Le Jeep Wrangler fait partie des véhicules qui font appel au cœur et à l’émotion plutôt qu’à la logique. Heureusement car, sans les Jeep Wrangler de ce monde, le paysage automobile serait encore plus triste. Le Wrangler a donné toutes ses lettres de noblesse à la marque Jeep ; les gens l’achètent pour le sentiment de liberté qu’il dégage et, surtout, pour ses excellentes capacités hors route. D’ailleurs, c’est le véhicule qu’on aperçoit le plus souvent hors des sentiers battus ; en effet, les propriétaires n’hésitent pas à mettre ses aptitudes à l’épreuve, ce qui est rarement le cas des autres VUS.
La gamme Wrangler n’aura jamais été aussi large, le constructeur semble avoir décidé de décupler les possibilités ces dernières années en introduisant une panoplie de nouvelles motorisations. Quand on combine les différentes versions et les divers types de carrosseries (à deux ou à quatre portes), on obtient une quantité assez impressionnante de choix pour les acheteurs, et il est beaucoup moins facile de s’y retrouver.
D’abord, il faut décider si l’on opte pour la configuration à deux ou à quatre portes. Bien entendu, le Wrangler est plus abordable en version à deux portes, vous pourrez l’obtenir à un prix de base de 32 476 $. Cependant, il laisse de côté l’espace et l’aspect pratique, compromis que plusieurs acheteurs ne sont pas prêts à faire de nos jours, même pour se coller au bon vieux classique, un Jeep à deux portes. C’est d’ailleurs cette configuration que j’ai mise à l’essai dans sa version plus chère et offrant de plus grandes capacités, la Rubicon.
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Les acheteurs, pour la plupart, optent donc pour les livrées Unlimited à quatre portes dont le côté pratique est fortement en hausse ; ils obtiennent un véhicule beaucoup plus familial et civilisé. Si beaucoup de propriétaires se lassaient rapidement du côté rugueux de leur Wrangler à l’époque, l’Unlimited aura changé la donne et permis de faire durer un peu plus longtemps la lune de miel.
Il faut cependant savoir que plus le Wrangler est agile hors des sentiers battus, plus il est désagréable sur l’autoroute. C’est pour ces raisons que je n’hésite pas à recommander la version Sahara Unlimited qui propose un compromis plus acceptable, le Rubicon étant trop extrême pour les besoins de plusieurs.
À bord, j’apprécie le travail fait à l’intérieur au cours des dernières années. Le tableau de bord est moins austère. L’accent est mis sur la simplicité et un entretien facile plutôt que sur la richesse des matériaux. Les arceaux en acier de la cage de sécurité font partie intégrante de l’habitacle, mais ils sont au moins recouverts d’une housse qui, non seulement les masque un peu, mais amortit aussi le choc quand on s’y cogne la tête, ce qui est pratiquement inévitable quand nous passons à l’arrière dans le cas du modèle à deux portes. Par ailleurs, si vous avez de jeunes enfants qui vous ont fait un dégât, vous pourrez presque nettoyer l’intérieur entièrement au boyau d’arrosage, pas de drame comme dans le cas d’un VUS de luxe.
Plus pratiques, les Wrangler modernes intègrent de l’équipement de luxe additionnel comme des vitres électriques, une chaîne audio plus décente et un système multimédia qui comprend un écran tactile que j’adore utiliser tant il est simple et efficace.
Tout n’est pas parfait. L’habitacle est très sombre en soirée, et plusieurs commandes ne sont pas éclairées. La visibilité vers l’arrière n’est pas très bonne non plus, notamment en raison de la présence de la roue de secours qui obstrue la vitre du toit rigide, tout comme l’imposant moteur de l’essuie-glace.
Si le Jeep Wrangler n’était offert qu’avec une seule mécanique par le passé, c’est loin d’être le cas maintenant. On retrouve toujours le valeureux V6 Pentastar de 3,6 litres qui développe une puissance de 285 chevaux et produit un couple de 260 livres-pieds ; il est jumelé de série à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports, une quasi-exclusivité dans le segment. Le même moteur est offert avec une boîte automatique à 8 rapports, mais sachez que, pour 2021, cette combinaison est rayée du catalogue.
