Comme dans l’univers des berlines, c’est dans la catégorie intermédiaire de prestige que l’on retrouve les meilleurs VUS au monde. Qu’il s’agisse du Audi Q7, du Porsche Cayenne ou du Mercedes-Benz GLE, ils sont souvent les vitrines technologiques du constructeur, et bien sûr, c’est extrêmement rentable.
Fondateur de ce segment de plus en plus en vogue – avec le Mercedes-Benz de Classe M –, le X5 demeure un pilier, autant pour BMW que pour l’ensemble de la catégorie. Et ce marché de VUS de luxe s’est diversifié à une vitesse grand V… pratiquement tous les fabricants de prestige y sont, même Maserati.
Le BMW X5 arrive donc en 2019 sous la forme d’une quatrième génération. On lui reconnaît toujours ses qualités dynamiques, son agrément de conduite et son orgie de gadgets.
Bien que plus imposante que jamais sur un X5, la grille à deux narines demeure contenue, pas aussi démesurée que la calandre qu’on peut maintenant voir sur le X7 et la Série 7. C’est quand même cette nouvelle grille qui marque le point de départ pour l’ensemble des lignes du capot. Sans surprise, BMW propose toutes ses plus récentes innovations incluant les projecteurs au laser dont la puissance aurait de quoi aveugler tous les cervidés qu’on pourrait croiser sur les routes de campagne. En bas de caisse, on découvre des formes déstructurées, sans réelle harmonie. Le tout échoue dans le département de la fluidité.
Au profil, on renoue avec une certaine normalité. Si la devanture se montre très (trop) expressive, les parois latérales manquent de panache. Il y a bien cette ouïe derrière l’arche de roue avant, mais pour le reste, ça tombe dans la banalité. BMW perpétue une présentation caractéristique des feux. Plus minces et élégants, ils épousent très bien les plis de la carrosserie. Deux pots d’échappement sont mis en évidence par leur habillage en chrome. Tout comme les générations qui l’ont précédé, ce X5 vieillira bien, mais sans éclat.
Fidèle aux marques allemandes, le X5 peut passer par le département des accessoires et de la décoration extérieure. Les jantes passeront de 20 à 22 pouces. Comptez aussi sur une vaste sélection de couleurs et de groupes d’apparat. Et chaque fois, votre main plongera plus loin dans votre poche.
De tout temps, BMW s’est fait une enviable réputation en matière de présentation intérieure. Cette génération du X5 ne fait pas exception. Pour optimiser l’excellente visibilité, le tableau de bord adopte une position très basse. Ici, on ne joue pas la carte de l’écran gargantuesque du GLE de Mercedes-Benz. Les designers optent pour une configuration plus conservatrice avec deux imposants moniteurs pour la transmission des informations. Suivant les dictats de la mode, l’instrumentation passe entièrement au numérique. On peut s’amuser dans le dédale de ses nombreux menus et de ses diverses présentations. La lecture ne pose pas de problème, il faut simplement prendre le temps de s’acclimater à la complexité des contrôles pour en assurer la gestion.
Le système multimédia iDrive de nouvelle génération se montre plus ergonomique que jamais auparavant. Par contre, avec des dizaines, sinon des centaines de tableaux différents, on se demande constamment où l’on peut trouver les données et les informations voulues. Comme l’expression le dit, trop ce n’est comme pas assez! J’imagine que c’est la dernière définition d’un produit de prestige.
Le X5 suggère un environnement à faire pâlir d’envie les plus luxueux salons. On découvre un superbe mariage de cuir, de boiseries finement travaillées, d’appliques d’aluminium brossées de même qu’un levier de transmission habillé de cristal. Les assises avant sont sans reproche; leur conception octroie détente, soutien et confort.
Avec l’ensemble Premium Excellence, une option à tout juste 16 500 $, on obtient tous les gadgets connus chez BMW. Ça va des sièges massants, en passant par l’affichage tête haute et toutes les aides à la conduite. Mais malgré ce prix indécent, pour avoir la vision nocturne, on doit quand même débourser 2 000 $ de plus. L’équipement est extrêmement complet.
