Les constructeurs tentent à tout prix de maintenir les berlines en vie en leur injectant un design éclaté, la transmission intégrale et, même, des variantes ultra performantes comme la Hyundai Sonata N Line 2021. Le fait que cette voiture n’envoie pas moins de 311 livres-pieds de couple vers le train avant démontre à quel point le marché de la berline est désespéré.
Nous pourrions aussi voir la Hyundai Sonata N Line d’un autre angle : comme une espèce de plaisanterie qui permet au moins à la berline intermédiaire de nous quitter sur une belle note. C’est un peu le même genre de modèle que la Toyota Camry TRD. Il n’y a rien de logique derrière la commercialisation d’un tel véhicule, mais son existence n’en demeure pas moins intrigante.
Coincée entre une Sonata ordinaire et une Sonata hybride au sein de la gamme, la N Line – que le fabricant n’offre qu’en la déclinaison Ultimate au prix de 39 638 $ - se démarque d’une Sonata ordinaire par ses pare-chocs avant et arrière plus sportifs, son duo d’énormes tuyaux d’échappement, ses bas de caisse, ses jantes exclusives au modèle et ses couleurs de carrosserie éclatées, comme le rouge flamme de notre modèle d’essai.
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J’avoue ne pas trouver la Sonata très jolie en raison de son énorme museau qui semble s’inspirer d’une barbotte. La déclinaison N Line ajoute toutefois du piquant au design, ce qui lui va bien et qui confère au modèle une prestance incontournable.
Il est également important de souligner qu’il ne s’agit pas ici d’un véhicule de la série N, comme la Veloster ou les prochains Kona et Elantra N. Chez Hyundai, N Line signifie qu’un véhicule n’incorpore que des éléments de la division N. Au moment d’écrire ces lignes, il n’existe pas de Sonata N.
Bien que l’accès à bord d’une Sonata demeure problématique en raison de la forme de l’arche du toit, cette bagnole fait preuve d’un excellent degré de confort et d’une bonne qualité d’assemblage et de finition. Le design, comme à l’extérieur, est d’une saveur qu’on doit apprivoiser, mais l’information affichée est bien présentée et claire. D’un point de vue ergonomique, c’est globalement réussi, mais il y a aussi quelques ratés.
Par exemple, l’information en général est facile à saisir et accessible, mais les boutons-poussoirs de la boîte vitesses demeurent mal placés et mélangeants. Le fait que la lettre P soit positionnée à gauche fait en sorte qu’on appuie parfois sur le R par inadvertance.
Un large pilier A très incliné obstrue une partie de la visibilité latérale, et ce, malgré la présence d’une petite vitre. À l’instar des plus récents systèmes multimédias de Hyundai, celui de la Sonata se révèle très chargé en information, et il faut parfois franchir quelques étapes afin d’accomplir des tâches simples.
L’accès aux places arrière se montre encore plus difficile qu’à l’avant en raison de la nature racée du toit. Une fois à bord, on y trouve cependant un bon degré de confort et beaucoup de dégagement pour les jambes et la tête. En matière de volume du coffre, la Sonata se situe parmi les meilleures de la catégorie à 453 litres.
Sous le capot d’une Sonata N Line se cache le même moteur à 4 cylindres turbocompressé de 2,5 litres qu’on retrouve du côté d’autres véhicules du constructeur, comme le Santa Fe, le Kia Sorento et les Genesis G80/GV80.
Il développe ici une puissance de 290 chevaux et produit un couple de 311 livres-pieds. Il est jumelé à une boîte de vitesses automatique à double embrayage du type « humide » à 8 rapports. La Sonata est une traction. Elle envoie donc toute cette cavalerie uniquement vers le train avant.
Plusieurs éléments du châssis et de la suspension ont également été revus pour améliorer la tenue de route. La Sonata N Line est ainsi équipée de supports de moteur plus costauds, de barres antiroulis surdimensionnées et d’amortisseurs plus fermes.
Dépourvue d’un différentiel à glissement limité pour pallier le surplus de puissance, la N Line incorpore un système départ canon qui réduit la poussée du turbo au décollage. Selon Hyundai, cette technologie permet à la Sonata N Line de boucler le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 5,2 secondes seulement, ce qui est plus rapide qu’une Honda Accord 2.0T ou une Toyota Camry TRD.
J’ai parcouru la distance entre Montréal et Toronto pour ensuite filer vers Québec au volant de la Sonata N Line. C’est vraiment lors des longs trajets sur l’autoroute qu’on apprécie cette berline à sa juste valeur.
Dans toutes ses déclinaisons, la Sonata est une berline confortable, silencieuse et, grâce au fait qu’elle soit large, basse et longue, très bien ancrée au sol. On ressent également un excellent travail d’aérodynamisme de la part des ingénieurs par sa façon de demeurer hyper stable à haute vitesse.
Là où la N Line surprend davantage, c’est dans les performances qu’elle procure à son conducteur. Les reprises de la boîte de vitesses sont rapides, et le moteur turbo livre une énorme poussée de couple qui ne s’essouffle que lorsqu’on approche le limiteur.
Pour les dépassements ou pour s’amuser sur une route sinueuse, la Sonata N Line est puissante et fait preuve d’un degré de dynamisme fascinant, se rapprochant même du comportement de certaines berlines allemandes par moment. La direction fait même preuve d’un degré de rétroaction digne de mention.
Je reproche toutefois à cette Sonata de ne pas bien maîtriser la puissance disponible, surtout à basse vitesse. Bien que l’effet de couple ne soit pas très apparent, ça ne prend pas grand-chose pour faire crisser les pneus avant lors des manœuvres d’accélération un peu plus nerveuses. Tout cela confère un véhicule une tenue de route parfois maladroite dans les virages serrés. Ce genre de performance mieux appréciée sur une bonne route de campagne plutôt qu’à l’accélération.
Quoi qu’on pense de la pertinence d’une Hyundai Sonata ultra puissante, son existence n’en demeure pas moins plaisante, et son comportement parfois erratique lui confère la sensation de conduire un hot rod. Le modèle déballe assez de performance pour satisfaire n’importe quel amateur de conduite, et ce, à un prix somme tout raisonnable.
Étant donné que très peu de problèmes ont été reportés depuis son arrivée et que seulement deux rappels mineurs ont été publiés, nous pouvons maintenant recommander l’achat d’une Hyundai Sonata.
Cependant, en raison du jeune âge du groupe motopropulseur de la N Line, nous préférons encore lui laisser le temps de faire ses preuves. Nous devons donc attendre encore quelques mois avant de statuer sur une recommandation pour cette variante.