« Ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier. » C’est un peu le sentiment que j’ai de voir la Mazda 6 nous quitter, elle a toujours été l’une de mes préférées dans le segment. Heureusement, j’en garde de bons souvenirs, et, dans le cadre de mon essai de l’édition Kuro, j’ai l’occasion d’en parler une dernière fois.
Quand j’étais petit, dans le stationnement des profs, il y avait des Mazda 626 et 626 Cronos absolument partout. Plus tard, Mazda nous a étonnés avec la première génération de la 6 avec sa familiale, la berline à hayon et, surtout, la sportive MAZDASPEED6. Puis la rationalisation en Amérique du Nord a commencé avec le modèle lancé en 2009.
C’est à ce moment précis que la Mazda 6 est arrivée avec des lignes encore plus séduisantes et voluptueuses. Avec les années, Mazda ne l’a pas lâchée. Dès 2016, un rafraîchissement ; en 2018, on arrive avec une nouvelle présentation intérieure et d’autres changements esthétiques. De plus, la version Signature tout équipée, à la finition haut de gamme, se pointe. Le plus significatif est l’introduction de la turbocompression. La 6 GT ou Signature propose le 4-cylindres de 2,5 litres turbocompressé qu’on trouve sous le capot du CX-9 depuis 2016. Tu parles d’une bonne idée !
Poursuivant sur cette lancée, pour 2021, Mazda dévoile l’édition Kuro, le modèle à l’essai. Essentiellement, il s’agit d’une GT comprenant un groupe d’apparat. Kuro veut dire « noir », « sombre », quelque chose de très foncé en japonais. La voiture est reconnaissable par deux éléments : ses jantes de 19 pouces peintes en noir et ses rétroviseurs noirs. Seules deux couleurs sont livrables : le noir jais mica et le gris polymétal métallisé à 200 $.
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Étonnamment, alors qu’on peut le voir sur le CX-5, le CX-9 et une 3 Sport, impossible de passer complètement au noir, le cadre de la calandre reste chromé, même chose pour la bande à l’arrière. Malgré ce petit « accroc », la 6 demeure l’une des plus belles berlines sur le marché. Ses lignes sont équilibrées, fluides et certainement dynamiques. Même si elle est avec nous sous cette forme depuis maintenant 8 ans, elle n’a pas encore pris une seule ride.
L’habitacle est avec nous depuis 2018. À ce moment, toute la partie supérieure de la planche de bord a été redessinée. Les traits sont plus simples, plus germaniques dans leur approche. Avec la version Kuro, on découvre une collection de surpiqûres rouges contrastant avec le noir, mais en harmonie avec le rouge grenat de la sellerie de cuir. Elle a du punch, cette Kuro, et distille une impression de qualité.
D’un point de vue technologique, on perçoit la 6 comme étant de l’ancienne génération de Mazda. C’est frappant, entre autres, par les limites graphiques de l’instrumentation partiellement numérique où l’on ne peut pas jouer avec les styles et les tableaux. Même son de cloche pour le système d’infodivertissement avec son petit écran de 8 pouces. La qualité graphique est en recul face à la concurrence ou à une Mazda 3. Le système est toujours flou et désagréable à utiliser. Je n’aime pas le Mazda Connect dans cette forme.
Pour le reste, les attributs reconnus de la 6 demeurent intacts. Les sièges offrent un très bon maintien et un grand confort. La position de conduite vient avec une excellente visibilité. Et que dire des dégagements, ils sont très généreux. Qu’on soit à l’avant où à l’arrière, l’espace impressionne. Au coffre, on plafonne à 416 litres, un important recul par rapport à la Honda Accord à 473 litres.
La 6 arrivait à la croisée des chemins. En matière de mécanique, les deux 4-cylindres de 2,5 litres faisaient encore très bien le travail. Celui à l’essai avec sa turbocompression a plus de personnalité et un rendement plus agréable en fonction de l’ADN de Mazda. Ses 227 chevaux à l’ordinaire (250 sur de l’essence à indice d’octane 93) sont juste à point pour nous donner un plaisir de conduire réel.
Là où la 6 perd des plumes et montre son âge, c’est du côté de la boîte de vitesses, elle ne comporte que 6 rapports, et la manuelle n’est évidemment plus offerte. En ville, j’aime les passages rapides et fluides des rapports, par contre, dès qu’on arrive sur l’autoroute, on est forcé de maintenir un régime moteur inutilement élevé. Par conséquent, la consommation en souffre. Au terme de mon essai, j’ai obtenu une moyenne de 8,7 litres/100 kilomètres.
L’intégrale est la mode dans les intermédiaires, mais Mazda ne l’offrait pas et ne l’offrira vraisemblablement pas. C’est dommage, car ailleurs dans le monde, elle existe avec une telle configuration. Cet ajout technique lui aurait peut-être permis de survivre encore quelques années.
Mazda a la réputation de proposer des produits qui ont un comportement routier supérieur à la moyenne et offre un agrément plus soutenu que la concurrence. Comment ça s’explique ? C’est bien simple, Mazda offre une des directions des plus intéressantes. Elle est précise, donne des sensations avec sa fermeté, mais surtout, elle communique avec le conducteur. On sent bien un effet de couple à l’occasion à l’accélération ou en reprises vives, mais ça ne compromet pas le plaisir qu’on éprouve derrière le volant.
À cela, on ajoute des suspensions plus rigides qui permettent un bel aplomb en virage pour maintenir le rythme. La solidité de la structure ne fait pas défaut. La voiture vient avec des aides et des assistances à la conduite, mais rien de révolutionnaire ou de remarquable. Dans cette même veine, les freins offrent un rendement adéquat, mais on sent que leur endurance a des limites pas très lointaines.
La Mazda 6 2021 arrive à la fin de sa carrière avec la tête haute en demeurant un produit intéressant. Mouton noir de la catégorie, elle n’a jamais réussi à s’imposer devant les Honda Accord et Toyota Camry de ce monde. Par conséquent, sa valeur de revente s’effondre dès la signature du contrat. Nous recommandons la 6, mais l’acheteur doit impérativement considérer une possession à long terme, sinon, il s’agit d’un mauvais achat du point de vue financier. Au revoir Mazda 6.