À l’arrière, les dégagements impressionnent. Le pouponnage est moins évident qu’en première ligne, mais on apprécie le bien-être offert. Trois personnes peuvent y prendre place et profiter de la luminosité venant du toit panoramique. Pour le volume du coffre, l’esprit familial du X5 est reconduit avec une aire frôlant les 1 000 litres!
Un monstre. C’est ce qui se cache sous le capot. D’ici à ce que des motorisations plus écoénergétiques se présentent (PHEV), l’acheteur aura la possibilité de prendre un compétent six-cylindres en ligne de 335 chevaux, ou l’exceptionnel V8 de 4,4 litres que j’avais à l’essai. Vous voulez de la puissance, en voilà. Ce bloc développe 456 chevaux et 479 lb-pi de couple. D’ailleurs, BMW annonce un 0 à 100 km/h en seulement 4,7 secondes. Pour une masse de 2 420 kg, j’ai vu pire! Toutes les versions, incluant la mienne, adoptent une boîte automatique à huit rapports. Les changements de vitesse se font en souplesse, mais avec fermeté.
Comme c’est un VUS, les ingénieurs ont naturellement intégré le rouage intégral xDrive. Extrêmement performant, il fait passer la puissance d’une roue à l’autre avec fluidité afin d’optimiser la traction dans toutes les conditions routières.
Pratique, le X5 offre une capacité de remorquage de base enviable à 6 600 livres. Elle peut être majorée avec un ensemble de remorquage qui fait passer la pesée à 7 200 livres.
Le plaisir de conduire est littéralement la marque de commerce de BMW. Même s’il s’agit d’un VUS, BMW ne néglige pas cet aspect et malgré la lourdeur du X5, il est agile. Par contre, et bien que BMW ait l’habitude de maîtriser ce domaine, la direction m’a franchement déçu! Surassistée, elle manque vraiment de précision. Elle ne communique pas et je devais constamment corriger la trajectoire. Une pure hérésie considérant la marque. Heureusement, les suspensions – qui marquent un sans-faute – s’adaptent pour optimiser le comportement.
Chez BMW, comme pour tous les constructeurs de prestige, on découvre une collection de modes de conduite qui se marieront à vos envies. On peut passer d’un confort douillet à la brutalité des configurations plus dynamiques. En Sport+, la bête se débride avec férocité. Les différents programmes interviennent sur la gestion du moteur, de la transmission, des suspensions et de la direction. Le rouage est aussi influencé et favorise plus ou moins l’essieu arrière. Peu importe la situation, le X5 reste d’aplomb. N’eût été sa direction, il serait un exemple pour l’industrie.
Malgré le fait que le X5 à l’essai était « flambant neuf » avec moins de 2 000 kilomètres au compteur, j’ai eu quelques expériences pour le moins navrantes. Des tracas qui m’ont confirmé que le X5 cache encore des squelettes dans le placard.
Au moment de prendre les photos, sans raison, les fenêtres latérales se sont subitement abaissées toutes seules. Dans cette même lignée, après une bonne nuit de sommeil, j’aperçois que le hayon s’est ouvert sans mon intervention. Seule une force impénétrable sait pendant combien de temps il est resté dans cette position. Au moins, je n’ai pas trouvé de neige à l’intérieur. Finalement, après l’avoir stationné et en m’éloignant, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre le guttural grondement du moteur. Il venait de démarrer… dois-je préciser qu’il n’y avait personne dans le véhicule?
À la lumière de mes propos sur le X5, vous comprenez que je suis sorti de la période d’essai aussi impressionné que désarçonné – et déçu! Le X5 a tout pour être un produit d’exception. Malheureusement, il m’est impossible de vous le recommander. Comment un produit neuf peut avoir autant de problèmes de fiabilité? Quel sera le bilan une fois la garantie terminée, ou pire encore, à 200 000 kilomètres?