Les camions pleine grandeur, particulièrement les HD, c’est une lutte à finir entre trois constructeurs américains. Ils se lancent la balle année après année à savoir lequel est le plus puissant, le plus technologique, le plus luxueux. Comme il fallait s’y attendre, le Chevrolet Silverado HD tente le tout pour le tout.
Le Chevrolet Silverado HD n’a aucun scrupule sur le plan du design. La devanture est grosse, presque disproportionnée, les roues sont clinquantes et les marchepieds latéraux intégrés dans la caisse accrochent l’œil au passage. De prime abord, je l’ai trouvé disgracieux, voire même grossier.
Mais après une semaine à m’y attarder, j’ai fini par l’apprécier. Peut-être que cette version haut de gamme High Country qui jongle habilement avec l’élégance et la vantardise y est pour quelque chose. Sa grille de calandre exclusive avec le logo du nœud papillon en plein centre, ses pare-chocs de couleur harmonisée et ses écussons criards sur les ailes avant et le panneau de caisse la distingue des autres versions moins équipées nommées WT, Custom, LT et LTZ.
J’aime aussi le souci du détail dans les phares en deux sections, les rétroviseurs latéraux gigantesques bien positionnés et les feux de gabarit positionnés sur le toit. Et au final, la convivialité des marchepieds intégrés dans la benne est telle que j’ai fini par les oublier. Tout ça dans la couleur Rouge Carmin qui donne un côté « m’as-tu vu » typiquement américain.
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Sachez cependant que le prix est aussi sans scrupule, à près de 100 000 $. C’est carrément exorbitant. Les options, telles que le moteur diesel, les marchepieds latéraux électriques et les roues de 20 pouces font surchauffer la calculatrice. Même si c’est presque indécent, ce ne l’est pas plus que Ford et Ram qui ont un schéma de prix similaire.
L’habitacle d’un Chevrolet Silverado HD, c’est quasiment une relation amour-haine. D’un côté l’équipement généreux, qui comprend entre autres des sièges ventilés et chauffants, un affichage tête-haute, une recharge par induction avec Apple CarPlay sans fil et un rétroviseur caméra, nous flatte dans le sens du poil. Les sièges avant sont aussi confortables et assez larges pour accepter tous les gabarits.
Il y a aussi l’ergonomie qui est bien pensée. Les commandes sont bien placées, notamment celles à gauche du volant qui permettent de contrôler les modes de conduite et le rouage. Mention spéciale aux espaces de rangement nombreux et spacieux, dont les deux coffres à gants. Ceci confirme qu’un camion de la sorte doit être pensé comme un outil de travail et GM ne l’a pas échappé.
Mais qui a dit que fonctionnalité devait rimer avec absence de design? C’est là où je déchante puisque le tableau de bord est terne, les boutons font bon-marché et la qualité des matériaux est indigne d’un véhicule de 100 000 $. Aussi, l’écran d’infodivertissement, quoique facile à utiliser, fait seulement 8 pouces et l’instrumentation n’a rien de spectaculaire. En comparaison avec le Ram 2500, le Chevrolet Silverado HD fait pâle figure en matière d’habitacle.
À l’arrière, la banquette est spacieuse et l’assise se relève pour dévoiler un espace de rangement. De ce côté, c’est équivalent à tous les autres camions du marché.
Deux moteurs sont proposés avec le Silverado HD et c’est le plus caractériel qui prend place sous le capot de mon véhicule d’essai. V8 turbodiesel de 6,6 litres d’une puissance de 445 chevaux à 2 800 tours/minute et un couple astronomique de 910 lb-pi à 1 600 tours/minute, jumelé à une boîte automatique à dix rapports d’origine Allison. Au coût de 11 000 $, il prend la place du nouveau V8 à essence de 6,6 litres dont la puissance est de 401 chevaux et le couple de 464 livres-pieds.
Même si les chiffres du moteur diesel sont impressionnants, ils sont devancés par le V8 6,7 litres Powerstroke de Ford qui propose 475 chevaux et un monstrueux couple de 1 075 livres-pieds de couple. Le Ram 2500, toutefois, se fait faire la barbe sur papier avec son 6-en-ligne de 6,7 litres d’une puissance de 385 chevaux et d’un couple de « seulement » 850 livres-pieds.
Les dimensions d’un tel produit ne finiront jamais de me surprendre, pas plus que la performance du moteur. Tout en douceur, le V8 Duramax déplace le camion avec facilité, tandis que la transmission automatique enchaine les 10 rapports avec fluidité et transparence. Seul un petit vrombissement caractéristique des moteurs diesel pénètre dans l’habitacle autrement bien insonorisé, rappelant en sourdine le côté infatigable et tenace de l’engin.
À ce titre, le Silverado HD a quasiment ri de moi quand je lui ai accroché une roulotte de 3 200 kilos (7 000 livres) à l’arrière, soit à peine 40 % de la capacité maximale autorisée de 8 392 kilos(18 460 livres). Il l’a charriée avec une facilité déconcertante pour les 50 km que je l’ai trainée.
Sans aucune charge, je me suis fait brasser. La suspension sautille et le camion se dandine sur l’asphalte abimé du circuit routier québécois. Le simple fait d’ajouter du poids dans la caisse ou à l’arrière transforme le camion. Il devient plus civilisé et plus agréable à conduire. La maladresse fait place à la confiance et c’est à ce moment précis qu’on réalise qu’un tel camion est inutile quand on ne s’en sert pas à bon escient. Quelques mots au passage sur la direction. Elle demande un certain effort, mais elle a au moins la qualité de donner une certaine rétroaction au conducteur.
Mon High Country était équipé d’un système de caméras à 15 vues différentes qui prouve sa pertinence en situation de remorquage. Le simple fait d’engager le clignotant affiche une image de l’angle mort dans le système d’infodivertissement. Simple et convivial.
Comme consommation, j’ai obtenu 17 litres/100 km sur environ 450 km. C’est énorme, mais considérant la dimension, la robustesse et l’absence d’aérodynamisme du camion, ça passe.
Clairement, Chevrolet met l’accent sur les capacités. Le Silverado HD accomplit ce qu’on lui demande avec brio en raison d’une mécanique et d’une structure bien conçues, qui n’ont rien à envier aux autres camions américains concurrents. Cependant, son plus gros défaut est son habitacle décevant compte tenu du prix demandé.
Le recommandons-nous? Oui, si vous en avez réellement besoin. Comme les concurrents, sa mécanique complexe risque d’être problématique à long terme, mais ses capacités demeurent uniques. Et si vous voulez l’acheter sans avoir besoin de ses capacités, tournez-vous plutôt vers un 1500, vous serez mieux servi!