Demandez à n’importe qui quelle est la camionnette la plus durable sur le marché, et il y a de fortes chances que la réponse soit Toyota. En effet, peu importe votre degré de connaissances en la matière, la réputation de fiabilité de ce constructeur rayonne partout dans le monde, surtout quand il s’agit de ses camionnettes.
Cette réputation que s’est forgée la camionnette Toyota s’est faite lentement, mais sûrement, au cours de ses 55 années de service. Jamais en avance technologiquement par rapport à sa concurrence et habituellement beaucoup plus compacte que ses principales rivales américaines, la camionnette Toyota s’est fait connaître par sa simplicité, sa robustesse et ses frais d’entretien. Des vidéos de ces camionnettes soumises à de l’extrême labeur sillonnent le web, tandis que les valeurs des anciens modèles en bon état dans le marché de l’occasion ne font que grimper.
Voilà pourquoi, lorsqu’un lecteur m’a contacté pour un essai rétro de sa camionnette Toyota Pickup 1991, j’ai été ravi d’accepter. J’étais curieux de redécouvrir l’un des véhicules qui a carrément construit la réputation d’indestructibilité du constructeur.

Avant de s’appeler Tacoma
Si, aujourd’hui, nous attribuons le nom Tacoma à la camionnette intermédiaire de Toyota, ce modèle a longtemps été vendu ici et ailleurs sous d’autres appellations. À vrai dire, tout a commencé avec le tout premier Toyota Hilux, introduit en 1968.
Ce n’est qu’en Amérique du Nord que cette camionnette a porté le nom de Pickup jusqu’en 1995, année où Toyota a décidé de distinguer notre modèle du Hilux. C’est à ce moment-là que le premier Tacoma est arrivé sur le marché, ce qui marquait la 6e génération de la lignée.
L’exemplaire à l’essai souligne donc la dernière génération avant de passer au Tacoma. Introduit en 1988, ce pickup arrivait sur la scène avec un empattement légèrement allongé par rapport à son prédécesseur. Cela lui assurait un habitacle un peu plus spacieux, notamment à l’arrière où le dégagement pour les jambes de la déclinaison Xtra Cab avait été légèrement augmenté.

Même s’il ne semblait pas avoir trop changé par rapport au modèle sortant, quelques détails esthétiques permettaient néanmoins à la 5e génération de se démarquer de sa devancière. Par exemple, la grille de calandre avait été légèrement redessinée, de même que les phares qui incorporaient désormais des clignotants en forme d’ailes qui s’étiraient vers les flancs du véhicule. Le pare-chocs était également plus proéminent, tandis qu’un tout nouveau logo – aujourd’hui bien connu — est venu s’apposer au centre de la calandre en 1992.
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Si l’exemplaire à l’essai vous rappelle la série de films Retour vers le futur en raison de sa couleur noire, sa barre antiroulis installée à même la caisse avec roue de secours et couvercles d’antibrouillards jaunes, il ne s’agit pas exactement du même modèle. Dans la série de films, nous avions plutôt affaire à un SR5 Xtra Cab de l’année modèle 1985. Il s’agissait donc du modèle de 4e génération, commercialisé chez nous de 1983 à 1987.

Deux choix de moteurs increvables
Offerte en version régulière ou avec une cabine allongée Xtra Cab, et 3 choix de caisses, soit de 4, de 6 et de 7,5 pieds, la camionnette de Toyota était offerte sur notre marché avec 2 choix de moteurs.
Les modèles d’entrée de gamme étaient motivés par un moteur à 4 cylindres de 2,4 litres dont la puissance était chiffrée à 113 chevaux, et le couple, à 142 livres-pieds. L’exemplaire à l’essai est plutôt équipé du V6 de 3 litres qui développe une puissance de 150 chevaux et produit un couple de 180 livres-pieds.
Les consommateurs avaient le choix d’une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports ou d’une boîte automatique à 4 rapports. Ils pouvaient également opter pour les 2 ou les 4 roues motrices. La version à 4 roues motrices incorporait un boîtier de transfert à 2 vitesses avec la possibilité de verrouiller le différentiel avant.

