Après 16 heures de fortes négociations au Luxembourg, les 27 nations membres de l’Union européenne se sont finalement entendues pour interdire la vente de voitures neuves à essence à compter de 2035. Suivant le Canada dans sa décision, l’Europe, qui discute d’une telle loi depuis plusieurs mois maintenant, laisse toutefois quelques exceptions sur la table : elle permettra aux constructeurs de véhicules exclusifs de continuer avec l’essence un certain temps et d’encourager le développement des carburants alternatifs.
Si l’Union européenne a pris plus de temps que le Canada à prendre sa décision, c’est qu’elle compte une plus forte présence automobile de la part d’importants secteurs manufacturiers provenant d’Allemagne, d’Italie et de la France, notamment.
Un bras de fer s’était déjà enclenché entre l’Italie et l’Union européenne pour protéger les constructeurs de supervoitures comme Ferrari, Lamborghini, Pagani et autres. Du côté de l’Allemagne, l’industrie de l’automobile croit fermement au développement de carburants alternatifs comme les carburants synthétiques, une technologie dans laquelle le groupe Volkswagen investit en grande pompe depuis quelques années. D’ailleurs, la formule 1 n’aura recours qu’à ce genre de carburant à compter de 2026.
La France et la République tchèque ont, elles aussi, manifesté leur mécontentement face à l’interdiction de vendre des véhicules à moteur thermique en 2035, qualifiant cette réglementation de meurtrière pour l’industrie de l’automobile.
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Malgré les résistances, l’Europe a fini par s’entendre en faisant certains compromis à la réglementation. Par exemple, l’amendement 121, aussi connu par le nom « l’amendement Ferrari », permettra aux constructeurs de véhicules exclusifs – soit ceux qui commercialiseront moins de 10 000 véhicules par année – d’être temporairement exemptés de la loi. Les termes de cet amendement sont encore nébuleux, mais on comprend que ces constructeurs ne seront pas nécessairement dans l’obligation d'éliminer leurs moteurs thermiques, et ce, pendant « un certain temps » une fois que la réglementation sera en vigueur.
En réalité, cette réglementation ne veut pas nécessairement tuer le moteur à combustion interne. Au contraire, elle vise à encourager le développement de carburants synthétiques ou de l’hydrogène. L’Union européenne dit être ouverte à l’implantation d’énergies alternatives, à condition qu’elles lui permettent de respecter ses objectifs de carboneutralité d’ici la prochaine décennie. Les détails sont toutefois encore vagues.
Selon les confidences d’Arno Antlitz, directeur administratif et financier du groupe Volkswagen, dans le cadre d'une entrevue avec le média Reuters, le plus grand défi pour les constructeurs d’automobiles ne sera pas de s’armer d’usines capables de produire de grandes quantités de véhicules électriques, mais plutôt de sécuriser les ressources nécessaires pour les construire.
Tous les membres de l’Union européenne étaient d’accord qu’une telle réglementation mettra énormément de pression sur l’industrie de l’automobile à l’échelle mondiale, mais qu’un tel mouvement demeure nécessaire pour l’avenir de notre planète.
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