Il y a de ces voitures qui, je ne sais pour quelle raison, m’attirent, et ce, même si je sais très bien qu’elles me donneront des ennuis autant qu’elles me procureront beaucoup de plaisir. Un peu comme une maîtresse quoi. C’est exactement le sentiment qui décrit ma relation avec l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio, une sportive de luxe typiquement italienne qui demeure certes dans l’anonymat depuis son arrivée en Amérique du Nord, mais qui ne manque pas de surprendre quiconque prend son volant sur des routes sinueuses.
Basée sur l’Alfa Romeo Giulia régulière, la Quadrifoglio est, en réalité, son dérivé le plus sportif et bestial, l’équivalent de la M3 de BMW, de la C63 S de Mercedes-AMG et de la nouvelle Cadillac CT5-V Blackwing. Moins connue que ses rivales ? Tout à fait, la marque n’est vendue chez nous que depuis 2014, et le réseau de concessions n’est pas très étendu. Il n’y en a que quatre au Québec, ce qui rend l’expérience d’achat et de possession plus complexe.
Les choix sont assez simples : le bolide n’est proposé qu’en une seule version au prix de base de 95 580 $ y compris les frais de transport et de préparation. Décevant ! Il est plus élevé que celui de la BMW M3 (87 250 $) mais dans les mêmes eaux que la Mercedes-Benz C63 S AMG. Bref ne pensez pas vous offrir une grande sportive à prix d’aubaine, ça ne semble pas faire partie de la stratégie de la marque. Dommage, ç’aurait pu l’aider à se sortir de l’ombre.
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En termes de design, le bolide au trèfle à quatre feuilles est magnifique et dispose juste du bon dosage de sportivité. La Quadrifoglio se distingue rapidement des versions plus communes grâce à une panoplie d’éléments de performance qui haussent son caractère. Du lot, son échappement quadruple, son becquet et ses entrées d’air plus imposantes. Le rouge Alfa Rosso de mon véhicule d’essai était offert sans supplément, il existe des coloris assez éclatés merci, dont le Verde Montreal. Les jantes de 19 pouces laissant entrevoir les étriers peints en jaune est une autre belle touche.
Une fois à bord, on découvre un habitacle simpliste axé sur la sportivité et non sur le luxe et le confort. De moins en moins d’acheteurs apprécieront cette philosophie, ce qui contribue à faire de la Giulia Quadrifoglio une véritable voiture de puristes. L’intérieur est composé principalement d’un revêtement en cuir comprenant des insertions de suède pour les sièges. Le tableau de bord de mon modèle d’essai profitait de son côté de surpiqûres rouges, un minimum pour assurer un certain prestige. J’ai bien aimé la grande quantité de garnitures en fibre de carbone, un ajout intéressant pas rapport à la Giulia régulière.
L’autre élément qui caractérise le bolide, c’est son imposant pédalier métallisé comprenant un large repose-pied qui permet de bien s’ancrer au siège, ainsi que le volant qui intègre une commande rouge pour démarrer le moteur. Le système d’infodivertissement comprend un écran de 8,8 pouces assez simpliste, rien à comparer avec celui des véhicules plus modernes. Bref, l’intérieur n’avait rien à voir avec celui de la BMW M4 Competition que j’ai récemment eue à l’essai, ce dernier était simplement spectaculaire.
Les sièges étaient parfaits pour mon type de physionomie ; ils offrent un bon maintien latéral qui nous gardent bien en place quand on adopte une conduite plus dynamique, sans que ce soit trop complexe d’entrer ou de sortir du véhicule.
Alors que la Giulia profite d’un moteur à 4 cylindres en ligne turbocompressé de 2,0 litres qui développe une puissance de 280 chevaux, la Quadrifoglio dispose de son côté d’un V6 biturbo de 2,9 litres qui développe une puissance impressionnante de 505 chevaux et produit un couple de 443 livres-pieds, ce qui en fait l’une des plus puissantes de son segment. Un bel argument en faveur de Mi Amor.
Eh oui, c’est vrai, l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio profite bien d’un moteur dérivé de Ferrari, une chose que tout propriétaire aimera bien mentionner et qui apporte une dose d’intérêt supplémentaire au modèle. Le moteur envoie sa puissance à l’essieu arrière par l’entremise d’une boîte de vitesses automatique à 8 rapports. Dommage, pas de manuelle offerte.
Vous cherchez autre chose pour vanter les mérites de cette italienne ? Elle dispose d’un arbre de transmission entièrement en fibre de carbone, un des éléments qui contribuent au rapport poids/puissance exceptionnel de la voiture et qui démontrent toute l’attention que le modèle reçoit des ingénieurs.
Chaque fois que je prends place à bord de la Giulia Quadrifoglio, j’ai véritablement l’impression de faire corps avec la voiture, une sensation que peu d’autres berlines de luxe sport transmettent sauf peut-être les récentes BMW M4/M3. Cette voiture nous donne envie de la pousser, et plus on le fait, plus elle brille par son équilibre et son degré de performance. Chaque trajet devient plus agréable et, surtout, moins ennuyeux.
Eh oui, son moteur issu de Ferrari sonne et performe comme il se doit. Sa réponse est instantanée, et son couple arrive sans délai. Sur le mode manuel, les imposants leviers de sélection situés derrière le volant permettent de passer les rapports de la boîte automatique avec grande précision, jamais elle ne se fait prendre en défaut, et elle s’est révélée aussi efficace qu’une boîte à double embrayage. La consommation n’est probablement pas une priorité, mais j’ai terminé avec une moyenne de 11 litres/100 kilomètres, ce qui n’est pas si mal pour une voiture de cette puissance.
Il est aussi possible de personnaliser la conduite grâce au système DNA qui est inutilement difficile à comprendre. Essentiellement, le mode D, pour Dynamic, est le mode sport, N (Natural) pour la conduite quotidienne et A (Advanced) est celui qui économisera le plus de carburant. Peu importe, j’ai préféré le mode Race (course) qui, une fois qu’on le découvre, pousse à l’extrême les réglages de la voiture, assez pour avoir l’impression qu’il faut une certaine compétence pour la maîtriser.
Voici la grande question : devriez-vous en acheter une ? L’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio fait dans la dualité. Autant elle peut être exceptionnelle à certains égards, autant elle a des arguments qui jouent contre elle. Le principal, c’est sa fiabilité aléatoire qui mine toujours notre confiance envers le modèle, ce qui, malheureusement nous empêche de la recommander.