à quel point cet habitacle est clos considérant le gabarit de l’auto. J’imagine que c'était voulu par les stylistes et les ingénieurs pour accentuer le fait qu’il s’agit de la version à quatre portières d’une sportive. Le pare-brise est très incliné vers l’arrière et le toit est bas, ce qui ne dégage pas beaucoup la tête, surtout si l’on est grand.
Devant moi, un poste de commande comprenant que des écrans et énormément de boutons. Il faut bien prendre le temps de tout digérer, car au premier regard, rien n’est facile à comprendre. Par exemple, la console centrale est parsemée d’une série de boutons physiques permettant de régler une multitude de fonctionnalités, comme le système antipatinage, la suspension adaptative ou encore, de relever manuellement l’aileron arrière.
Ce qui n’aide pas à la domestication des commandes, c’est que certaines d’entre-elles sont répliquées dans l’une des molettes installées sur le volant. On comprendra Mercedes-AMG d’offrir au conducteur encore plus de personnalisation quant à la manière qu’il peut régler le bolide, mais cette doublons des boutons ne fait que complexifier l’apprentissage.

Cela étant dit, une fois habitué, on finit par s’y retrouver. Idem pour le système multimédia MBUX qui s’opère soit via un écran tactile, soit un pavé installé sur la console centrale. Il incorpore lui aussi un grand nombre de réglages, comme la personnalisation de l’instrumentation numérique et, même, de l’éclairage ambiant. Malgré le fait qu’il soit chargé en information, ce système répond rapidement et, lorsqu’on l’apprivoise, devient facile à naviguer.
Étrangement, malgré toutes les belles technologies qu’incorpore une AMG GT 53, je suis resté bouche bée de ne pas retrouver de recharge sans fil par induction ni la connectivité Android Auto sans fil, sans compter un tout petit toit ouvrant qui me faisait penser à celui d’une Honda Civic.
Parlant du toit, sa forme est d’autant plus apparente à l’arrière où l’espace est encore plus étriqué qu’à l’avant. Pouvant n'assoir que quatre passagers, l’AMG GT est en réalité une 2+2 plutôt qu’une véritable berline.
Rien en commun avec…une AMG GT
L’ironie derrière l’AMG GT 53 à quatre portières c’est qu’elle ne partage presque rien sur le plan technique avec le coupé AMG GT. Sa plateforme est en réalité empruntée à une Classe E, tandis que sa motorisation n’est pas offerte du côté de la sportive.
Il s’agit donc d’un six cylindres turbocompressé de 3,0 litres. Ce moteur est ensuite jumelé à un système d’hybridation légère alimenté par une batterie au lithium-ion d’une capacité de 0,9 kilowattheure. À lui seul, un petit moteur électrique ajoute 21 chevaux et 184 livres-pieds à la puissance totale du véhicule.

Lorsqu’on combine le tout, on se retrouve donc avec une puissance totale de 429 chevaux et un couple de 384 livres-pieds. Tout est acheminé vers le sol via une boîte de vitesses automatique à neuf rapports ainsi que la transmission intégrale 4MATIC+. Ça se traduit à un sprint 0-100 km/h qui se boucle en 4,5 secondes, selon les données du constructeur.
Confortable et agile, avec un manque dans la pédale
Les multiples réglages des suspensions, de la direction et de la boîte de vitesses d’une AMG GT 53 lui permettent de s’adapter à toute sorte de scénarios de conduite. Il s’agit surtout d’un salon sur roues lorsqu’on navigue sur l’autoroute. Confortable, silencieuse et hyper bien construite, cette grande berline encaisse bien les imperfections de la route tout en nous enveloppant dans un niveau de confort difficile à reproduire chez la concurrence, même chez BMW.

J’ajoute même que sa motorisation s’est montrée étonnement économique en carburant. Durant un voyage aller-retour entre Magog et Gatineau, l’ordinateur de bord de l’AMG GT enregistrait une moyenne combinée de 9,8L/100 km. Considérant son poids, son rouage intégral et la puissance qu’elle déploie, c’est plutôt impressionnant.
Évidemment, une Mercedes-AMG est mieux dégustée lorsqu’on active ses modes Sport + et Race. C’est là que cette grosse matante se transforme soudainement en une athlète professionnelle, nous révélant une agilité inattendue compte tenu de sa masse nette de 2 070 kilos (4,563 livres). En inscrivant l’AMG GT dans un virage, il est difficile d’ignorer sa capacité de se coller à la chaussée. En outre, la légèreté octroyée par le moteur à six cylindres – qui est beaucoup moins lourd qu’un V8 - est immédiatement observable sur le train avant, réduisant l’effet de sous-virage.
La direction précise nous permet ensuite de rapidement repositionner le véhicule vers la sortie du virage. Les larges semelles arrière assurent que le véhicule demeure bien planté au sol lorsqu’on écrase l’accélérateur. Honnêtement, je ne m’attendais pas à en faire autant avec une voiture aussi massive. Quel plaisir!

Le moteur livre sa puissance et son couple en douceur, avec une linéarité appréciée, mais il doit monter dans les tours pour nous montrer ce qu’il a dans le ventre. Pour ce faire, il faudra passer à quelques rapports inférieurs via les palettes de sélection installées sur le volant. Construites à base d’un solide morceau d’aluminium, ces palettes sont à la fois agréables à opérer et répondent rapidement. C’est là que la trame sonore de ses six cylindres se fait entendre via les quatre tuyaux d’échappement. Moins imposant que le V8, ce bloc-moteur réussit néanmoins à se faire respecter par sa sonorité exaltante.
Nonobstant, malgré le fait qu’elle livre bien la marchandise, cette motorisation m’a laissé sur mon appétit dans le sens que j’avais toujours l’impression qu’il me manquait quelque chose sous la pédale. Cette impression venait sans doute du fait que je savais qu’un GT 63 mue par un moteur V8 existe, mais aussi parce que la petite cylindrée 3,0 litres et l’absence d’une surdose de couple à bas régime ne cadraient pas bien avec le poids de la bête.
Le segment du grand luxe a déjà beaucoup changé
Je suis ressorti de mon essai de l’AMG GT 53 perplexe. D’une part, je respecte ce véhicule en raison de ses avancements technologiques, son grand niveau de luxe et ses performances agréables. Toutefois, je me questionne sérieusement sur sa pertinence dans le marché actuel.

Car non seulement se trouve-t-elle dans la même fourchette de prix qu’une EQS électrique, qui se révèle tout aussi confortable et plus performante, elle fait face à de nouveaux concurrents plus modernes, comme la Porsche Taycan, la Tesla Model S Plaid ou, encore, la Lucid Air, rendant l’achat de ce modèle de plus en plus difficile à justifier. En raison de la nature exclusive de l’AMG GT, RPM ne préfère ne pas statuer sur une recommandation.
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