Il n’y a pas si longtemps, vous pouviez entrer chez un concessionnaire automobile pour magasiner votre véhicule et choisir le modèle qui vous convient dans son inventaire. Attendre pendant plus de trois ou quatre mois un véhicule que vous aviez commandé relevait plutôt de l’anecdote que de la norme. Pour de rares modèles, et souvent en début de production, une rare attente de six à huit mois était nécessaire. Mais depuis deux ans, d’attendre son véhicule pendant plus d’un an est devenu quasiment normal, même pour des modèles très ordinaires.
Rappelez-vous quand le Toyota RAV4 Prime est arrivé en 2020. Dès que le constructeur a annoncé l’arrivée du modèle, les carnets de commande se sont mis à se remplir. Rapidement, les concessionnaires ont annoncé aux consommateurs qui mettaient un dépôt qu’une attente d’un an, ou même de deux ans, allait être nécessaire pour obtenir leur véhicule. Pourtant, il s’agit bien d’un Toyota RAV4, un des véhicules les plus populaires et les plus grand public sur le marché. Pour cette déclinaison précise, c’est la disponibilité limitée du modèle qui occasionne ces délais.
Puis, les difficultés d’approvisionnement et les ralentissements de production liés à la COVID-19 ont frappé. De mettre la main sur un Ford F-150, un Honda Ridgeline ou encore une Chrysler Grand Caravan est devenu compliqué. « On prend votre nom et on vous rappelle quand on a des nouvelles », disaient certains concessionnaires aux clients.
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La nouvelle norme
Il suffit de regarder du côté des véhicules électriques pour se convaincre que cette manière de magasiner est bien ancrée. Dès maintenant, vous pouvez mettre un dépôt pour réserver un Chevrolet Silverado EV de l’année modèle 2025. Oui, oui, 2025! C’est sans parler des compagnies émergentes qui annoncent des véhicules et ouvrent le carnet de réservation sans réellement savoir quand, ni même si, ils mettront un véhicule en vente. Saluons les gens qui ont réservé en novembre 2018 un véhicule Rivian au coût de 1 500 $ et qui attendent encore leur véhicule, plus de trois ans plus tard.
Dans le cas des véhicules déjà commercialisés, la situation n’est guère plus rose, particulièrement pour les véhicules électriques. La capacité de production est faible et l’engouement, particulièrement au Québec, est très fort, ce qui créé l’attente.
Prenons l’exemple du Volkswagen ID.4. Ces jours-ci, la production de la Volkswagen Passat se termine pour laisser de la place en cours d’année au Volkswagen ID.4 sur la chaine de montage de Chattanooga, au Tennessee, un modèle plus porteur pour l’avenir que la berline intermédiaire. Mais en même temps, la liste d’attente continue de s’allonger. Il y a plus de deux ans d’attente chez certains concessionnaires pour un ID.4. Plus le temps avance, plus la situation s’aggrave.
Un changement de stratégie?
En combien de temps les constructeurs qui sont aux prises avec ces problèmes parviendront-ils à renverser la vapeur? Souhaitent-ils vraiment revenir à une époque où les cours de concessionnaires sont pleines et où on attend que les clients se présentent? À mon avis, non. Malgré les déboires et les inconvénients que les constructeurs ont dû affronter, l’attente est devenue une manière de commercialiser des modèles et cette pratique est là pour rester.
Il y a quelque chose d’avantageux pour un constructeur (et ses concessionnaires) de produire un modèle déjà vendu d’avance; la gestion d’inventaire est limitée, aucun incitatif financier – bas taux d’intérêt ou rabais à l’achat – n’est nécessaire pour mousser les ventes et le profit pour cette ligne de produit est ainsi maximisé.
Cela dit, une attente de deux ans ou même plus est certainement trop longue, mais une attente de trois à six mois, collée sur une approche « production sur commande » ne m’apparaît pas impensable comme modus operandi. Après tout, c’est quoi attendre six mois alors que nous sommes maintenant habitués à deux ans?
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