Que l’attaque vienne de GM ou de Stellantis (Chrysler/Dodge/Ram), Ford n’a jamais été du genre à se laisser intimider, et c’est d’autant plus vrai quand on parle de camionnettes. Lancé en 2010 et 3 générations plus tard dans le monde des camionnettes de l’apocalypse du désert, le Raptor n’avait jamais réellement eu de concurrence. Puis, en 2021, Ram a introduit le TRX, un monstre équipé d’un V8 HEMI de 6,2 litres qui développe une puissance de 702 chevaux et produit un couple de 650 livres-pieds. Pour la première fois de son histoire, le Raptor semblait faible avec son V6 de 3,5 litres de 450 chevaux. Il n’aura fallu que deux ans à Ford pour répliquer et ajouter la lettre R au Raptor pour créer un autre monstre à son tour de 700 chevaux.
Pareil pas pareil
Dans l’empressement de sortir le R le plus rapidement possible, Ford n’a pas laissé le temps au département de design de s’amuser. Sur le plan esthétique, les changements du R face au Raptor régulier sont très limités. En réalité, le renflement de capot, ce composant de plastique noir, est plus élevé de 1 pouce pour faciliter l’aération du V8, on retrouve un R en rouge dans la grille de calandre et des décalques décoratifs exclusifs. C’est tout.
Bien que les différences entre un Raptor et un Raptor R soient très limitées, il faut dire que ce n’est pas une gamme qui est à court de personnalité. Comme il adopte sa propre configuration de carrosserie, la calandre, le pare-chocs avec ses antibrouillards, le capot, les ailes et les jantes lui sont tous exclusifs. Il faut savoir que le R vient de facto avec l’ensemble de performance Raptor 37 qui inclut des jantes de 17 pouces équipés de pneus BFGoodrich All-Terrain T/A KO2 de 37 pouces (L37x12.50R17LT).
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Ce que j’aime du Raptor, dès le premier coup d’œil, on sait qu’il s’agit d’un produit qui n’a rien d’ordinaire, qu’il est fait pour donner des sensations fortes. Il y a plusieurs éléments qui attirent l’attention que j’apprécie. C’est le cas des roues, de la grosse plaque de protection, des ouvertures profilées dans les ailes avant et du fait que les voies soient passablement plus larges que celles d’un simple F-150. Si l’on considère le rapport performances/prix du R, je pense que Ford aurait dû lui donner au moins un élément de style très distinctif qui l’aurait plus facilement départagé du Raptor régulier.
Recaro et fibre de carbone
Dans l’habitacle, on sait retrouver rapidement ses aises, on est indéniablement dans un F-150. Toutefois, le fait de passer au R nous donne des sièges Recaro dont le confort est digne de mention. Ces derniers sont partiellement recouverts de cuir et d’Alcantara. Ça fait du bien d’être assis dans une camionnette qui offre du maintien pour le corps et non pas des « fauteuils ». En plus des surpiqûres et des appliques RAPTOR, ce qui retiendra l’attention est l’inclusion d’appliques de vraie fibre de carbone décoratives.
Pour le reste, on suit l’approche des autres F-150, notamment avec l’instrumentation numérique de 12 pouces dont le design graphique est l’un des plus beaux de l’industrie. En revanche, bien qu’on ait un spectacle aux changements de mode de conduite, on retrouve toujours la configuration originale. Au centre, le R vient automatiquement avec l’écran de 12 pouces qui intègre le système multimédia SYNC4. Avec cette génération de SYNC, on peut enfin dire que Ford livre la marchandise en matière d’infodivertissement, il est rapide, complet et, surtout, ergonomique. Comme on parle d’une camionnette, il fallait conserver une pointe de tradition comme en témoignent les commandes de climatisation et de la radio.
Même si le R est fait pour aller où personne n’envisage d’aller, il conserve les qualités pratiques du F-150 avec beaucoup de rangement et une foule de solutions qui nous facilitent la vie, comme l’aménagement sous la banquette arrière.
