Il s’agit sans doute de la vidéo de Tesla la plus populaire, celle où l’on aperçoit une Model S se conduire toute seule, en ville, sans la moindre implication du conducteur pendant plus de 3 minutes. C’est en utilisant cette vidéo que Tesla a fait la promotion de son système d’aide à la conduite Autopilot 2.0 avec fonction Full Self-Driving en 2016 via son site internet et ses réseaux sociaux. Mais selon d’ex-employés de Tesla, tout a été arrangé, et la technologie était loin d’être prête à être mise en marché.
Dans un dossier spécial élaboré par le New York Times, 19 ex-employés de Tesla préférant rester dans l'anonymat, dont deux des ingénieurs responsables du projet Autopilot, ont témoigné que la totalité de la vidéo représente en réalité de la fausse information, et que tout a été arrangé par le constructeur pour bien paraître.
L’un d’entre eux, qui avait comme responsabilité de monter la vidéo, a même avancé que la Model S en question aurait causé un accident solo durant l’exercice, ce qui a obligé le fabricant à faire des réparations importantes.
Selon les individus interviewés, ce qui a permis à cette Model S de compléter sa trajectoire autonome sans la moindre interaction du conducteur, ç’a été le fait que le trajet avait déjà été programmé dans l’ordinateur du véhicule.
L’autre raison, c’est que le prototype utilisait un système de cartographie 3D, une technologie qui n’était pas encore offerte dans les véhicules Tesla à l’époque. Celle-ci ne fait que commencer à être intégrée aux véhicules d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs le cas du système Supercruise de General Motors, qui fait appel à une entreprise tierce pour lui fournir les données de cette cartographie. C’est ce qui explique pourquoi le système de GM n’est encore pas complet, mais évolue année en année.
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L’enquête du New York Times va encore plus loin. Le média a obtenu une copie des données de désengagement de conduite autonome remises par Tesla à la California Department of Motor Vehicles en janvier 2017. Il s’agit d’une procédure obligatoire où tout véhicule roulant sans conducteur doit soumettre l’information relative à des interruptions ou à des désengagements du système autonome.
Le rapport indique 187 désengagements du système Autopilot durant le mois d’octobre 2016, mois auquel Tesla a publié la vidéo. Il se trouve que 97 % de ces désengagements ont eu lieu entre le 14 et le 17 octobre, soit quelques jours avant la sortie de la vidéo promotionnelle, le 18 octobre 2016. Or, durant les quatre jours qui ont précédé la publication de la vidéo, la Tesla Model S en question n’aurait parcouru qu’un maximum de 3,2 kilomètres avant que le système ne soit interrompu.
Lorsque cette vidéo a été mise en ligne, Tesla avançait que tous ses véhicules étaient prêts pour la technologie Full Self-Driving, mais en réalité, cette mise à jour n’a été offerte que l’année suivante. Tesla – et Elon Musk – faisaient non seulement la promotion d’un système Autopilot incomplet, mais promettait également une nouvelle technologie qui n’était pas encore possible, selon ce qu’avance les employés interviewés. Autrement dit, le constructeur a préféré commercialiser la technologie avant de s'assurer que celle-ci était sécuritaire pour l'automobiliste.
Une enquête sera donc ouverte pour investiguer la chose. RPM n’a pas pu obtenir le point de vue de Tesla, car le constructeur ne dispose d’aucun département de Relations publiques, ni de point de contact pour les médias.