Avant de passer pleinement à l’électrique, nous serons témoins de moments de panique de la part de certains constructeurs d’automobiles.
Les projets les plus loufoques, imaginés par les ingénieurs, mais dont la commercialisation a été stoppée en raison de leur nature marginale, verront enfin le jour sous prétexte qu’il s’agit d’une dernière chance avant que le moteur thermique ne nous quitte pour de bon.
Le Cadillac Escalade-V 2023 en est le parfait exemple. Personne n’avait besoin d’un VUS de luxe pleine grandeur V8 capable de boucler le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure dans le même temps qu’une voiture sport. Cadillac le commercialise parce qu’elle le peut, puisque bientôt ce sera impossible.
Curieux de savoir à quoi ressemble la conduite d’un Escalade-V de haute performance, j’ai mis cette impressionnante machine à l’essai sur une période d’une semaine.

D’une subtilité déconcertante
Il est difficile de distinguer l’Escalade plus musclé d’une version ordinaire. Certes, Cadillac lui a ajouté des sections noires ici et là, du côté de la grille, des phares et des contours de fenêtres, notamment. Les jantes sont également exclusives à ce modèle.
Mais outre les quatre colossaux tuyaux d’échappement et les monstrueux étriers de frein, l’Escalade-V est d’une subtilité assez déconcertante. Seul l’énorme écusson V apposé sur ses flancs permet de révéler qu’il s’agit, en effet, de l’Escalade le plus puissant jamais construit.
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Personnellement, j’aurais aimé qu’il soit plus flamboyant et qu’il affiche fièrement ses couleurs. Après tout, il s’agit d’un modèle exclusif qui ne court pas les rues. Au moins, l’Escalade a un design agréable que j’apprécie et qui se fond bien dans la masse. J’imagine que tout cela a été étudié, et que GM considère que c’est ce que les acheteurs de ce genre d’engins recherchent.
Étant au top de la chaîne alimentaire des VUS pleine grandeur de luxe, la facture d’un Escalade-V est évidemment tout aussi gonflée. L’exemplaire à l’essai – un ESV à empattement allongé – se détaillait 183 873 $, ce qui en fait le modèle Cadillac le plus coûteux jamais vendu par le constructeur. C’est sans compter la taxe sur la cylindrée et la nouvelle taxe sur les véhicules de luxe et, bien sûr, les frais de carburant et d’entretien. En fin de compte, on atteint les 200 000 $ assez vite.

Toujours aussi confortable et spacieux
Tout comme son design, l’habitacle d’un Escalade-V fait très peu pour se démarquer d’une version ordinaire, si ce n’est de subtils écussons V apposés ici et là. Cadillac ne prend même pas la peine d’installer des sièges plus sportifs afin de mieux maintenir les passagers lors d’une manœuvre sportive.
Bref, il s’agit du même habitacle, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose. En effet, l’Escalade impressionne par sa qualité de construction et les matériaux utilisés, sans compter son gigantesque et toujours impressionnant écran incurvé OLED de 38 pouces qui s’étend sur la planche de bord.
L’Escalade, dans toutes ses formes, est une célébration de la technologie chez General Motors : caméras, connectivité sans fil, assistance au remorquage, conduite autonome Super Cruise, réalité augmentée, vision nocturne, système de divertissement arrière, fonctions vibromassantes, sièges chauffants et ventilés adaptatifs, borne WiFi et commandes électroniques pour tout, même un hayon arrière qui peut s’ouvrir ou se fermer à la hauteur voulue par l’entremise d’une molette installée au plafond, notamment.
C’est la totale !

Des caractéristiques techniques hors de ce monde
Quand on analyse les caractéristiques techniques de l’Escalade-V, on a l’impression qu’il s’agit d’une fusée de la NASA tellement elles sont démesurées.
GM délaisse complètement l’ancien moteur V8 de 6,2 litres et le remplace par le bloc-moteur suralimenté qui équipe la CT5-V Blackwing. Également d’une cylindrée de 6,2 litres, il a reçu un compresseur différent – qui passe de 1,7 à 2,65 litres –, ce qui permet de souffler jusqu’à 10 livres de pression. Quelques modifications ont également été apportées au système de refroidissement. Cet Escalade déploie donc une puissance totalement ahurissante de 683 chevaux et produit un couple tout aussi démesuré de 653 livres-pieds.
Jumelé à une boîte de vitesses automatique à 10 rapports et à une transmission intégrale qui priorise l’envoi du couple vers le train arrière, l’Escalade-V boucle le sprint de 0 à 96 kilomètres/heure en 4,4 secondes à peine (selon les dires du constructeur), un temps qui se compare normalement à celui de sportives comme une Ford Mustang GT ou d’une Toyota GR Supra.
Pour encaisser une telle puissance, l’Escalade a reçu quelques renforts de châssis à des endroits-clés. La programmation de ses amortisseurs adaptatifs Magnetic Ride Control a également été revue pour que ce colosse s’inscrive mieux dans un virage à haute vitesse. La technologie autonivelante Air Ride de GM permet à ce VUS de régler sa garde au sol en temps réel. Enfin, de gigantesques étriers de frein Brembo s’assurent de stopper ce mastodonte de 2 900 kilos (6 200 livres).
Malgré autant de performance, l’Escalade-V ne perd pas sa capacité de remorquage. Il peut tracter les mêmes 3 175 kilos (7 000 livres) que ses confrères.

