Bien que plusieurs constructeurs aient tenté de pénétrer le segment des berlines compactes sportives de luxe, très peu ont réellement réussi à ébranler l’ordre établi. Prenons comme exemples Infiniti et Cadillac, deux constructeurs qui ont proposé des modèles intéressants comme la Q50 Red Sport et la CT5-V, mais qui n’ont à la fin jamais réussi à déstabiliser les ténors de la catégorie, la BMW M340i, notamment, celle qui reste fermement ancrée au sommet.
On peut toutefois donner une tape dans le dos à Alfa Romeo et à Genesis pour leurs efforts avec la Giulia et la G70 Sport. Cependant, malgré leurs grandes qualités, ces berlines demeurent dans l’ombre du trio allemand Audi S4, BMW M340i et Mercedes-AMG C43.
Vous comprendrez donc que, lorsque j’ai appris qu’Acura comptait ajouter une version Type S à la TLX, j’ai fait preuve de scepticisme. Malgré mon respect incontournable pour cet écusson, je me demandais comment Acura compterait s’installer dans ce segment sans être oubliée par les consommateurs. Pour le savoir, j’ai mis une Acura TLX Type S à l’essai durant l’hiver sur une période d’une semaine.
Un bel héritage
Il faut reculer jusqu’à l’année modèle 2011 pour retrouver le dernier modèle Type S (écrit Type-S avant 2018) d’Acura vendu chez nous. Il s’agissait de la CSX Type-S, un modèle largement dérivé de la Honda Civic Si à l’époque.
Chez Acura, on appose les lettres Type S sur le modèle le plus sérieux de la gamme en termes de performances. Le constructeur y applique plusieurs révisions mécaniques qui affectent les groupes motopropulseurs, les suspensions, le châssis et les freins.
Les freins sont d’ailleurs le premier indice qu’ils s’agit ici d’un modèle spécial, rayonnant fièrement par leur écusson Acura caché derrière une jante de 20 pouces exclusive. La Type S détonne des autres versions de la TLX par sa partie avant nettement plus agressive, surtout vers le bas du pare-chocs où l’on aperçoit un énorme refroidisseur d’air. Un becquet sur le coffre, un diffuseur d’air et quatre gigantesques pots d’échappement confirment la nature sportive de l’auto. Personnellement, je trouve cette berline absolument superbe, outre le fait qu’elle semble vraiment trop longue quand on la regarde de profil.
Acura ne compte construire que 2 000 exemplaires de la TLX Type S durant son cycle de vie. C’en fait une berline sport déjà plutôt rare. Une telle exclusivité commande un prix de départ de 63 990 $, avant les options. Mon exemplaire, vêtu d’un noir majestueux (500 $) et de l’ensemble Aero (1 997 $) coûtait 67 505 $.
Superbe habitacle, mais raté d’un point de vue ergonomique
L’intérieur en cuir rouge de cette TLX (un habitacle noir est aussi offert) permettait vraiment d’avoir la sensation de monter à bord d’un modèle spécial. Dans les faits, c’est l’attention au détail et l’exquise qualité de la finition de cet habitacle qui surprennent davantage et se présentent grâce à un langage de design distinct.
La visibilité périphérique est bonne dans une TLX hormis le fait qu’on la sent très corpulente. C’est que cette auto est énorme pour une compacte, mais l’effet est aussi causé par une massive planche de bord très chargée en commandes. En général, il est facile de saisir l’information devant nous, même que j’apprécie les cadrans illuminés en rouge sur fond blanc.
C’est cependant au chapitre de l’ergonomie que ça se gâte. Acura ne lâche pas le morceau avec son irritant pavé tactile qui, bien qu’on finisse par l’apprivoiser, requiert un tout autre apprentissage quand on active Android Auto.
Je m’explique : si le pavé sert ordinairement à se situer dans l’écran multimédia, Android Auto requiert qu’on s’en serve comme un pavé ordinaire. On doit donc glisser son doigt pour se déplacer d’une icône/menu à l’autre. C’est immensément frustrant et, surtout, distrayant si on l’utilise en conduisant, d’autant plus que l’interface en soi est complexe et difficile à comprendre par moment. Bref, c’est raté.
