Difficile pour Genesis de s’imposer devant des marques de prestige qui ont plus de 100 ans d’histoire. Genesis arrive malgré tout dans la joute en donnant une collection de coups de coude dans les côtes de ses adversaires allemands et nippons avec la Genesis G70 3.3T Prestige AWD 2020.
Au début de son histoire, la marque Genesis se cherchait avec un design plus ou moins affirmé. La G70, étant la première Genesis sans précédent chez Hyundai. On se souvient que la G90 était la Hyundai Equus et la G80, la Hyundai Genesis. Avec le style amélioré de la G90 pour 2020, la nouvelle G80 et le VUS GV80 2021 l’an prochain, on prend maintenant une direction claire et affirmée chez Genesis. Dès 2021, la G70 subira un important coup de pinceau pour être mise au goût du jour et suivre les tendances imposées par les autres véhicules de la marque.
Pour l’instant, on se retrouve avec la version originale lancée en 2018. On découvre une grille de calandre massive à l’image des autres marques de luxe. Les projecteurs de petite taille pointent vers l’intérieur avec un regard sévère. Le profil suit encore une fois l’approche européenne avec un long capot et une cabine légèrement déportée vers le coffre. Genesis cherche à se distinguer avec des sorties d’air chromées en forme de crochet sur les ailes avant. Même si elles sont fonctionnelles, leur générosité en impose un peu trop. La version Prestige à l’essai offrait des jantes à cinq rayons doubles de 19 pouces. Pour l’arrière, manifestement, les stylistes ont eu un peu moins d’inspiration. On a l’impression de se retrouver face à une Honda des années 2000. Genesis prend bien soin de mettre en évidence les deux pots d’échappement ovoïdaux dans un diffuseur noir contrastant avec la carrosserie. Comme le groupe Hyundai/Kia/Genesis nous y a habitués au cours des dernières années, la qualité de l’assemblage et de la peinture se compare avantageusement à ce qui se fait de mieux dans l’industrie.
Ce n’est un secret pour personne, le consortium Hyundai/Kia/Genesis sait bien faire des présentations intérieures. Chez Genesis, on repousse un peu plus loin la question de l’esthétique en lui conférant une allure plus dynamique, du moins dans le cas de la G70. La version Prestige à l’essai se montre particulièrement invitante avec ses cuirs deux tons en brun et noir. Ça vaut le coup d’œil. Comme il se doit dans le segment, tout l’habillage de la planche de bord et des portières est de cuir avec surpiqûres diamantées. Le seul défaut que j’y ai vu : si l’on porte attention, on réalise que plusieurs boutons et commandes viennent directement de Hyundai. À ce chapitre, Genesis devrait faire un effort de distanciation avec sa marque plus prolétaire.
Les sud-coréennes sont reconnues pour la générosité de leurs accessoires, c’est aussi le cas de la G70. Il ne manque absolument rien ; tous les gadgets connus sont présents, de l’affichage tête haute à la conduite semi-autonome. Fait étrange, on ne retrouve pas d’instrumentation à 100 % numérique comme dans les Sonata et Palisade. On suppose que, lors du rafraîchissement de l’an prochain, cet accessoire sera de la partie. Même constat d’absence pour l’écran multimédia de 10,25 pouces. L’approche est plus conservatrice, mais demeure efficace. Les plus récentes générations de systèmes d’infodivertissement des Sud-Coréens font office de référence pour leur ergonomie.
Là où la Genesis G70 perd des plumes, c’est au chapitre de l’espace intérieur. À l’avant, on s’en satisfait, mais, à l’arrière, les dégagements sont particulièrement exigus. Les jambes et la tête en souffriront que ce soit pour l’accès ou la proximité avec le dossier avant et le plafond. Au moins, on jouit de plusieurs accessoires pour se distraire de l’inconfort. Du côté du coffre, la G70 subit les conséquences de sa taille. On n’obtient que 297 litres contre 310 dans la Lexus IS et 382 dans l’Infiniti Q50, ses deux plus proches concurrentes. Pour plusieurs, ce sera un handicap.
