Je vous le dis tout de suite : RPM ne recommande pas l’achat d’une Alfa Romeo Giulia, et ce, peu importe la version, y compris la Quadrifoglio de très hautes performances.
Nous ne la recommandons pas pour des raisons purement rationnelles. À titre d’exemple, le dossier de fiabilité d’une Quadrifoglio est parsemé d’accrocs. Même si rien de majeur n’a vraiment été rapporté du côté du moteur à 4 cylindres turbocompressé, très peu d’exemplaires ont été commercialisés sur notre marché pour pouvoir avoir un échantillon suffisamment représentatif.
À titre de référence, à peine 42 Giulia ont été vendues au Canada en 2022. Vous comprendrez donc pourquoi nous préférons ne pas nous prononcer sur un véhicule aussi niché.
Toutefois, malgré notre position sur la Giulia, tous les membres de notre équipe adorent la conduire et ne se lassent jamais de la regarder. C’est d’ailleurs ce mystérieux pouvoir d’attraction qui m’a incité à réserver l’exemplaire de presse offert aux médias automobiles du Québec pour la saison printanière. J’ai donc trouvé qu’il serait approprié de me rendre jusqu’au Salon de New York en compagnie de cette beauté, question de la déguster à nouveau.

Estrema bellissima!
La version Estrema est toute nouvelle pour l’année modèle 2023. Il en est de même de la Giulia Lusso, une extension de la TI qui met un peu plus d’accent sur le luxe et le confort. L’Estrema, qui signifie extrême en italien, est plutôt basée sur la version sportive Veloce, mais elle ajoute quelques composants qui lui permettent de se rapprocher davantage d’une Quadrifoglio.
Située au sommet de la gamme à un prix de départ de 69 190 $, l’Estrema se distingue par ses écussons, son contour de grille et ses étriers de frein noirs ainsi que ses rétroviseurs recouverts de fibre de carbone.
Ces quelques ajouts n’altèrent heureusement pas le design déjà sublime d’une Giulia. Depuis son arrivée en 2016, cette berline est unique et affiche une prestance qui est bien à elle. Peinte en rouge Alfa Rosso, comme mon modèle d’essai, une couleur qui lui va comme un gant, ma Giulia faisait tourner les têtes partout où j’allais. Il s’agit encore, à mes yeux, de l’une des plus belles voitures actuellement sur le marché.

Coincé
Dès qu’on tente de prendre place à bord, on réalise immédiatement que son habitacle est compromis par la forme de la carrosserie. L’ouverture des portières est étroite, et une fois qu’on est assis à bord, on se sent immédiatement coincé. Une grande personne pourrait ne pas aimer cette sensation.
Malgré cet effet d’exigüité, le siège du conducteur est confortable, offre un excellent maintien pour la conduite sportive et un bon soutien pour le dos. Cependant, durant mon périple de plus de 1 200 kilomètres (aller-retour), je finissais rapidement par me sentir pris dans ce siège. J’ai dû m’arrêter souvent pour m’étirer.
La Giulia fait preuve d’une superbe qualité de finition. Sans aller nécessairement dans le luxe ni dans l’excès, son habitacle affiche des matériaux de bonne qualité dont le design est distingué, axé sur la conduite et la sportivité. Les couleurs de l’Italie au pied du sélecteur de vitesses nous rappellent les origines de cet iconique constructeur, tandis que les leviers de sélection de vitesses en aluminium — installés à même la colonne de direction et non sur le volant — me rappellent les plus glorieuses des exotiques italiennes.

Malgré cette belle aura, la Giulia montre tristement son âge avec son instrumentation analogique et son système multimédia d’une lenteur monumentale. Le constructeur permet de pallier un peu ce défaut grâce à une molette physique installée dans la console centrale, mais elle ne réussit pas à reproduire la précision qu’ont certains systèmes concurrents, l’iDrive de BMW, notamment.
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À l’arrière d’une Giulia, on se sent encore plus à l’étroit. Si une grande personne est assise à l’avant, il sera presque impossible pour une autre grande personne de s’asseoir derrière tellement le dégagement pour les jambes sera restreint. Au moins, la forme du toit octroie aux passagers arrière un dégagement pour la tête acceptable. Pour ce qui est du coffre, il demeure petit avec 368 litres d’espace de chargement. Une BMW Série 3 peut clairement faire mieux (481 litres).

