L’arrivée de normes antipollution de plus en plus sévères forcent les constructeurs d’automobiles à revoir le rendement de leurs motorisations thermiques. Certains commencent même déjà à les abandonner.
Bien que Mercedes-Benz soit dans la course de l’électrification avec ses modèles EQ, elle continuera, pendant quelques années encore, de proposer des modèles de haute performance AMG qui carburent à l’essence. Mais comment le célèbre motoriste d’Affalterbach fera-t-il pour adapter ses berlines et ses sportives à des normes toujours plus contraignantes ? Elle aura recours à l’ingénierie allemande, comme le témoigne la Mercedes-AMG C43 2023.
Raffinée, élégante et juste assez discrète
Fidèle à ses habitudes, Mercedes-Benz y est allée d’une approche restreinte pour le design de cette Classe C de cinquième génération (W206). Si vous trouvez qu’elle n’a pas beaucoup changé au premier coup d’œil, c’est qu’elle adopte une philosophie de design évolutive comme les marques allemandes savent si bien le faire.
Autrement dit, même si on croit qu’il n’y a rien de réellement nouveau, c’est quand on stationne cette C43 aux côtés de l’ancien modèle qu’on constate son progrès stylistique. Conservant les mêmes proportions qu’avant, la Classe C est élégante sans faire le superflu, sportive sans aller dans l’excès et raffinée sans disparaître du paysage automobile.
Déclinée en AMG 43, avec ses jantes, ses étriers de frein, sa grille de calandre, ses quatre tuyaux d’échappement et ses couleurs excentriques – comme le gris graphite Magno de mon exemplaire d’essai, je la trouve absolument magnifique.
Puisqu’il s’agit d’un premier contact en territoire européen, il est encore trop tôt pour connaître ses prix. Pour cela, il faudra attendre quelques semaines et sa commercialisation, qui est prévue à la fin de l’année.
Un habitacle qui contredit son design
Monter à bord d’une AMG C43 est tout aussi désagréable qu’auparavant en raison de l’ouverture étroite des portières et des sièges sport ornés d’épais soutiens latéraux. Mais une fois à assis dans le siège de conducteur, une personne de grand gabarit y trouve rapidement son compte grâce aux multiples réglages et options de confort. Je n’ai rien à redire sur la visibilité globale.
C’est dans l’habitacle qu’on constate où Mercedes-Benz a décidé de se défouler dans l’extravagance. Tirant toujours son inspiration d’un bateau de luxe par ses buses de ventilation circulaires et chromées (d’une forme et d’un design légèrement différents d’avant), cette planche de bord affiche un style futuriste qui frappe l’œil. Beaucoup moins subtile que le design du véhicule, elle est séparée en deux parties, avec une section supérieure recouverte de cuir et de surpiqûres jaunes, un rappel aux sièges de mon exemplaire. La partie inférieure, elle, est composée de fibre de carbone.
Étant donné que mon collègue, Sylvain Raymond, a déjà fait une analyse complète de cet habitacle dans le cadre de son premier contact de la Classe C ordinaire, j’éviterais de tout répéter. Je lève toutefois mon chapeau à l’excellent système de navigation avec réalité augmentée. Dans les étroites rues françaises où je conduisais cette berline allemande, il s’est révélé le compagnon dont j’avais besoin.
Pour la C43, les gourous d’AMG ont ajouté des touches, des accessoires et des technologies propres à cette version. On note un volant plus épais et recouvert d’alcantara avec leviers de sélection métalliques au volant.
Il y a ensuite deux molettes vers le bas, une à droite pour sélectionner les modes de conduite Comfort, Sport, Sport Plus, Individual et Snow (neige), et une à gauche pour configurer des réglages personnalisés, comme la sonorité de l’échappement ou, encore, la fermeté des amortisseurs adaptatifs. Un menu AMG dans le système multimédia, un thème graphique unique et des interfaces d’instrumentation mettant l’accent sur la sportivité sont également de la partie.
Bien que confortable, la Classe C continue de souffrir au chapitre du dégagement pour les jambes aux places arrière. Le dégagement pour la tête, lui, est suffisant, mais les grandes personnes n’aimeront pas que leurs genoux soient collés dans les panneaux en plastique qui recouvrent le dossier des sièges avant.
