La majorité des voitures modernes disposent de modes de conduite qui influencent la réaction d’un véhicule dans une situation donnée. Les véhicules électriques poussent la note encore plus loin avec les modes de freinage régénératif qui font décélérer et même stopper la voiture quand l’accélérateur est relâché.
Tous des modes peuvent néanmoins rendre la conduite en hiver plus hasardeuse, notamment en induisant automatiquement une décélération en condition de faible adhérence. Cet aspect a été mis en évidence lors de l’essai de l’Audi Q4 e-tron sur le circuit Mécaglisse, un endroit de prédilection pour tester la conduite hivernale.

Une surface qui ne pardonne pas
Jetons d’abord les bases de la journée de tests. Il vente sans relâche, il fait environ -10 degrés et environ 20 centimètres de neige sont tombés la veille. Les pistes ont été dégagées, certes, mais la surface demeure couverte d’une fine couche de neige tapée sous laquelle se trouve une couche de glace vive. Même les véhicules les mieux parés atteignent leur limite avec une telle surface.
Et comme véhicule prêt à tout affronter, j’avais l’Audi Q4 Sportback 50 e-tron, un VUS qui partage beaucoup avec le Volkswagen ID.4. La batterie lithium-ion de 76,6 kilowattheures et la puissance de 295 chevaux sont directement tirées de la version Pro AWD de son cousin Volkswagen. Le rouage intégral fonctionne d’abord en deux roues motrices et passe aux quatre roues motrices en cas de besoin, comme en accélération ou en courbe pour obtenir le maximum de traction. Puisqu’on table sur un nom qui a fait la renommée du constructeur, ce rouage s’appelle e-quattro, même s’il n’a absolument rien à voir avec le rouage qui a marqué l’histoire de la marque aux anneaux. Et pour transmettre cette puissance au sol, le Q4 Sportback était équipé de pneus d’hiver à crampons d’excellente qualité.
L’épreuve qui était proposée comprenait un parcours en slalom au cours duquel il fallait faire déraper le véhicule pour créer un effet de pendule. Ensuite, un circuit à plus haute vitesse dans lequel étaient installés une série de cônes reproduisant un tracé en chicane, puis des dénivellations successives avant de revenir au point de départ.

Les modes de conduite, le contrôle de stabilité et le freinage régénératif
L’intervention de l’électronique à bord d’un véhicule peut changer son comportement, et c’est particulièrement probant dans un véhicule électrique.
D’abord, l’Audi Q4 e-tron dispose de cinq modes de conduite distincts : Efficiency, Comfort, Auto, Dynamic et Individual. Dans le cas des véhicules que nous avons testés, ils altèrent la livraison de la puissance, l’assistance de la direction et la sonorité mécanique artificielle projetée dans les haut-parleurs.
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Ensuite, il y a le contrôle de stabilité qui peut être paramétré selon trois modes, soit en fonction, en mode sport plus permissif ou désactivé. Finalement, le conducteur peut choisir parmi quatre niveaux de régénération avec des palettes situées derrière le volant. Le moins intrusif n’engage pas la régénération, alors que le plus interventionniste ralentit fortement le véhicule.
Tous ces systèmes distincts n'ont qu'un seul but : donner au conducteur la possibilité de paramétrer son véhicule à sa guise

La différence au bout des doigts
Le premier passage se fait en mode confort, avec le système de stabilité activé et sans freinage régénératif. Il s’agit de la combinaison la plus sécuritaire en ce sens qu’elle rend pratiquement impossible un quelconque dérapage. À travers le slalom, j’ai tenté de faire décrocher le véhicule en enfonçant l’accélérateur, sans succès. Le contrôle de stabilité coupe la puissance pour stabiliser le véhicule, et les deux moteurs électriques travaillent de pair pour livrer la puissance de manière douce et égale.
En mode sport, le contrôle de stabilité est nettement plus permissif. Le véhicule autorise un certain décrochage de l’arrière, mais si l’angle de dérapage devient trop prononcé par rapport à l’angle de braquage des roues, les freins sont appliqués de manière séquentielle pour planter le Q4 au sol. Et si on enclenche le mode Dynamic de la motorisation, la puissance est plus vive et rend plus facile le contrôle du véhicule.
Là où j’ai été déçu, c’est en désactivant le contrôle de stabilité. Malgré tous les avertissements qui se sont affichés au tableau de bord, me prévenant que mon filet de sécurité était maintenant hors fonction, il n’a pas hésité à rappliquer lors de dérapages trop prononcés. Je sentais son intervention périodiquement lorsque l’accélérateur était au plancher et que je tentais de maintenir le véhicule dans une élégante glisse latérale. Je n’étais donc pas seul maitre à bord.

Le freinage régénératif, un problème potentiel en hiver
La grande majorité des véhicules électriques vous permettent de choisir quelle force de freinage régénératif est appliquée par les moteurs électriques.
Sur surface sèche, cette fonctionnalité est très pratique. Elle permet de conduire le véhicule pratiquement sans recourir à la pédale de freins. Sur surface glissante, c’est autre chose.
Je l’ai d’ailleurs constaté dans le parcours de slalom. En régénération maximale, de relâcher l’accélérateur entraine un freinage fort, qui induit en transfert de poids important vers l’avant. Comme les roues ne sont pas capables de contenir tout ce freinage, le véhicule entame un sous-virage prononcé qui rend presque impossible de reprendre le contrôle, à moins de doser l’accélérateur. En circuit fermé, comme c’était le cas à Mécaglisse, il n’y a pas de dangers puisqu’aucun obstacle ne se trouve à proximité.

Mais en ville, ou sur la route, c’est autre chose. La fonctionnalité pratique peut rapidement devenir embarrassante. C’est donc pourquoi il est recommandé de désactiver, ou à tout le moins de réduire l’intervention, du freinage régénératif automatique en condition de faible adhérence. La conduite de votre véhicule sera donc plus intuitive et moins déstabilisante.
Un mot en terminant sur l’Audi Q4 Sportback 50 e-tron. À travers tous ces paramétrages, j’ai découvert un véhicule facile à contrôler et qui communique avec le conducteur en ce sens qu’il est facile de percevoir ce qui se passe. La direction est rapide et précise, et la mécanique prompte à agir. L’efficacité de l’e-quattro n’est pas remise en question, puisqu’elle permet somme toute de maintenir une conduite sécuritaire et sécurisante.