Les fourgonnettes sont souvent boudées pour la simple raison qu’elles sont des fourgonnettes. Trop ennuyantes, trop laides, trop stéréotypées… bref, tous les arguments sont bons pour favoriser l’achat d’un VUS plus tendance. Kia essaie cependant de renverser la vapeur avec l’arrivée de la flamboyante Carnival, que j’ai mise à l’essai. Parviendra-t-elle à faire oublier ce qu’elle est vraiment?
La Kia Carnival vient remplacer la Sedona qui était vendue depuis 2015. Carnival, c’est le nom que portait la Sedona ailleurs qu’en Amérique du Nord. Le but du changement de nom est d’harmoniser la nomenclature mais, parallèlement, essayer de faire oublier qu’elle est une fourgonnette.
L’approche de design est pour le moins originale. Ses lignes tranchées, sa grille clinquante, son capot élevé et ses feux de jour sont du plus bel effet. Ce qui vole la vedette cependant c’est le crochet satiné et diamanté sur le pilier C, qui se prolonge vers l’arrière sur le hayon. Il découpe, en quelque sorte, la troisième vitre et donne une apparence plus robuste au véhicule. Ajoutez les plaques de protection en bas de caisse et une portion arrière assez classique et vous obtenez une apparence distinctive, élégante et… proche d’un VUS.
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Plusieurs aspects trahissent cependant sa vocation : les proportions typiques, la garde au sol assez basse, la longueur de capot et les deux portières coulissantes. Il s’agit bel et bien d’une fourgonnette, et à mon avis, il n’y a rien de mal là-dedans.
Plusieurs versions sont proposées, en partant de la LX de base jusqu’à la SX testée, en passant par les LX+, EX et EX+. Le prix commence à 36 460 $ et culmine à 50 260 $ pour la version SX.
Le tableau de bord de la version SX est carrément spectaculaire et n’a pas d’équivalent dans la catégorie. J’ai d’abord été impressionné par l’instrumentation numérique de 12,3 pouces et l’écran d’infodivertissement de la même taille, tous deux réunis dans un même ensemble, à la manière Mercedes-Benz. Les détails graphiques sont clairs, l’instrumentation est limpide et facile à lire et le système d’infodivertissement est intuitif. De plus, le tableau de bord bas et les piliers minces améliorent la visibilité vers l’avant et la qualité de fabrication est sans reproche, avec des matériaux de qualité.
Ce n’est pas l’équipement qui manque à bord de cette SX non plus : sièges chauffants et ventilés, toit ouvrant à double panneaux, cuir véritable, chaine audio Bose performante, caméras 360 degrés, rideaux arrière, lampe d’approche, portes à ouverture intelligente. Bref, on est ébloui dès le départ.
Une fois l’émerveillement passé, on se rend rapidement compte que la Carnival fait des concessions en matière de côté pratique. La console centrale manque d’espace de rangement, le levier de vitesse prend trop de place et les commandes de climatisation sont placés trop bas et trop loin dans la console. On est loin ici de l’ergonomie impeccable de la Honda Odyssey.
C’est un peu la même chose à la seconde rangée. La version SX avec ses baquets électriques inclinables, chauffants, ventilés et avec repose-pied transforme la Carnival en limousine. Malheureusement, ils font malheureusement perdre le côté pratique; ces baquets ne peuvent être ni retirés, ni repliés.
Par chance, toutes les autres versions ont des sièges de seconde rangée moins complexes et plus conviviaux. Ils sont amovibles – non sans efforts – et disposent même d’une assise centrale rabattable, qui sert de table ou de place supplémentaire pour accueillir jusqu’à huit personnes. La troisième banquette est la même pour toutes les versions et elle se rabat dans le plancher en un tournemain.
Sous la carrosserie se cache la nouvelle plateforme N3, laquelle est également utilisée pour le Kia Sorento. La Carnival est donc plus longue et légèrement plus haute que la Sedona qu’elle remplace, sans compter l’empattement allongé de 30 mm. Sous le capot se retrouve un V6 3,5 litres SmartStream de 290 chevaux et 262 livres-pieds de couple, un moteur qui n’est partagé avec aucun autre modèle en Amérique du Nord. Une boîte automatique à huit rapports transmet la puissance aux roues avant. Même si elle s’inspire d’un VUS, la Carnival ne propose pas de rouage intégral.
L’évolution mécanique de la Kia Carnival est somme toute timide et ça transparait dans le comportement routier. En fait, on a l’impression d’avoir affaire à une version plus légère et plus vive de la Kia Sedona qu’elle remplace. L’accent est toujours mis sur le confort de roulement et la douceur, mais la suspension légèrement plus ferme lui permet de conserver une meilleure stabilité sur la route. La direction offre aussi une meilleure rétroaction et une meilleure assistance, ce qui améliore le plaisir au volant.
Le V6 ne manque pas de cœur au ventre et est très à l’aise pour déplacer la caisse. Il ne faut pas hésiter à le faire monter dans les tours, puisque le couple disponible à bas régime est limité. La transmission à huit rapports semble parfois endormie et nécessite un coup de fouet pour rétrograder, ce qui se fait parfois avec hésitation, un problème en partie réglé par le mode Sport.
Pour le confort, c’est 10/10. Les sièges sont moulants et le silence de roulement est impeccable, si ce n’est d’un bruit de vent situé près du pare-brise. La chaine audio est performante et dispose d’un mode silence qui permet aux occupants arrière de se reposer, tandis qu’on écoute de la musique à l’avant. Aussi, les assistances à la conduite – régulateur de vitesse intelligent, moniteur d’angles morts avec affichage dans l’instrumentation et suivi de voie – fonctionnent très bien.
La consommation de carburant enregistrée est de 10,7 litres/100 km, ce qui se compare à la Honda Odyssey ou la Chrysler Grand Caravan/Pacifica, mais qui est supérieur à la consommation de la Toyota Sienna hybride. Bizarrement, il n’y a pas de système arrêt-démarrage.
Même si j’ai été impressionné par la qualité de construction, le confort, l’équipement et le style, je ne peux m’empêcher de constater que la Kia Carnival 2022 néglige certains aspects propres aux fourgonnettes. Le manque d’espace de rangement à l’avant et les sièges fixes de la version SX me semblent contraire à ce qu’une fourgonnette devrait être.
Malgré tout, son prix alléchant la rend plus abordable que toutes les autres concurrentes équipées de manière équivalente. La meilleure version est à mon avis la EX avec son prix intéressant et ses caractéristiques équilibrées. Patientons avant de vous la recommander, toutefois, puisqu’il s’agit d’un nouveau produit. Et je continue d’espérer une version à rouage intégral ou encore une version hybride.