L’autre bémol ergonomique vient du fait que, même si la voiture est longue (226 millimètres de plus qu’une BMW M340i), ses places arrière ne sont pas vraiment spacieuses. À ma grande surprise, le dégagement pour les jambes et pour la tête était bien ordinaire. Assis à l’arrière de cette berline, je me sentais carrément coincé. Il en est de même pour l’espace de chargement. Le coffre d’une TLX ne propose que 396 litres d’espace, ce qui est inférieur à la BMW M340i (481 litres).
Du muscle
Un seul moteur anime la Type S, soit un V6 turbocompressé de 3,0 litres. Sa puissance et son couple sont chiffrés à 355 chevaux et à 354 livres-pieds. Ce moteur a été fortifié en empruntant des composants à la supervoiture NSX tout en ayant été mis au point par l’équipe qui conçoit les voitures de course du constructeur.
Toute cette puissance est acheminée aux 4 roues par l’entremise d’une boîte de vitesses automatique à 10 rapports dont Acura a revu la programmation. Le rouage intégral SH-AWD du constructeur vient de série de même que les amortisseurs adaptatifs. La Type S reçoit d’ailleurs un mode de conduite supplémentaire, le mode Sport +, ce qui rend la suspension encore plus ferme et axée sur la sportivité.
Il faut également souligner le fait que le moteur d’une TLX Type S est installé transversalement dans le compartiment-moteur, ce qui en fait une bête au caractère dynamique complètement différent de ses concurrentes européennes.
Expérience de conduite unique
Voilà d’ailleurs comment la TLX Type S tire son épingle du jeu. Certains l’accuseront de n’être qu’une grossière Honda Accord superpuissante, mais bien que cette accusation ne soit guère loin de la réalité, c’est ce qui permet à une TLX Type S de vraiment s’afficher comme un modèle de performance unique.
Car bien que son rouage intégral priorise davantage le train avant, cette berline ne démontre aucun signe de sous-virage ni de débalancement dans sa répartition de poids. Au contraire, son degré de motricité sur une surface glissante est phénoménal, et la stabilité de cette berline à haute vitesse est inébranlable.
En fait, la conduite d’une TLX Type S propose un heureux mélange de force brute et de sophistication. Si son moteur livre sa puissance et son couple comme un tsunami, et qu’il ne manque jamais de souffle tout au long du processus, la voiture demeure toujours douce et extrêmement précise dans l’exécution de ses manœuvres. La calibration du châssis et des suspensions étonne par son équilibre, tandis que la puissance de freinage est au-delà des attentes. Et que dire de la sonorité de ce moteur qui fait dresser tous les poils sur notre corps ?
Malgré ça, il est difficile de cacher la masse nette d’une TLX Type S. Comme elle affiche une masse de 1 905 kilos (4 200 livres), cette berline doit constamment composer avec un excès de gras, ce qui peut la rendre maladroite dans certains contextes. Disons qu’une BMW M340i négocie une courbe avec beaucoup plus de grâce. Ensuite, il y a ces fâcheux délais de réaction qui proviennent de la boîte de vitesses et qui gâchent le rendement de la motorisation.
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Pour ce qui est de la consommation de carburant, il faut s’attendre à une voiture plutôt gourmande. Si Ressources naturelles Canada affiche 11 litres/100 kilomètres d’essence super, j’ai personnellement été incapable d’aller sous les 12 litres/100 kilomètres sur une distance d’un peu moins de 1 000 kilomètres.
Contradictoire, mais tout de même charmante
L’Acura TLX Type S est donc une berline compacte sportive de luxe comme Acura sait si bien les faire, c'est-à-dire qu’elle charme par la contradiction de son offre.
Chose certaine, elle est différente et exclusive, ce qui lui permet tout de même de bien tirer son épingle du jeu tout en retenant une excellente valeur de revente dans le marché de l’occasion. On combine donc tout cela avec un excellent dossier de fiabilité et des frais d’entretien plus bas que ceux de la concurrence germanique et il est évident que nous pouvons recommander l’achat d’une TLX Type S.
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