Les voitures sport japonaises des années 1990 sont désormais inscrites comme de véritables classiques. L’effet nostalgique associé à ces véhicules, agrémenté de quelques éléments externes, comme le cinéma et les jeux vidéo, a contribué à faire exploser leur popularité et, par conséquent, leur valeur dans le marché de l’occasion.
Il y a eu une bonne quantité de bolides japonais iconiques, mais on s’entend pour dire que, parmi les modèles populaires, il n’y en a que quelques-uns qui se situent au sommet et qui ont été les plus marquants. On qualifie ces modèles de « super japonaises ». On pense, bien sûr, à des bolides comme l’Acura NSX, la Mazda RX-7, la Toyota Supra, la Mitsubishi 3000 GT (vendue ici sous l’appellation Dodge Stealth) et, dans le marché japonais, la Nissan Skyline GT-R.
Toutefois, si Nissan ne commercialisait pas sa superbombe ici, le constructeur avait une autre corde à son arc pour le marché nord-américain. Il s’agissait de la Nissan 300ZX de 2e génération, aujourd’hui très prisée par les collectionneurs. Comme j’ai personnellement toujours été captivé par ce modèle, je l’ai mis à l’essai pour revivre la frénésie des voitures sport japonaises au tournant des années 1990.

Histoire du modèle
Si la 300ZX (nom de code Z32), commercialisée chez nous entre 1990 et 1996, était la 2e génération du modèle, elle était en réalité la 4e génération d’une gamme de sportives dont les origines remontent jusqu’au début des années 1970, avec la toute première Datsun 240Z. Aujourd’hui, ce modèle est encore commercialisé dans la 7e génération, introduite chez nous en 2023 sous la simple appellation Nissan Z. Fait intéressant au sujet de la nouvelle mouture : le design de ses feux a été inspiré de cette Z32!
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Pour le développement de ce modèle, le mot d’ordre de Nissan consistait à raviver les lettres de noblesse de son iconique sportive après plusieurs années à s’être éloignée de ses racines. Ensemble, les ingénieurs et les stylistes se sont carrément donné comme mission de concevoir « la meilleure sportive du monde », selon les dires du constructeur.
Tout a commencé par la volonté de Nissan de donner beaucoup plus de liberté aux stylistes du projet, soit Isao Sono et Toshio Yamashita, et de leur confier les ressources nécessaires pour concevoir un design qui permettrait à cette nouvelle Z de réellement capturer l’attention des passionnés. À titre d’exemple, la Z32 avait été dessinée sur le superordinateur Cray-2, ce qui faisait d’elle l’une des premières voitures de production à être stylisée de cette manière.

Résultat? Une sportive nettement plus moderne, plus aboutie et plus aérodynamique que sa devancière. Son design arrondi et aplati lui octroyait un coefficient de traînée de 0,31, ce qui faisait d’elle l’une des sportives les plus aérodynamiques de son époque.
Au moment de son arrivée sur notre marché, en 1990, la 300ZX était offerte en version à 2 places ou avec l’option de places arrière sous l’appellation 2+2. Cette version voyait son empattement légèrement allonger, tandis que le bouchon du réservoir d’essence avait été repositionné derrière l’aile arrière. La 300ZX pouvait être commandée avec un toit rigide ou amovible en forme de T (T-top). En 1993, une version décapotable, construite par ASC (American Specialty Cars), avait été ajoutée à la gamme.
Soulignons que cette Nissan 300ZX est arrivée au moment où l’industrie manufacturière de l’automobile japonaise était en pleine ébullition. Plusieurs experts de voitures classiques s’entendent pour dire que le début des années 1990 a été les moments de gloire des constructeurs japonais.
Chacun arrivait sur la scène avec une sportive porte-étendard truffée de technologies de pointe et capable de performances époustouflantes. Or, si l’objectif initial de Nissan avec la Z32 était de concurrencer la Porsche 944 et la Chevrolet Corvette, sa véritable concurrence nord-américaine provenait plutôt de son pays natal, plus précisément de Honda/Acura, de Mazda, de Mitsubishi et de Toyota.

