Disons que les berlines G90, G80 et G70 sont des hors-d’œuvre pour Genesis. Ce que les gens veulent, ce sont des plats de résistance : des VUS. Ma perception du GV80 était un peu comme le mets principal dans un grand restaurant. Il est très invitant, il semble très bon. La question est de savoir si j’aurai encore faim après mon essai.
Ce n’est pas une tâche facile pour un constructeur de se trouver une identité stylistique. Il suffit de regarder le nombre d’années qui ont été nécessaires à Lexus, à Infiniti et à Acura pour y parvenir. Genesis aura été plus rapide.
Le design général se montre frappant et distinctif. Évidemment, le lien se fait avec l’aménagement de la grille de calandre « à la » Bentley. Cette dernière est d’ailleurs imposante. Par contre, elle devient le point de départ des lignes de caractère du capot, des ailes et, surtout, du trait latéral qui donne l’impression qui le véhicule est en mouvement.
Les blocs optiques entièrement à DEL proposent un design singulier en étant segmentés en deux minces rubans. L’éclairage de jour se définit par deux fines bandes lumineuses, alors que, le soir, la clarté est saisissante.
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De profil, le Genesis GV80 montre de belles proportions avec un habitacle déporté vers l’arrière. L’effet s’accentue par le cadrage de la fenestration qui s’affaisse. Notez la présence réussie des ouïes latérales intégrant les clignotants. Sur la version à l’essai, bien qu’elles semblent de petite taille, les jantes sont bel et bien de 20 pouces.
La thématique des deux bandes revient pour les feux. Encore une fois, c’est agréable à l’œil tout comme l’éclairage. Deux pots d’échappement réels agrémentent le tout. Excellente idée, le bouton qui actionne le hayon électrique se trouve au pivot de l’essuie-glace. La qualité de l’assemblage se montre impeccable et précise.
Dès l’ouverture de la portière, on sent bien l’esprit feutré du GV80. La présentation intérieure s’efforce d’être épurée tout en jouant sur les couleurs et les lignes pour se définir. J’ai apprécié le fait que l’on utilise des surpiqûres pour structurer l’ensemble.
Le volant est étrange avec ses deux bras et la finition du moyeu bâclée. De jour, la lecture des boutons y est difficile en raison du manque de contraste. Erreur d’ergonomie : la position de la molette qui gère le système multimédia et de la molette de la boîte de vitesses. De taille similaire et exactement de la même couleur, il n’est pas rare qu’on les confonde. Pour le reste, la finition est exemplaire, et les matériaux, de bonne qualité. Puisque plusieurs se posent la question, on ne retrouve pas cette sensation de prestige qu’on ressent dans les produits allemands (Audi Q7, BMW X7, Mercedes-Benz GLE). Par contre, Genesis a l’avantage face à Lexus (RX) et Infiniti (QX60).
Dans la version à l’essai, je jouissais d’une instrumentation partiellement numérique. C’est de bon goût, mais je m’explique mal que celle d’une Hyundai Elantra à moins de 30 000 $ soit 100 % numérique, mais pas celle d’un VUS de 70 000 $. Quoi faire pour y avoir droit ? La version Prestige à 85 000 $ est la seule désignée. Étant dans la famille Hyundai, on reconnaît le design graphique qui a démontré son efficacité et son ergonomie, mais Genesis devrait se distinguer. Le moniteur de 14,5 pouces permet la diffusion d’un large éventail d’information.
Intermédiaire, le GV80 offre de bons dégagements pour tous les occupants. On compte sur plusieurs possibilités de réglages contribuant au confort. Pour l’option à 7 places, il faut le V6. Pour ce qui est du coffre, Genesis dit se comparer aux allemands. Dans cette optique, avec son volume maximal de 2 328 litres, il va même jusqu’à les surpasser. Cependant, l’Acura MDX atteint 2 575 litres.
Pour le moment, deux moteurs peuvent se retrouver sous le capot du GV80. J’ai opté pour celui qui risque d’être le plus populaire, le 4-cylindres turbocompressé de 2,5 litres. Ici, il développe quelque 300 chevaux et produit un couple de 311 livres-pieds dès 1 450 tours/minute. Il s’agit d’une mécanique intéressante et capable jumelée à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports qui lui rend bien justice avec des changements en souplesse. Genesis parvient à donner au 4-cylindres la même capacité de remorquage que le V6, soit 2 722 kilos (6 000 livres). Dans le segment, surtout face aux autres asiatiques, il s’agit là d’un avantage net.
Ce 2.5T livre la marchandise. Ce n’est pas le plus véloce de la catégorie, loin de là, mais il faudra pousser la machine pour ne pas être satisfait. Par contre, avec une remorque de 2 722 kilos (6 000 livres), là ça risque d’être autre chose. Si votre objectif est de remorquer, choisissez le V6. Il sera moins sollicité et plus souple. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Genesis n’offre pas les 7 places avec le 2.5T.
Sur la route, bien que la direction soit intéressante, elle manque de dynamique. Genesis part d’une feuille blanche, on aurait pu jouer d’un peu plus de sportivité. Du moins, en avoir la possibilité avec des modes de conduite plus distincts. Avec le GV80, Genesis à beau clamer qu’elle rivalise avec les Q7, X5 et GLE, au chapitre du comportement, elle n’y est pas. Comparez avec les Lexus RX et Acura MDX. La souplesse est favorisée. Genesis n’a pas jugé bon de mettre des suspensions pneumatiques. Oui, c’est plus complexe, plus cher, mais c’est le genre de caractéristiques recherchées.
En route vers le mont Franceville, j’ai été frappé par une épique tempête de neige (youppi). Parfaite occasion pour mettre le rouage intégral à l’épreuve. J’ai bien senti les quatre roues mordre et favoriser la propulsion, je me suis amusé. Compétent, mais aussi incisif que les xDrive, quattro ou 4Matic ?
Déception pour la consommation de carburant qui avoisine les 12,4 litres/100 kilomètres. Oui, la température était froide, et j’ai sollicité à plus d’une reprise le rouage dans la neige vers Mégantic, mais j’espérais mieux considérant la modernité de la mécanique.
Le Genesis GV80 a plusieurs arguments en sa faveur, mais me laisse sur mon appétit ; je m’attendais à plus de saveurs et de textures ! Est-ce qu’il atteint ses prétentions de jouer contre les allemands ? Je ne pense pas. Légitimement, Genesis vise haut, mais je pense fermement qu’il reste à la hauteur des Acura MDX, Lexus RX ou Infiniti QX60 en matière de prestige et de raffinement technique. En ce qui me concerne, le GV80 est plus abouti, plus intéressant que ces derniers. Par contre, Genesis a tout à construire. Pour l’instant, il n’y a pas de faux départ, mais prudence avant la recommandation. Sa motorisation est le principal point qui doit démontrer sa durabilité. Au compte, j’ai encore faim.