De la gueule
J’ai pu passer environ deux semaines au volant du Stelvio, affrontant froids intenses et tempêtes de neige particulièrement redoutables. Malgré ces conditions, ma première surprise était de constater à quel point il faisait tourner les têtes. Même sale, même enneigé. Même si la magnifique couleur Rosso Competizione triple couche était devenue terne, presque brune. On peut donc conclure que les formes musclées et surtout distinctives de ce VUS, séduisent à tout moment.
À bord, les similitudes avec la berline Giulia sont évidentes. Comme avec elle, on y retrouve une planche de bord épurée, sobre, mais bien stylisée, mais qui n’est toutefois pas d’aussi belle facture que ce que vous pourriez retrouver à bord d’un Audi Q5 ou d’un Porsche Macan. Simple et efficace, l’instrumentation comme le système multimédia, ne porte pas à confusion, signe d’une ergonomie sans faille. Les sièges très enveloppants (optionnels) s’avèrent extrêmement agréables, du moins pour des gens qui ne font pas d’embonpoint…ou très peu ! Ceux-ci contribuent d’ailleurs au plaisir de conduire, la position de conduite ayant été finement étudiée afin que ce véhicule conserve l’âme sportive reflétée par les autres produits de la marque.
Évidemment, le Stelvio n’est pas des plus spacieux, surtout à l’arrière. L’espace y est convenable, mais pas généreux. Cela dit, il en va de même pour la plupart des véhicules de ce segment, où seuls des modèles comme l’Acura RDX et le nouveau Volvo XC60 tirent un peu leur épingle du jeu. Maintenant, le volume cargo demeure très correct, et l’espace est facilement modulable, grâce à une banquette rabattable à la façon 40|20/40.
Un 2,0 litres. C’est la norme.
Sous le capot du Stelvio, un 2,0 litres turbocompressé. D’ailleurs, l’ensemble des véhicules en compétition propose également un moteur turbocompressé de même cylindrée, exception faite du vieillissant RDX dont la nouvelle mouture sera annoncée dans quelques jours à Detroit (avec sans doute, un moteur 2,0 litres emprunté à la nouvelle Honda Accord).
Le Stelvio se démarque toutefois avec une puissance supérieure à celle de la compétition, proposant 280 chevaux de puissance, mais surtout, 306 lb-pi de couple. Performant, nerveux et incisif, ce moteur ne se fait pas des plus discrets, surtout au démarrage par temps froid. Maintenant, on apprécie sa large plage de puissance, son couple instantané ainsi que l’heureux mariage avec la boîte à huit rapports, qui réagit promptement et sans délai aux commandes du conducteur. D’ailleurs, le Stelvio est pourvu de palettes de changements de vitesse au volant, fort agréables à utiliser.
L’hiver, une contrainte?
Après un peu plus de 1 000 kilomètres de parcourus à son volant, le Stelvio a pu me prouver son efficacité dans la neige. Extrêmement bien chaussé de pneus Pirelli Sottozero, il a impressionné par son mordant, mais aussi par une répartition exceptionnelle de couple vers les roues ayant le plus de traction. Le contrôle dynamique de stabilité s’est également montré efficace en toute situation, étant juste assez permissif pour permettre un bel agrément de conduite en toute sécurité. D’ailleurs, parlant d’agrément de conduite, il faut également mentionner la présence de trois différents modes de conduite, se traduisant par un comportement soit équilibré, diabolique ou carrément castrant. En effet, le mode « Advance Efficiency » vient littéralement couper le plaisir au volant en tentant de réduire de trois fois rien, la consommation d’essence déjà fort raisonnable de ce VUS. Le mode « Normal » est évidemment celui à privilégier pour une conduite de tous les jours, mais vous apprécierez aussi le côté violent du mode « Dynamic ». Ici, la livraison de la puissance est encore plus radicale, les passages de vitesse sont plus rapides, la direction est plus incisive et les suspensions se raffermissent pour optimiser la tenue de route, évidemment au détriment du confort. Même le freinage devient plus prompt, ce qui n’est pas peu dire considérant le fait que ce véhicule se distingue déjà par une efficacité et une grande puissance de freinage.
Très amusant à conduire, le Stelvio tire aussi son agrément de conduite d’une direction extrêmement précise, et avec laquelle le ratio de direction de 11,8 :1 constitue un réel avantage. D’ailleurs, sa maniabilité en milieu urbain a de quoi surprendre, le véhicule étant grâce à cela capable de se faufiler à peu près partout.
Malgré une forte utilisation de l’aluminium et même, de la fibre de carbone, le Stelvio n’est pas réellement plus léger que la compétition. Le poids à vide du modèle de base est de 1 835 kilos, ce qui le positionne nez à nez avec des véhicules comme l’Audi Q5. Une petite déception, considérant que la Giulia réussit justement à se distinguer de la masse par son poids plume.
Quelques irritants
Avec à peine 3 000 kilomètres au compteur, le véhicule mis à l’essai a déçu par quelques éléments. D’abord, j’ai pu constater la fragilité évidente du mécanisme d’ouverture du hayon qui, à plusieurs reprises, choisissait de se déclencher sans raison aucune, même en roulant. Un joyeux problème qui nécessite évidemment une visite en concession. Deuxièmement, le toit ouvrant panoramique laissait s’infiltrer un sillon d’air particulièrement gênant à -20 degrés, et par le fait même, un bruit éolien très agaçant qui me convaincrait de ne pas opter pour cette option. Finalement, le mécanisme du réglage du siège du passager refusait de coopérer, uniquement si une personne prenait place sur le siège. Sans doute un problème de contact électrique, mais qui laisse présager une série de problèmes à venir.
L’essai effectué en conditions hivernales a aussi permis de constater l’inefficacité de l’essuie-glace arrière, non intermittent, la faible autonomie du réservoir de lave-glace ainsi qu’une visibilité particulièrement problématique à l’arrière. Heureusement, vous serez heureux d’apprendre que les sièges et le volant chauffants sont d’une grande rapidité d’exécution, et que le chauffage est efficace.
Fera-t-il mal à Audi?
En 2017, Audi était proclamé meilleur vendeur du segment avec son Q5, écoulé à un peu plus de 10 000 unités au pays. Évidemment, Il serait impossible pour Alfa Romeo d’atteindre ne serait-ce que la moitié de chiffres avec le Stelvio, considérant l’absence de réputation et le faible réseau de concessionnaires. Maintenant, le Stelvio est sérieux. Très sérieux. Il est amusant, joli, performant et surtout, différent. Et pour plusieurs, l’élément de différenciation jouera sans doute un rôle d’importance. Sera-t-il fiable? Mmmm…j’oserais dire que non. Mais la part de risque est ici moins grande, face à un X3 ou un GLC, que lorsqu’on hésite entre une Maserati et une Lexus.
En terminant, que signifie Stelvio? Il s’agit en fait du nom donné à la route italienne la plus haute en altitude et ceinturant une montagne, laquelle comporte pas moins de 48 virages accentués, faisant ainsi référence au plaisir de conduire.