Dans les années 90, Acura avait vu une mode venir avant plusieurs : celle d’attirer une jeune clientèle dans la salle d’exposition par des produits cool et abordables . On pense entre autres aux Acura Integra et EL. L’idée était de fidéliser un jeune consommateur afin que celui-ci revienne vers la marque au cours de sa vie.
Cette stratégie marketing s’est tellement montrée efficace du côté de la marque japonaise, que les constructeurs allemands ont, eux aussi, tenté le coup, mais d’un ton carrément plus agressif, à un point tel qu’ils ont rapidement détrôné Acura dans ce qu’elle faisait de mieux.
Ainsi sont arrivées en sol nord-américain les Audi A3, BMW Série 2 et la Mercedes-Benz CLA; trois petites bagnoles germaniques abordables et bien foutues, permettant à un consommateur d’être propriétaire d’une voiture de luxe sans défoncer son budget.
Pour la deuxième génération de son modèle d’entrée de gamme, Mercedes-Benz met la barre encore plus haut en introduisant non seulement une nouvelle mouture, mais aussi deux autres déclinaisons, dont une à hayon, et une berline traditionnelle. Bien qu’elle existe en Europe depuis longtemps, la Mercedes-Benz Classe A est nouvelle sur notre marché. Curieux de savoir si elle en offre assez pour donner envie aux « jeunes » de s’en procurer une, nous l’avons mise à l’essai dans sa déclinaison la plus abordable : la A 220 4MATIC 2020.
Bon, « abordable » est un grand mot, car même si la Mercedes-Benz Classe A démarre avec un alléchant 34 990 $, il faut cocher plusieurs options si on la veut bien équipée. À titre d’exemple, notre modèle d’essai, qui n’était aucunement la variante la plus onéreuse, s’élevait à 44 290 $.
L’une des raisons justifiant ce prix est la transmission intégrale 4MATIC, une option de 2 000 $. Il faut ensuite débourser 250 $ pour un volant chauffant et 1 500 $ pour un ensemble Sport si l’on désire équiper notre belle Mercedes de jantes de 18 pouces. L’ensemble ajoute en même temps quelques détails esthétiques et des freins sport.
Additionnez à cela l’ensemble Premium à 3 000 $ pour l’écran de 10,25 pouces permettant de manipuler le système multimédia MBUX - parce que, non, cette technologie ne vient pas de série -, et vous vous retrouvez avec une petite berline plutôt onéreuse.
On vous dira que c’est le prix à payer pour une Mercedes. C’est donc sur ça que joue le constructeur, sur le prestige associé à son nom. La réalité est qu’il est possible d’obtenir une Kia Forte GT, une Honda Civic Si ou une Acura ILX, chacune plus puissante et aussi bien équipée pour environ 10 000 $ de moins...
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Dès que l’on s’assoit dans une Classe A, on sait pourquoi elle coûte plus cher que les autres compactes du parc automobile. Bien qu’elle soit située au bas de l’échelle des modèles de Mercedes, jamais elle ne nous fait ressentir que l’on n’a pas payé assez cher. Au contraire, on a plutôt l’impression d’en recevoir beaucoup pour notre argent, ce qui n’était malheureusement pas le cas de la CLA de dernière génération.
Les matériaux utilisés sont d’une texture et d’une apparence riche, tout étant présenté sous un design plaisant, moderne et raffiné. La position de conduite des sièges en cuir de notre modèle d’essai était excellente, et la visibilité superbe – franchement agréable pour une petite voiture.
Comme pour le reste de la gamme Mercedes, la planche de bord de la A 220 est dominée par un énorme écran ACL (en réalité deux écrans collés ensemble), où carrément tout est affiché et entièrement personnalisable. C’est aussi là que l’on retrouve le système multimédia MBUX qui demeure hélas d’une ergonomie discutable par son irritant pavé tactile et ses menus parfois complexes. Les commandes vocales saisissent toutefois bien nos messages, sauf si l’on a le malheur de dire le mot « Mercedes » par inadvertance.
