Après une absence de deux ans sur le marché, Honda tente pour une seconde fois de percer le marché de la camionnette. Dans le passé, le Ridgeline s’était mérité plusieurs prix pour ses innovations, mais n’avait hélas pas attiré les foules, notamment en raison de son design raté. Après de longues études de marché visant à obtenir un maximum de commentaires sur les désirs et les besoins de la clientèle, le constructeur a donc développé un produit qui assurément, saura séduire une plus large clientèle.
Un vrai pick-up?
Dans la tête de plusieurs, une authentique camionnette se doit d’être montée sur un châssis à échelle. Et jusqu’à maintenant, aucun modèle du genre hormis le Ridgeline n’avait fait appel à une architecture monocoque. Les choses pourraient néanmoins changer dans les prochaines années, puisque Honda prouve clairement qu’un véhicule comme le Ridgeline est en mesure de répondre aux besoins des acheteurs de camionnettes traditionnelles. Par exemple, la capacité de charge est de 1 584 livres, celle du remorquage étant de 5 000 livres. Certes, quelques-unes des versions des Colorado, Frontier et Tacoma sont en mesure de remorquer davantage (jusqu’à 7 000 livres), mais lorsque la clientèle a de tels besoins, celle-ci se tourne généralement vers une camionnette pleine grandeur.
Cela dit, les avantages d’un châssis monocoque sont nombreux. Moins de flexibilité en torsion, moins de craquements et dans ce cas-ci, l’adoption d’une suspension complètement indépendante, qui permet bien sûr d’obtenir un comportement routier nettement plus agréable et confortable. Ajoutons à cela qu’Honda intègre au Ridgeline le système de rouage intégral à gestion variable du couple, qui permet non seulement de rediriger jusqu’à 70% du couple vers l’arrière, mais aussi une distribution latérale arrière du couple pour une meilleure tenue de route.
Gênes de Pilot
Ce n’est un secret pour personne, le Ridgeline dérive directement du Pilot. Certains traits de design sont d’ailleurs facilement reconnaissables, notamment au niveau de la partie avant. On utilise donc la même plateforme, la même motorisation, le même tableau de bord et une partie des éléments de suspension du Pilot. Bien sûr, parce qu’il s’agit d’un camion qui se doit d’offrir une meilleure capacité de charge, certaines pièces de suspension ont été renforcées, ce qui permet également d’obtenir un comportement un peu moins feutré (mais tout de même très confortable).
Vous remarquerez aussi qu’un joint recouvert d’une lamelle de caoutchouc est visible entre la caisse de chargement et la cabine, comme s’il s’agissait d’une camionnette traditionnelle. Cet ajout peut être considéré comme esthétique, mais a aussi l’avantage de diviser le panneau arrière de carrosserie, boulonné sur la coque, ce qui facilitera son remplacement dans le cas d’un accident.
Au final, le style général du Ridgeline n’impressionne guère. L’objectif des gens de Honda était d’ailleurs de créer un camion au look contemporain, plus civilisé que celui des camionnettes traditionnelles, qui ne dérangerait aucun acheteur comme l’avait fait le précédent modèle. On comptera donc sur un large éventail d’accessoires maison pour personnaliser le style du camion, qui devient un tantinet plus agressif dans sa version Black Edition. Comme son nom l’indique, cette dernière propose un look monochrome, où le noir est omniprésent.
Bien sûr, Honda conserve certaines innovations qui ont fait le succès du précédent modèle. Notamment, le véhicule propose un hayon à ouverture à battant, ou de façon latérale, ainsi qu’un coffre situé sous le plancher de caisse, d’une capacité de 207 litres. Plus long de 4 pouces par rapport à son devancier, le plateau s’accompagne aussi de huit crochets d’arrimage, d’une prise de 110 volts et même, sur les modèles Touring et Black Edition, de haut-parleurs intégrés aux panneaux pour favoriser les plaisirs du « tailgate party ».
La concurrence?
