Je vais peut-être reculer dans vos souvenirs, mais la dernière fois que Kia a présenté un VUS intermédiaire à 7 places, c’était le Borrego, en 2008. Lancé en pleine crise financière internationale, il a subi un échec monumental, et on l’a retiré de la gamme en 2011. Il faudra attendre 10 ans avant que Kia ne s’essaie à nouveau dans le segment, et c’est là qu’on découvre le Telluride. Autre temps, autres mœurs.
Tout est toujours une question de goûts, mais je dois admettre avoir un petit faible pour le style du Kia Telluride. Contrairement à d’autres comme le Honda Pilot et le Toyota Highlander, pour ne pas les nommer, il présente une ligne de camion angulaire tout en affichant une certaine souplesse. On compte sur plusieurs niveaux d’équipement dans sa gamme. Fait particulier et moins démocratique pour les budgets plus serrés, il n’y a pas réellement de versions de base, ça commence directement avec l’EX (48 205 $). L’allure est déjà affirmée, et, pour y voir une variation, on doit passer au SX (53 205 $) sur des jantes de 20 pouces et non 18 comme l’EX. Vient ensuite le SX Limited (56 705 $) et, au-dessus, si l’on ajoute encore un peu plus d’argent, on peut prendre l’édition nocturne, une nouvelle option à 1 000 $ en 2021. Le prix atteint alors 57 705 $.
- À LIRE AUSSI : Peut-on remorquer 4 200 livres avec un Kia Telluride 2021?
- À LIRE AUSSI : Kia Telluride 2020 : au sommet de son art
Quelles sont les distinctions ? Tout ce qui brille disparaît, même dans l’écusson Kia. Pour une fois, un constructeur applique la notion « nocturne » au complet. Tout y passe : les plaques de protection, les longerons de toit, la calandre, la ceinture de fenestration, tout. On favorise soit le noir ou un chrome fumé très foncé. C’est de bon goût d’autant plus qu’on retrouve un maillage différent à la grille de calandre et des jantes noires de 20 pouces. Pour accentuer l’effet « militaire », le Telluride à l’essai avait une peinture vert mousse à 250 $.
L’habitacle est l’un des éléments qui séduisent. Le design intérieur se veut moderne tout en montrant une certaine touche de conservatisme. La tendance d’une impeccable finition demeure chez Kia. Bien que les matériaux soient d’une grande qualité, j’aimerais que les appliques décoratives, à défaut d’être vraies, soient plus convaincantes.
Toutes les commandes sont claires, logiquement placées et faciles à manipuler. Avec l’édition nocturne, on jouit de toutes les caractéristiques du Limited, le plus équipé. Il ne manque rien, climatisation à 3 zones, écran multimédia de 10,25 pouces, sièges chauffants/ventilés aux deux premières rangées, toit ouvrant panoramique double, sellerie de cuir, interphone et ainsi de suite. Le confort à bord est notoire. Par contre, j’aimerais que les assises soient un peu plus cintrées. J’ai un questionnement : on se demande pourquoi le Telluride, à près de 60 000 $, n’a pas une instrumentation numérique comme dans presque tous les autres produits sud-coréens ?
Comme il a une vocation familiale affirmée, il « coche » toutes les bonnes cases. Avec une position haute, la visibilité se montre excellente sous tous les angles. On inclut des dégagements généreux et un confort agréable pour tous. Même les trois places du coffre offrent suffisamment d’espace pour que les personnes, idéalement des enfants, y trouvent leur compte. L’accès est facile avec un mécanisme simple pour mettre le siège de deuxième rangée en mouvement.
Dans le coffre, avec le dossier de tous les sièges de la 3e rangée relevée, on est à 601 litres, 1 304 litres quand on est 4 individus à bord et 2 455 litres quand tout est abaissé. On peut rabattre le dossier des sièges de la deuxième rangée en appuyant sur un bouton dans les parois du coffre ; et il faut souligner que le plancher est complètement plat. À titre de comparaison, le Honda Pilot donne 524, 1 583 et 3 072 litres.
Kia offre une seule motorisation, un V6 de 3,8 litres qui développe une puissance de 291 chevaux à 6 000 tours/minute et produit un couple de 262 livres-pieds à 5 200 tours. Il est jumelé à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports. On compte aussi sur la présence d’un rouage intégral très intéressant avec 7 modes de conduite. Sur la route, en fonction de notre personnalité du moment, on peut jouer avec ECO, Smart, Sport et Confort. Quand les conditions changent, il est alors possible d’adapter le rouage selon les modes Sable, Boue et Neige.
Après quelques tergiversations, Kia a enfin confirmé hors de tout doute que le Telluride présente une capacité de remorquage de 2 273 kilos (5 000 livres). Une erreur s’était glissée dans le manuel du propriétaire : on mentionnait que le poids autorisé au timon n’était que de 159 kilos (350 livres). Harmonisée, cette information est validée à 227 kilos (500 livres), tout est en règle.
Moteur et transmission travaillent très bien ensemble. On ne ressent pas le même « punch » qu’au volant du Honda Pilot à l’accélération, mais la gestion générale de la mécanique du Telluride est plus souple.
Sur la route, le Telluride n’est pas le plus sportif ni le plus mou, il est équilibré. Les suspensions offrent le confort attendu d’un VUS à vocation familiale. Elles sont assez fermes pour un dynamisme sans compromis sur notre bien-être. La direction vient avec plusieurs personnalités en fonction du mode de conduite. Je préfère la configuration « Sport » qui augmente la communication avec le conducteur. Avec les autres modes, la direction devient plus aseptisée avec une impression de flou au centre.
J’ai profité de l’essai pour mettre ses fameux modes de conduite à l’épreuve, plus particulièrement « Boue ». Ayant découvert un chemin de chasse peu invitant, j’ai testé le rouage et je dois me rendre à l’évidence : ce n’est pas un Jeep Grand Cherokee, mais son rouage performe mieux que celui du Toyota Highlander ou du Nissan Pathfinder. Comme il se doit, il vient avec toutes les aides et les assistances à la conduite connus chez les Sud-Coréens.
Au cours de mon essai, j’ai parcouru plus de 1 500 kilomètres dans diverses conditions. Au compte, avec un véhicule équipé de pneus d’hiver, j’ai terminé avec une consommation moyenne de carburant de 10,4 litres/100 kilomètres.
Dès le départ, le Kia Telluride m’avait impressionné. Deux ans plus tard, notre réserve tombe suivant un bilan de fiabilité sans faute majeure. Nous le recommandons et, en plus, lui et son jumeau, le Hyundai Palisade, passent devant les ténors que sont les Honda Pilot, Toyota Highlander, Ford Explorer, Volkswagen Atlas et autre Subaru Ascent. Les seuls points que nous trouvons irritants avec le Telluride, ce sont les coûts et les frais d’entretien intensifs demandés par Kia. Pour le reste, il a le titre de champion.