Rudimentaire, mais tellement charmant
Dès que j’ai mis le premier pied à bord de cette vieille camionnette, j’ai réalisé à quel point cette catégorie de véhicules en a fait du chemin en l’espace de 30 ans. Si les camionnettes d’aujourd’hui sont tout aussi confortables et bien finies que les voitures, elles présentaient très peu de commodités de confort à l’époque. Tout est d’une simplicité frappante, et il n’y a aucune notion de design ni de technologie à bord. Les portières sont minces, et tout semble avoir été pensé pour demeurer le plus robuste possible et être facile à utiliser. La planche de bord, plate et dénudée de superflu, présente l’information requise à la conduite ; on parle ici d’une grande instrumentation analogique entourée de gros boutons physiques, robustes et faciles à saisir.
Oubliez toute notion de confort à bord d’un Toyota Pickup. Le siège du conducteur est dur, et les réglages sont peu nombreux. J’ai néanmoins été étonné de découvrir un volant inclinable, tandis que l’espace à bord se montrait plus que suffisant pour ma grande taille. Une basse ceinture de fenestration m’octroyait une excellente visibilité latérale.

Le petit bœuf
Au démarrage, le moteur V6 active immédiatement son ventilateur de refroidissement, ce qui lui confère une sonorité qui rappelle celle d’un camion de livraison au ralenti. Il faut dire que la température ambiante dépassait facilement les 30 degrés. Toutefois, malgré son approche rudimentaire et son âge, ce Toyota ne montrait aucun signe de vieillesse dans sa mécanique. Je l’ai même trouvé étonnamment raffiné. Le passage au 1er rapport par l’entremise d’un long levier de vitesses et sa légère pédale d’embrayage me donnait l’impression d’une motorisation encore capable d’en prendre.
Le premier rapport est très court ; il est inutile de faire monter le moteur dans les tours, car rien ne se passe. C’est un « petit bœuf » en ce sens qu’on se rend rapidement compte que cette mécanique avait surtout été conçue pour forcer et non pour performer. Rien ne va réellement vite. Au passage du 2e rapport, qui s’est effectué tout en douceur grâce à l’exquise boîte de vitesses, le V6 m’a un peu plus montré ce qu’il a dans le ventre et a délivré une généreuse dose de couple qui permettait de prendre mon erre d’aller.
Sur nos routes abimées, le Pickup sautillait et oscillait dès la moindre imperfection. En fait, je réalisais à quel point les camionnettes d’aujourd’hui sont des palaces sur roues par rapport à cet engin. Évidemment, par respect pour son propriétaire, je n’ai pas tenté de travailler ni de faire du hors-route à bord de cet ancien modèle. Mon parcours s’est surtout déroulé sur la route.

La nostalgie des années 1990 battait son plein
De toute manière, une simple balade derrière son volant me suffisait pour redécouvrir une icône qui a mis la table à la qualité des produits Toyota à l’époque. Sur mon chemin, d’innombrables regards, des sourires et des pouces soulevés me confirmaient l’impact qu’a eu cette camionnette dans l’univers de l’automobile.
En effet, le Toyota Pickup ne se range pas dans la catégorie des incontournables classiques par son design, sa technologie ou son expérience de conduite. On l’apprécie en réalité pour cette sensation d’invincibilité quand on le conduit, le tout agrémenté d’une surdose de nostalgie pour tout ce qui a été construit durant les années 1990.
Dans les faits, une partie de cette sensation est illusoire, car ce vieux truck ne peut pas suivre une camionnette moderne en matière de remorquage, de charge utile ou d’habileté hors route. Voilà la magie de la réputation de Toyota : elle peut transformer la conduite d’une banale camionnette d’il y a 30 ans en une expérience magique et pleine d’émotions.