Honda affirme haut et fort que l’acheteur du Ridgeline pourrait aussi considérer le Chevrolet Colorado ou le Toyota Tacoma. Peut-être, dans certains cas. Mais en vérité, le Ridgeline fait bande à part. Il ne suffit d’ailleurs que d’en prendre le volant pour immédiatement oublier le fait qu’il s’agit d’une camionnette. Le confort, l’insonorisation, la tenue de route et le raffinement mécanique se situent à des années-lumière de ce que vous retrouverez dans une camionnette intermédiaire traditionnelle, laquelle n’est d’ailleurs que rarement considérée pour des besoins familiaux. Or, le Ridgeline constitue sans aucun doute la définition même d’un véhicule multiactivité, proposant une polyvalence incomparable. Spacieux pour une famille de cinq, confortable, luxueux à souhait et proposant tout l’espace cargo nécessaire à la vie de famille, il pourrait très bien remplacer le multisegment, tout en permettant de tracter et de charger les mêmes éléments qu’une camionnette traditionnelle.
Sur le plan technique, chapeau aux ingénieurs qui ont su créer un châssis d’une grande rigidité, aussi bénéfique pour le comportement routier que pour la sécurité passive. À ce compte, Honda prévoit d’ailleurs obtenir les meilleures cotes de sécurité possible, décernées par l’IIHS, et ce qu’importe le test effectué. Mécaniquement, le V6 i-VTEC de 280 chevaux propose des performances exceptionnelles. Les accélérations sont franches et la boîte automatique à six rapports est magnifiquement bien adaptée au véhicule. Dieu merci, la controversée boîte à neuf rapports qui équipe la version Touring du Pilot n’est pas offerte du côté du Ridgeline. Mentionnons également que le véhicule impressionne par une consommation d’essence moyenne qui se situera à plus ou moins 11 litres aux 100 km, pouvant se situer sous la barre des 9 litres aux 100 km sur route.
Vie à bord
Confortable en plus d’être bien insonorisé, l’habitacle propose une multitude de caractéristiques qui facilitent la vie à bord. L’ergonomie a d’ailleurs été finement étudiée afin de permettre une grande facilité d’utilisation des divers éléments. Et bien sûr, les toutes dernières technologies en matière de connectivité y sont présentes, incluant les applications Apple CarPlay et Androïd Auto. Quant à la finition, elle nous fait oublier celle du précédent Ridgeline, laquelle était franchement déplorable.
Derrière, l’espace est relativement généreux pour trois adultes. L’installation de trois sièges d’appoint est d’ailleurs possible, comme quoi ce véhicule a bel et bien été pensé pour les familles. Le confort de la banquette, qui au préalable est repliable de façon verticale, n’est toutefois pas aussi relevé qu’à bord du Pilot, se comparant davantage à celui retrouvé dans une camionnette traditionnelle.
Mot d’ordre : polyvalence
Fiers de nous démontrer que le Ridgeline est capable de franchir d’importants obstacles en conduite hors route, de se démener de façon déchainée dans le sable et la neige, et de tracter une panoplie de produits récréatifs…de marque Honda (!), les stratèges de la firme nipponne souhaitent évidemment illustrer que ce véhicule s’adressent aux gens actifs. Du même coup, ceux-ci ont aussi prouvé que le Ridgeline était idéal pour la vie quotidienne, grâce à un comportement et des caractéristiques aujourd’hui essentielles. On pourrait donc réussir à convaincre plusieurs propriétaires de VUS et multisegments de passer à cette « camionnette », tout en faisant réaliser à plusieurs conducteurs de Ford F-150 que leurs besoins peuvent être comblés par un véhicule plus convivial, moins encombrant et surtout, moins énergivore.
Au meilleur de sa forme, la Ridgeline de précédente génération réussissait à convaincre 50 000 acheteurs nord-américains sur une année. En fin de carrière, moins de 15 000 acheteurs mordaient à l’hameçon. Aujourd’hui convaincus des possibilités que propose le Ridgeline, les gens de Honda anticipent des ventes plus importantes qu’avec le modèle original. Et vous savez quoi, ils ont raison. Réussi sur toute la ligne, le Ridgeline qui nous arrivera au moins d’août prouvera que l’industrie de la camionnette se renouvelle, et réussira sans doute à faire changer les mentalités des acheteurs, encore très traditionnels.