Merci GT500
Au même titre que Ram a pigé sous le capot du Challenger Hellcat pour créer le TRX, Ford a pigé sous le capot de son Muscle Car, la Shelby GT500 pour créer le R. D’abord, je dois vous dire que ce moteur coûte une fortune. En effet, l’option pour passer du Raptor au Raptor R est de 40 730 $. En décaissant ce montant, vous obtenez un V8 suralimenté de 5,2 litres dont la puissance est de 700 chevaux, et le couple, de 640 livres-pieds. C’est un bond de géant face au Raptor régulier qui n’a que 450 chevaux et 510 livres-pieds. Évidemment, considérant que le Raptor est fait pour le Baja et non pas la piste, une collection d’améliorations ont été apportées à la motorisation pour plus de robustesse par Ford Performance
Il faut dire que ça marche. Déjà, le Raptor n’est pas en reste, là, on est dans une autre dimension. On peut littéralement tout arracher et l’on se retrouve avec un sentiment d’invincibilité. Si la boîte de vitesses automatique à 10 rapports se montre souvent hésitante dans les autres F-150, ce n’est pas le cas ici. Les ingénieurs l’ont revisitée pour qu’elle soit plus réactive.
Le Raptor compte sur une foule de modes de conduite, tous plus extrêmes les uns que les autres, dont Baja, qui nous permet non seulement d’aller absolument partout et le faire à haute vitesse. Dans la boue, il est capable. Il faut dire que Raptor vient avec des suspensions hautement technologiques avec des amortisseurs FOX, notamment. À ce compte, avec sa généreuse garde au sol et ses angles d’approche, de rampe et de départ très agressifs, il passe pratiquement partout. La suspension adaptative offre un confort inégalé sur la route pour une camionnette. Sérieusement, on flotte sur le pavé sans rien sentir, même les nids-de-poule. Croyez-moi sur parole, j’en ai volontairement aligné quelques-uns!
Pour plus de personnalité et de petit plaisir coupable, à partir du volant, on peut régler la fermeté des suspensions, la sonorité de l’échappement et la résistance de la direction. Vous comprenez qu’on passe d’un extrême à l’autre. L’échappement sur le mode silencieux est à propos tôt le matin, mais sur le mode « Baja », sa sonorité réveille les morts. Pour la direction, sur le mode Sport, j’affirme que c’est le modèle que TOUTES les camionnettes devraient avoir. Enfin une camionnette avec une direction communicative et précise. Je croyais rêver! Qu’on soit au fond d’une mine ou sur la route, on prend un réel plaisir à conduire ce monstre mécanique.
Sans surprise, la consommation est élevée, mais je dois admettre que je m’attendais à pire que les 20,7 litres/100 kilomètres que j’ai obtenus. Il importe de souligner que je n’ai pas exploité sa capacité de remorquage de 3 946 kilos (8 700 livres), 227 kilos (500 livres) de plus que le Raptor durant l’essai.
Conclusion
Les ingénieurs de Ford Performance ont créé un produit qui est non seulement outrageusement véloce, mais il est étonnamment équilibré. Personnellement, je vois difficilement l’intérêt de payer quelque 40 000 $ pour le V8 alors que V6 fait bien le travail. Il est certain que le Ford Raptor R conservera une forte valeur de revente et qu’il sera à court terme un véhicule de collection. Toutefois, avec une facture de 150 000 $, c’est beaucoup d’argent. Même s’il s’agit d’une super camionnette, raisonnablement, je dois vous dire qu’il s’agit d’un produit dont la mécanique sera capricieuse et coûteuse à entretenir d’autant plus qu’il fonctionne avec un indice d’octane de 91. Sa fiabilité doit être démontrée. Nous vous recommandons d’attendre ou de vous rabattre sur le Raptor régulier.
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