De l’ingénierie au pied carré
Là où la C43 impressionne vraiment, c’est dans ses avancements technologiques. Fini l’ancien moteur V6. On le remplace par un moteur à 4 cylindres turbocompressé de 2,0 litres. Tiré de l’AMG CLA 45, il a été installé longitudinalement dans le compartiment-moteur et incorpore un nouveau turbocompresseur inspiré de la Formule 1. Celui-ci intègre un minimoteur électrique qui permet de réduire le délai de réponse du turbo. Ce turbo permet aussi de souffler de l’air comprimé dans le moteur avant que les gaz d’échappement n’entrent de l’autre côté de la turbine.
De cette manière, le turbo est toujours actif et beaucoup plus efficace. Il a aussi les caractéristiques d’un turbocompresseur beaucoup plus volumineux sans prendre plus d’espace. Quelques faits intéressants : sa turbine peut tourner jusqu’à 175 000 tours/minute et comprime l’air dans le moteur à une pression de 3,5 bars (50 psi) ! C’est du jamais vu pour un modèle de production.
Comme si ce n’était pas suffisant, AMG a ajouté l’hybridation légère à 48 volts à ce moteur. Le résultat : une puissance incroyable de 402 chevaux et un couple de 369 livres-pieds. Tout est jumelé à une boîte de vitesses automatique à 9 rapports, à une transmission intégrale 4MATIC et au système à 4 roues directionnelles.
Des routes parfaites
Les routes alsaciennes où Mercedes-AMG tenait le lancement de ce modèle ont permis de déguster la C43 dans toute sa splendeur, soit sur l’autoroute A36 entre Colmar et Belfort sur le mode Confort, puis dans les étroites routes montagneuses sur le mode Sport +.
Dès qu’on met en marche le moteur de cette AMG, il est impossible de cacher le fait qu’il s’agit d’un 4-cylindres. Malgré les efforts du constructeur pour lui donner une sonorité enivrante, il ne reproduit pas le ronronnement de l’ancien V6. Même que, au ralenti, je déteste la sonorité de ce bloc-moteur qui me rappelle un moteur Diesel.
Cependant, les performances ne déçoivent pas. Même qu’elles éclipsent l’ancien moteur grâce à la réactivité presque instantanée du turbocompresseur. Dans les montagnes alsaciennes, la C43 ne manquait jamais de souffle, activant sa puissance dès que j’effleurais l’accélérateur, et ce, même à des régimes très bas.
Mais ce moteur aime aussi tourner haut dans les tours, ce qui lui permet de présenter une grande plage de puissance et de couple. L’expérience est reproduite en une fraction de seconde lorsqu’on passe au prochain rapport grâce à l’exceptionnelle boîte de vitesses – clic pouf! - ; les pétarades du système d’échappement au changement des rapports sont toujours amusantes.
Dans les virages, c’est la calibration du châssis et de la suspension qui m’a charmé. La C43 est un scalpel, grâce sa structure hyper solide, certes, mais surtout en raison de ses roues arrière directionnelles. Elles octroient au bolide une précision inégalée, augmentant ainsi le degré de confiance du conducteur.
Sur l’autoroute, sur le mode Comfort, c’est sa douceur de roulement et la superbe insonorisation de l’habitacle qui brillent par leur excellence. Même que ce moteur surprend par sa faible consommation de carburant. J’enregistrais parfois du 6,5 litres/100 kilomètres. En moyenne, soit une combinaison de route et de ville, l’ordinateur de bord m’affichait 9,8 litres/100 kilomètres. C’est super considérant les performances obtenues, mais il faudra conduire ce véhicule sur les routes du Québec pour en brosser un portrait plus éclairé.
Je déplore toutefois un fonctionnement saccadé de la boîte de vitesses en zone urbaine. Si elle travaille à la vitesse de l’éclair quand on pousse l’auto à plein régime, elle hésite et ne semble pas savoir ce qu’elle veut à basse vitesse.
On se gonfle les biceps une dernière fois ?
Il est évident que, avec cette nouvelle C43, Mercedes-AMG demeure au sommet de son art en matière d’évolution technique. Elle démontre surtout l’importance de sa participation active en Formule 1.
Hélas, avec l’arrivée des véhicules purement électriques, tous ces efforts de réduire les émissions de GES seront jetés à la poubelle. Sommes-nous témoin d’un dernier flex de la part de Mercedes-AMG pour les moteurs thermiques ? Fort probable.
Pour ce qui est de la recommandation, vous connaissez la chanson. Laissons le temps au modèle d’arriver sur notre marché et de faire ses preuves avant de statuer.
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