Le moteur V6 de 3,6 litres équipé de la technologie d’hybridation légère eTorque sera le seul offert avec la boîte automatique à 8 rapports ; c’est la motorisation que j’ai eue à l’essai, une nouveauté pour 2020.
L’autre option, c’est un moteur à 4 cylindres turbocompressé de 2,0 litres qui développe une puissance de 270 chevaux. Quel est l’intérêt de cette mécanique ? Un couple plus élevé de 270 livres-pieds obtenu à bas régime. Je ne l’ai pas mise à l’essai, mais mon collègue Samuel Lessard n’a eu que de bons mots pour cette mécanique, il n’hésiterait pas à la considérer.
Si ce n’est pas suffisant, Jeep propose aussi un V6 EcoDiesel de 3,0 litres qui développe une puissance de 260 chevaux, mais produit surtout un couple impressionnant de 442 livres-pieds, ce qui en fait une mécanique redoutable en hors-route. Il n’est toutefois offert que dans les versions à quatre portes et il entraîne un coût d’achat beaucoup plus élevé, aux environs des 10 000 $ ; il en est de même pour les frais d’entretien. J’éviterais.
Pour 2021, Jeep offrira le Wrangler 4xe, une version hybride rechargeable qui devrait offrir une autonomie électrique d’environ 40 kilomètres ; ce sera une première dans l’histoire de la marque. Le modèle comportera un moteur à 4 cylindres turbocompressé de 2,0 litres jumelé à un moteur électrique ; l’ensemble développera 375 chevaux et produira un couple impressionnant de 470 livres-pieds.
Conduire un Jeep Wrangler, c’est faire partie d’une confrérie. J’ai dû m’habituer à me faire saluer et à devoir saluer quand je croisais un Wrangler, c’est de bonne guerre. Le modèle présente deux personnalités. Hors du bitume, il est redoutable ; j’ai eu la chance de traverser le sentier du Rubicon il y a quelques années lors de l’introduction de la version Unlimited, c’était mémorable. Aucun autre véhicule n’aurait pu gravir les rochers qui se dressaient devant nous, c’est impressionnant de voir toutes les technologies du Wrangler Rubicon travailler de concert.
Équipé de bons pneus d’hiver, le véhicule devient également une arme redoutable dans les pires conditions hivernales. Besoin de vous stationner en ville alors que rien n’a été déneigé ? Pas besoin de sortir la pelle, le Jeep Wrangler peut assurément s’insérer partout où vous le désirez et, surtout, vous en sortirez sans encombre devant les yeux ébahis de tous ceux qui pellettent pour dégager leur voiture.
De l’autre côté de la médaille, toutes ces capacités ont un effet sur son comportement routier. Sa direction démultipliée, ses pneus ultra larges et sa suspension à grand débattement procurent une conduite déconnectée de la route, le tout devient désagréable lors des longs trajets sur l’autoroute. C’est le prix à payer, mon Wrangler d’essai me l’a rappelé à maintes reprises lors de mes randonnées.
Si se retrouver à bord d’un Jeep Wrangler demeure une expérience en soi, j’ai eu le plaisir de retirer les deux panneaux avant du toit rigide afin de profiter des plaisirs de la conduite à ciel ouvert par une belle journée d’automne ; peu de véhicules peuvent se vanter d’offrir une telle expérience.
Beaucoup plus civilisé avec les années, le Jeep Wrangler offre une expérience et un sentiment de liberté uniques. Son prix reflète également son changement de statut, il lorgne du côté des véhicules de luxe, mon modèle d’essai se détaillait à plus de 65 000 $.
Heureusement, le Jeep Wrangler conserve sa valeur, et sa fiche de fiabilité, quoique pas parfaite, n’est pas trop problématique. Il n’a pas d’égal, difficile de ne pas le recommander.