Toujours élégante
L’avantage de la Model S par rapport au VUS de même famille demeure bien sûr son style. Parce qu’on aura beau dire, le Model X est tout sauf élégant, avec ses allures de ballon trop gonflé. Et même si les changements esthétiques n’ont été jusqu’ici que timides, notre berline à hayon n’a pris aucune ride.
Tesla a aussi pris soin d’évoluer avec les années en proposant une panoplie de versions, en constante évolution. Et pas question d’attendre une nouvelle année-modèle pour effectuer des changements. Chez Tesla, les évolutions se font de façon constante, sans avertissement. Heureusement, la gamme de la Model S est aujourd’hui simplifiée et ne compte désormais que trois versions (jusqu’à nouvel ordre), toutes dotées des quatre roues motrices.
L’entrée de gamme, si l’on peut s’exprimer ainsi, se veut donc la version 75D offrant une autonomie annoncée à 416 km, alors qu’à l’autre extrême se trouve la P100D, avec autonomie de 507 km. Cette dernière impressionne surtout par son niveau de performance époustouflant, à faire rougir de honte les plus ardents porschistes et ferraristes de la planète. Pensez à un 0-100 km/h en 2,7 secondes et à un quart de mile effectué en 10,8 secondes. Oui, vous avez bien lu ! Maintenant, vous comprendrez qu’en poussant la voiture à sa limite, vous oubliez la possibilité de franchir 507 kilomètres avec une seule charge.
Or, si l’objectif est d’obtenir la meilleure autonomie qui soit, la 100D est à privilégier. Cette version se place hiérarchiquement au milieu de la gamme, et s’avère à mon sens la plus efficace. Les batteries de 100 kWh (d’où le nom 100D) permettent d’obtenir une autonomie annoncée à 539 km, ce que j’ai d’ailleurs pu franchir, même en effectuant une large portion de mon trajet sur autoroute. En fait, après un trajet de 534 kilomètres, on m’affichait encore 37 kilomètres d’autonomie. Difficile à battre.
S’armer de patience
Il ne faut toutefois pas penser qu’une Tesla sans installation de recharge adéquate peut être réellement efficace. En effet, vous mettrez plus d’une journée pour pleinement recharger votre Model S sur le 120V, ce qui signifie qu’une borne de 240V installée à la maison est absolument nécessaire. Celle-ci vous permettra d’obtenir une recharge complète en moins de 10 heures, ce qui est drôlement plus raisonnable. Sachez également que la voiture est vendue avec un accès gratuit au réseau de Superchargeurs Tesla de 400kWh, vous permettant pour de longs trajets de « faire le plein », le temps d’un café.
La bonne nouvelle, c’est que le Circuit Électrique du Québec multiplie ces temps-ci le nombre de bornes de recharge rapide, qu’on compte actuellement (au moment d’écrire ces lignes) au nombre de 91 à travers la province. Sinon, plus de 1 000 bornes régulières (240V) sont disponibles à travers la Belle Province.
Une vraie voiture de luxe?
À plus de 100 000$, on oserait croire que oui. Et ce même si la voiture est éligible à une subvention. Hélas, le consommateur doit faire des compromis en matière de luxe et de finition. Bien sûr, difficile de ne pas tomber sous le charme de ce gigantesque écran tactile de 17 po vous offrant la navigation par Google, l’accès Internet et la radio Internet en continu (un gadget duquel on ne peut plus se passer après une seule journée à son volant). Toutefois, la finition laisse toujours à désirer, les matériaux utilisés n’étant guère mieux que dans une voiture de grande série. On ose même offrir de série une sellerie de tissu, ce qui signifie qu’il vous faudra débourser davantage pour une sellerie de cuir synthétique (le cuir authentique n’étant pas écologique). Parmi les autres options, un groupe au coût de 6 600$ comprenant le toit ouvrant panoramique, les sièges et le volant chauffant ainsi qu’un filtre à particules visant à éliminer l’intrusion de mauvaises odeurs à bord. Ajoutez à cela des jantes de 21 po (à 5 900$), une banquette de coffre orientée vers l’arrière (à 5 300$) et un frais variant de 1 300$ à 2 000$ pour toute teinte de carrosserie autre que le noir. Vous aurez ainsi compris qu’il n’est pas difficile de faire grimper la facture vers des sommets quasi ridicules…
Se faire conduire
En fait, l’option la plus intéressante demeure sans conteste le pilotage automatique amélioré. Un autre ajout de 6 600$, mais qui vous fera réellement découvrir les joies d’une conduite autonome efficace. Le système comporte 12 capteurs à ultrasons et 4 caméras actives permettant à la voiture de circuler efficacement sans effort de la part du conducteur. La voiture change de voie d’elle-même à la seule activation du clignotant, et circule d’elle-même aussi bien sur autoroute qu’en ville. Il faut toutefois que le conducteur demeure alerte et confirme de temps à autre sa capacité à conduire, sans quoi le système se désactivera de lui-même après un certain temps.
Tesla va même jusqu’à offrir pour 4 000$ supplémentaire un système doublant les capacités de conduite autonome, lequel m’a malheureusement été impossible d’expérimenter. Ce dernier propose non pas 4 mais bien 8 caméras actives, et permet de vous mener à bon port à partir d’une commande vocale. Il ne suffit ainsi que de dicter les coordonnées de votre destination pour que la voiture, via son système de navigation, vous y mène. La voiture composerait facilement avec les carrefours giratoires, les intersections complexes et les rues sans marquage. Et rendu à destination, la voiture se garera d’elle-même sans même que vous ne soyez à bord, et se rechargera d’elle-même par induction, si elle se trouve à proximité d’un Superchargeur Tesla.
La bonne nouvelle, c’est qu’il est encore possible avec la Tesla de conduire sa voiture ! Celle-ci vous offre en fait un comportement remarquable, différent totalement de celui de n’importe quelle autre voiture. L’immense couple généré par les moteurs électriques est littéralement addictif, tout comme la grande douceur et le silence de roulement. La direction n’est pas aussi communicative que celle d’une Porsche ou d’une BMW, mais tire tout de même bien son épingle du jeu. Quant à la suspension, réglable en fermeté comme en hauteur, elle gère efficacement le confort et les imperfections de la chaussée dans le seul objectif d’offrir une ballade agréable jumelée à une tenue de route du tonnerre. Sachez toutefois que le poids du véhicule très élevé se faire sentir, et ce même si le centre de gravité y est très bas. Autre déception, les craquements provenant d’un assemblage visiblement inégal, et le cas échéant, du toit ouvrant panoramique.
Tout de même 140 000$...
L’autonomie est impressionnante, la puissance aussi. Et les gadgets technos font de cette voiture un bolide unique qui nous fait voir l’automobile d’une tout autre façon. Cela dit, la facture demeure élevée. Très élevée. Et le coût des options? Ridicule. Mais il s’agit du prix à payer pour rouler dans un bolide exclusif, qui le devient hélas de moins en moins…