Une combinaison impensable
Rien ne nous prépare à la conduite d’un Escalade-V. Dans les faits, si on le conduit d’une manière décontractée en ville, rien ne nous révèle qu’il peut décoller aussi vite qu’une Subaru WRX STI. En revanche, quand on met le moteur en marche, la sonorité que crachent les quatre lance-missiles qui agissent à titre de tuyaux d’échappement ne passent nullement inaperçu. Disons que mes voisins étaient bien conscients que ce titan dormait dans ma cour !
Pour pleinement profiter des performances d’un Escalade-V, on doit d’abord activer le mode V par l’entremise d’un discret bouton rouge installé devant le sélecteur de vitesses. En appuyant sur ce bouton, l’échappement se met à ronronner encore plus fort, raisonnant sans scrupule dans un vaste habitacle enrobé de luxe.
On tient bien fort la pédale des freins, ensuite la pédale de l’accélérateur. On relâche, et l’Escalade-V enclenche sa séquence départ-canon. Tout semble vouloir arracher, mais il s’agit plutôt de la force brute de son rouage d’entraînement qui fait tout ce qu’il peut pour mordre la chaussée, car dans les faits, tout demeure stable, raffiné et, surtout, solide.
Soudainement, l’horizon disparaît, car l’Escalade-V décolle avec tellement de force qu’il écrase ses suspensions arrière au point de lever le museau vers le ciel. Admirant les nuages, je tenais fermement le volant, tandis que mon titan se catapultait à une vitesse impossible à imaginer pour ce genre de véhicule.

Le moteur Blackwing est fascinant. Il déploie non seulement sa puissance avec la même rapidité que celui d’une voiture de course, mais il réussit étonnamment à faire avancer ce grotesque géant.
Ce qui impressionne davantage, c’est l’efficacité de la boîte de vitesses automatique qui enfile les rapports avec le même degré de précision qu’une boîte à double embrayage. Tout fonctionne avec une fluidité impeccable, et que dire de la symphonie qu’émet sa mécanique ! J’avais l’impression d’écouter une course de NASCAR en temps réel !
Cette sonorité passe du « trippant » au totalement ridicule quand on relâche l’accélérateur. Les pétarades que crachent l’échappement ne s’arrêtent pas, un peu comme un fusil mitrailleur qui se fait aller à plein fouet jusqu’à ce qu’il se vide de ses munitions. À l’écoute, on ne peut s’empêcher d’avoir le sourire fendu jusqu’aux oreilles.
Pour ce qui est de l’agilité dans les virages, on repassera. Malgré les efforts du constructeur pour améliorer la tenue de route, l’Escalade-V se révèle beaucoup trop maladroit pour sillonner une route de campagne. Au moins, ses freins mordent fort, ce qui permet de rapidement immobiliser la bête en cas de panique. Il s’agit d’une machine d’accélération, point final.
La bonne nouvelle ? Quand on arrête de le conduire de façon irresponsable, l’Escalade-V se montre tout aussi doux et confortable que les autres versions. Pour ceux qui s’interrogent sur la consommation de carburant, ma meilleure moyenne a été de 18,7 litres/100 kilomètres. Non, on n’achète pas un Escalade-V pour réduire ses dépenses à la pompe.

Un dinosaure qui hurle avant de mourir
Le Cadillac Escalade-V 2023 est une création fascinante qu’on apprécie à la fois pour ses performances démesurées, les décibels incontrôlés que crachent son système d’échappement et le confort suprême que procurent son habitacle de luxe et ses suspensions pneumatiques.
Si vous en avez les moyens, il s’agit clairement d’une pièce de collection en devenir et qui ne fera que grimper en valeur au fil du temps. C’est d’ailleurs en raison de sa nature marginale que nous préférons ne pas statuer sur une recommandation.
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