La G70 se présente avec deux choix de motorisations. À l’ouverture de la gamme, il s’agit d’un quatre-cylindres de 2 litres turbocompressé de 252 chevaux. La version à l’essai venait avec l’autre option, un V6 biturbo de 3,3 litres qu’on connaît bien. Ce dernier propose une belle puissance de 365 chevaux à 6 000 tours-minute et produit un couple de 376 livres-pieds dès 1 300 tours. On jouit donc de sa vélocité très tôt quand on titille l’accélérateur. Malheureusement, cette mécanique, contrairement au 2-litres, n’est pas livrable avec une boîte de vitesses manuelle. On obtient une compétente automatique à 8 rapports. Il faut aussi mentionner que le 2-litres arrive de base en stricte propulsion, alors que la transmission intégrale s’invite rapidement comme dans le modèle à l’essai. Je me permets de souligner que la G70 est la jumelle technique, notamment au chapitre de la plateforme, de la Kia Stinger.
Ceux qui ont écouté l’émission RPM en match comparatif il y a deux ans entre la Genesis G70 et l’Infiniti Q50 se souviendront que la G70 ne nous avait pas particulièrement impressionnés dans un contexte de conduite dynamique. C’est d’ailleurs ce qui lui avait fait perdre des plumes face à la japonaise. Dans les conditions de tests de RPM, on pousse la voiture pour en découvrir les limites. Au quotidien, la G70 peut difficilement être prise en défaut.
La structure ne montre aucun signe de faiblesse. Par contre, la direction n’offre pas une grande communication, mais demeure assez précise. En conduite agressive, les suspensions peinent à suivre la cadence entraînant des mouvements de caisse et, même, du sous-virage. En contrepartie à moins d’attaquer une courbe comme un pilote de course, les éléments suspenseurs tiendront le coup sans broncher. On retrouve une belle forme de dynamisme derrière le volant. Cette réalité prend tout son sens quand on joue avec l’un ou l’autre des modes de conduite, mais plus particulièrement avec le mode « Sport ». Sa programmation intervient sur les composants habituels comme la direction, la transmission, la réactivité du moteur et la fermeté des amortisseurs. Elle n’est pas à la hauteur des berlines allemandes, mais elle se débrouille très bien. La G70 a exactement le même problème que les TLX, Q50 et IS de ce monde ; on ne perçoit pas le même degré de raffinement technique et de précision que du côté des allemandes.
Il faut que je parle de l’intégration des aides et des assistances à la conduite. On sait que le constructeur ne se gêne pas pour en offrir en grande quantité. Dans la G70, on les obtient toutes. Ce qui est aussi intéressant, c’est la qualité de la calibration des systèmes. La conduite semi-autonome impressionne. Contrairement à BMW où l’on fait littéralement la balle de ping-pong entre les lignes, chez Genesis, on suit le marquage routier dans un mouvement fluide. De plus, on se permet un temps de grâce plus long que la moyenne sans devoir toucher le volant. Évidemment, après un certain temps, on nous ramène à l’ordre et on nous invite clairement à intervenir.
C’est un peu toujours le même constat. On perçoit que Genesis est très près d’arriver à la hauteur des allemandes, et l’on se dit la prochaine fois. Dans le cas de la G70, comme premier jet dans le monde des berlines sportives compactes, on frappe fort. Avec le rafraîchissement prévu pour 2021, il se pourrait très bien qu’on corrige plusieurs des petites lacunes de la G70. Il m’apparaît évident que Genesis n’a pas l’intention de jouer les seconds violons. Déjà, elle jouit d’une réputation enviable en matière de fiabilité, de plus faibles frais d’entretien et une meilleure garantie. À mon avis, les Audi A4, BMW Série 3 et Mercedes-Benz Classe C doivent regarder ce nouveau vigoureux nouveau joueur avec une certaine inquiétude. Déjà, pour cette première joute, les coups de coudre ont fait mal et laisser quelques ecchymoses.