Moteurs, transmissions et caractéristiques techniques
Au moment de son arrivée, la Nissan 300ZX était mue par un moteur V6 de 3 litres à 24 soupapes. Ce moteur avait reçu quelques modifications par rapport à son prédécesseur, comme un système d’admission d’air double et le calage variable des soupapes. Tout le système d’échappement avait également été revu.
Sa puissance était chiffrée à 222 chevaux, soit 25 de plus que la version turbocompressée de la génération précédente. Le couple s’affichait à 198 livres-pieds. De série, ce moteur était jumelé à une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports. Une boîte automatique à 4 rapports était toutefois proposée en option. Toutes les Nissan 300ZX ont été des propulsions, tandis qu’un différentiel à glissement limité venait de série.
Peu de temps après son introduction sur notre marché, la 300ZX a reçu une version turbocompressée. Grâce à 2 turbocompresseurs de marque Garrett installés en parallèle (un de chaque côté du moteur) et de deux refroidisseurs, le moteur V6 voyait sa puissance grimper à 300 chevaux (283 pour la version automatique), et son couple, à 286 livres-pieds.
Visuellement, très peu d’éléments sur la carrosserie permettaient de distinguer une Twin Turbo d’une 300ZX ordinaire, outre de subtiles prises d’air dans la partie inférieure du pare-chocs avant pour assister les refroidisseurs ainsi qu’un aileron installé sur le coffre. Les versions turbocompressées étaient également équipées de pneus plus larges à l’arrière, de composants de frein plus costauds, d’amortisseurs réglables électroniquement et des 4 roues directionnelles.

Impressions de conduite
L’exemplaire à l’essai est une 300ZX à 2 places et mue par le moteur V6 atmosphérique. Selon son propriétaire, si ce sont les versions Twin Turbo qui sont les plus prisées par les collectionneurs, la version atmosphérique se révèle nettement plus simple mécaniquement et considérablement plus fiable. Plus ces modèles prennent de l’âge, plus il devient difficile de les diagnostiquer et de trouver des pièces. Pour le propriétaire de cette Z, l’absence de turbocompresseurs ne fait que réduire les maux de tête mécaniques.
L’autre particularité de cet exemplaire, c’est qu’il s’agit d’une 300ZX d’origine commercialisée chez nous à l’époque. La folie des voitures sport japonaises a fait en sorte que de nombreux exemplaires ont été modifiés, volés ou démolis dans des accidents. Or, bien qu’il soit plus commun de voir des 300ZX importées du Japon avec le volant à droite ou importées des États-Unis ou même, gravement accidentées (VGA), un exemplaire d’origine comme celui-ci est aujourd’hui très rare.
À l’approche de cette vieille Nissan, les souvenirs de mon enfance filaient instantanément dans ma tête. Lorsque j’étais enfant, chaque fois que je voyais une 300ZX, j’en faisais mention à mon père qui, lui aussi, adorait cette auto. Aujourd’hui, dans ce monde de voitures toujours plus grosses, de camionnettes et de VUS, cette sportive paraît toute petite et très base du sol. Son design n’a pas vieilli d’un poil. À mes yeux, il s’agit d’une des sportives japonaises les mieux dessinées de son époque.

En montant dans le véhicule et en apercevant son siège conducteur en cuir un peu déchiré et son volant usé, j’ai immédiatement réalisé que les années 1990 sont déjà très loin derrière nous. Malgré cela, l’habitacle d’une 300ZX demeure moderne et axé sur la conduite, surtout grâce à ses fameuses « manettes » installées sur l’instrumentation qui permettent au conducteur de tout contrôler, des phares, jusqu’à la climatisation.
Il a suffi que d’un tour de clé pour faire rugir son moteur V6 qui tournait tout aussi rond que celui d’une Maxima de l’année modèle 2023. Au décollage, la pédale d’embrayage dont le point de friction est très élevé m’a un peu déstabilisé, mais pour le reste, le levier de vitesses était précis et agréable à manipuler, tandis que la servodirection hydraulique me donnait vraiment cette sensation de faire corps avec la mécanique.
À ma grande surprise, malgré l’absence de la turbocompression, la 300ZX demeure une sportive qui a du cœur au ventre. Certes, on doit faire monter ce moteur dans les tours pour extraire son potentiel, mais l’acte est toujours plaisant, et la sonorité de ce V6 demeure à ce jour absolument séduisante.

Avec les T-top retirés, j’avais presque l’impression d’être au volant d’une décapotable, ce qui ne faisait qu’agrémenter l’expérience de conduite. Le châssis précis et la réactivité de la mécanique me donnaient envie de continuer de conduire ce classique à l’infini.
Mais outre son expérience de conduite, la 300ZX faisait tourner les têtes partout où j’allais. Après l’avoir garée, un homme d’environ mon âge est venu me dire à quel point il se souvient de ce modèle et comment il se sentait d’en voir une.
Au retour de ma brève commission, un jeune père et son fils admiraient le bolide. À l’approche, le monsieur m’apprenait que son fils en avait une en modèle réduit, et que c’était son modèle préféré. Après m’avoir demandé la permission d’assoir son fils dans le siège du conducteur, j’ai accepté sans hésitation, car c’était une scène que j’aurais moi-même voulu vivre avec mon papa quand j’étais enfant.
Rares sont les bolides qui créent autant d’émotions. Voilà pourquoi la Nissan 300ZX de 2e génération restera gravée, selon moi, dans l’histoire comme l’une des sportives les plus marquantes de l’industrie de l’automobile japonaise.
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