À l’instar des récents produits du constructeur, nous trouvons les technologies d’aide à la conduite de la Classe A beaucoup trop intrusives. Dans notre cas, les capteurs de proximité s’acharnaient en raison de quelques flocons de neige. D’une frustration monumentale! Il est possible de tout désactiver, mais l’auto réactive les fonctions au redémarrage.
Nous avons aussi été déçus par les places de la banquette arrière, plutôt étriquées, surtout lorsqu’on les compare à celles de la plupart des berlines compactes sur le marché. En revanche, même si c’est une berline, le coffre de la A 220 propose 420 litres, ce qui est dans la moyenne.
Sachez qu’il est aussi possible d’opter pour la déclinaison cinq portes à hayon (A 250). Ce modèle estpar contre plus onéreux avec un prix de départ de 38 300 $.
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Chaque déclinaison de la Classe A, c'est-à-dire la A 220 que vous voyez à l’écran, et la A 250 à hayon, est alimentée par le même quatre cylindres turbocompressé de 2,0 litres, mais d’une puissance différente.
La A 220 libère une cavalerie de 188 chevaux et 221 lb-pi de couple. La A 250, quant à elle, développe 221 chevaux et 258 lb-pi de couple. Chaque variante est jumelée à une boîte automatique à huit rapports. Le rouage à traction s’offre de série sur la A 220, tandis que la A 250 vient uniquement équipée du rouage intégral 4MATIC.
De telles spécifications font de la Classe A une voiture rapide, même avec le petit moteur. Mercedes-Benz déclare que la A 220 peut franchir le sprint 0-100 km/h en 7,2 secondes, tandis que la A 250 l’accomplit en 6,2 secondes, soit la même vitesse que certaines compactes sport comme la Honda Civic Si ou la Volkswagen Golf GTI.
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C’est d’ailleurs la Golf GTI qui ressemble le plus à cette A 220 au chapitre de la qualité d’assemblage et de la solidité de son châssis. Fidèle aux produits Mercedes, la Classe A enclenche ses portières tel un coffre-fort et l’insonorisation de son habitacle est hors-pair. De plus, l’auto réagit aux imperfections de la route sans flancher. Cette solide construction accentue l’impression qu’elle vaut plus cher que le prix exigé.
De plus, la Classe A adopte une tenue de route satisfaisante, voire presque sportive, faisant d’elle un charme à conduire, tant en ville que sur la grande route. Le petit moteur livre son couple à très bas régime, et développe bien plus de puissance que nécessaire.
Ceci dit, la suspension de cette berline est beaucoup trop ferme pour les routes du Québec, affectant considérablement son confort général.
Nous avons également été déçus des modes de conduite qu’offre l’A 220. Puisque notre modèle d’essai n’était pas équipé de la suspension adaptative – optionnelle -, les modes Sport, Eco et Comfort ne faisaient qu’alterner la réactivité de la direction et le comportement de la boîte de vitesses. En mode Sport, la boîte maintient les régimes moteurs plus haut, révélant un moteur bruyant et d’une sonorité lamentable, sans faire avancer l’auto plus vite. Bref, les modes de conduite d’une A 220 n’alternent pas grand-chose.
Nous avons préféré rouler notre Classe A en mode Comfort, ce qui nous a permis d’enregistrer une consommation moyenne de 8 L/100 km, en hiver. Pour une voiture équipée des quatre roues motrices, c’est excellent.
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La Mercedes-Benz A 220 4MATIC 2020 est en effet une berline de luxe attrayante et bien assemblée qui en offre beaucoup pour le prix payé. Et en toute honnêteté, son niveau de confort et de solidité n’est comparable à aucune autre voiture compacte sur le marché.
Mais de là à dire qu’elle est abordable est une fausseté. À moins de vraiment vous en tenir à un modèle de base, chose que la plupart des concessionnaires n’auront probablement pas en inventaire de toute façon, préparez-vous à sortir votre chéquier pour rouler en Classe A. Ensuite, il y a les coûts d’entretien qui sont nettement plus élevées qu’une Japonaise.
Bref, ne vous fiez pas aux apparences. Même si la Classe A est la « Benz » la moins onéreuse de la gamme, il y aura toujours un prix à payer pour rouler en Mercedes.