Toujours un seul moteur
Contrairement à ses rivales allemandes qui offrent au moins deux choix de motorisations avant de passer à leur version la plus véloce, toute la gamme de la Giulia n’a recours qu’à un seul moteur.
Il s’agit d’un 4-cylindres turbocompressé de 2 litres dont la puissance et le couple font 280 chevaux et 306 livres-pieds. Il est jumelé à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports et au rouage intégral. Bien qu’il propose une puissance et un couple comparables à la concurrence, la Giulia aurait mérité l’ajout d’une autre motorisation entre celle-ci et le V6 biturbo de la Quadrifoglio, question de réellement bien s’inscrire dans le segment. La Giulia ne propose aucune forme d’électrification non plus.
La version Estrema reprend intégralement le différentiel à glissement limité qu’on trouve sur le train arrière de la Veloce. Elle ajoute toutefois des amortisseurs adaptatifs, une nouvelle caractéristique sur une Giulia ordinaire. Le conducteur peut ainsi manuellement assouplir les suspensions, même quand le véhicule est réglé sur le mode le plus dynamique.

Précise, agile, mais trop silencieuse
Il va de soi que la Quadrifoglio livre les sensations les plus fortes derrière le volant, mais une Giulia Estrema n’a rien d’ennuyeux pour autant. En réalité, j’ai personnellement toujours trouvé que le poids réduit du moteur à 4 cylindres confère à cette berline encore plus de dynamisme et d’agilité.
Sur les belles routes de l’État de New York, la Giulia m’a permis de redécouvrir ce pour quoi elle existe, c’est-à-dire de savoir foutre un sourire au visage de son conducteur. Sa structure hyper solide et la précision ultime de sa direction nous permettent de réellement nous évader dans l’art de conduire. Dans cette configuration, la Giulia est un scalpel, nous permettant de négocier une route sinueuse à vive allure sans accroc et sans crissements de pneus.
Tout se fait toutefois dans un silence absolu. Contrairement à une Quadrifoglio qui rote, pète, hurle et chante, la Giulia Estrema livre plutôt ses performances en toute discrétion avec une touche appréciée de sophistication et de maturité.

Or, même si son petit moteur livre de franches accélérations et procure une agréable surdose de couple à bas régime, il n’émet pas nécessairement une sonorité vraiment enivrante. Même que, à l’arrêt, sa sonorité rappelle un peu celle d’un moteur Diesel. Comme il s’agit d’une Alfa Romeo, on se serait au moins attendu à un système d’échappement de performance qui distille une certaine sonorité, ne serait-ce que livrable en option. Hélas, non!
Au moins, tout ce qui entoure ce moteur fonctionne de concert avec une grande fluidité. La boîte de vitesses utilise toujours le bon rapport au bon moment. J’apprécie toujours la sensation de tirer sur l’un de ses leviers de sélection de vitesses. Les freins mordent avec force, tandis que toute l’auto valse avec grâce sur les routes abîmées. La calibration des suspensions est impeccable.
J’avais toutefois deux reproches à faire après mon expérience derrière son volant. Primo, les bruits de caisse dans l’habitacle se sont rapidement montrés irritants. Il s’agissait d’un exemplaire de presse flambant neuf. Imaginez maintenant après 5 ans de service sur nos routes.
Secundo, la consommation de carburant n’impressionne pas, même pour un moteur d’aussi petite cylindrée. Malgré la présence d’un système d’arrêt-démarrage, ma Giulia affichait une consommation moyenne de carburant qui frôlait la barre des 10 litres/100 kilomètres. On s’en tire clairement mieux au volant d’une allemande, que ce soit une BMW 330i, une Audi A4 ou une Mercedes-Benz C300.

Réfléchissez bien avant d’acheter
Il est évident que, sur le papier, il n’y a absolument rien de rationnel dans l’achat d’une Giulia. Quand on y pense, pour environ le même prix que cette Estrema, on peut se retrouver propriétaire d’une BMW M340i beaucoup plus performante ou, à un prix plus bas, d’une 330e hybride rechargeable. J’ajoute que la piètre valeur de revente sur le marché de l’occasion fait d’autant plus de cette berline une pilule qui est difficile à avaler.
Or, pensez-y bien avant de l’acheter, car il s’agit purement d’un achat émotif. Pour ce qui de la recommandation, nous demeurerons fermes dans notre décision de ne pas recommander l’achat de ce véhicule.
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