« Je vois en ligne qu’on fait travailler des enfants à l’extraction du cobalt dans les mines du Congo. Que penser de ces problèmes d’éthique en lien avec la production de voitures électriques? » - Sophie
Réponse
Bonjour Sophie,
Il s’agit d’une très bonne question. Oui, il est important de prendre conscience de la gravité des pratiques d’extraction des minerais dans certains pays avant d’acheter un bien de consommation, afin de faire un achat sensé et éthique. Analysons ensemble la situation dont vous faites mention.
Un problème complexe, mais qui ne date pas d’hier
D’abord, c’est vrai ! Les batteries au lithium-ion, pour la plupart, requises pour faire fonctionner les voitures électriques et les appareils électroniques actuellement sur le marché, nécessitent la présence de cobalt pour leur bon fonctionnement. On pense aux batteries NCM (nickel cobalt manganèse) et NCA (nickel cobalt aluminium) qu’on retrouve dans des véhicules comme la Chevrolet Bolt EV, le Hyundai Kona électrique et la Nissan LEAF, notamment. Dans ces véhicules, le pourcentage de cobalt se situe à environ 10 % de la composition totale de la batterie.
Il est également vrai que certaines mines de cobalt, comme celles qu’on retrouve dans la province de Katanga, dépendent parfois du travail des enfants. Il est d’autant plus alarmant de constater que, en raison du fait qu’il s’agit de la région du monde qui recèle la plus grande concentration de ce métal, la République démocratique du Congo (RDC) est responsable de 70 % de l’approvisionnement du cobalt dans le monde. Selon un document publié par les Nations-Unies sur le sujet en 2020, on compterait 40 000 enfants qui travaillent dans des conditions dangereuses pour leur santé et leur sécurité.
Il faut toutefois mettre les choses en contexte. Oui, ce qui se passe au Congo en lien avec la production des batteries pour véhicules électriques doit cesser. Malheureusement, cette réalité ne date pas d’hier. L’industrie minière africaine existe depuis la fin des années 1800 et, hélas, elle n’a pas toujours emprunté le chemin le plus éthique pour arriver à ses fins.
Que faire à titre de consommateur?
Maintenant, comment pouvez-vous, à titre de consommatrice, faire un geste éthique quand viendra le temps d’acheter votre prochain véhicule électrique? Devrez-vous vous sentir coupable d’encourager l’exploitation d’enfants pour vous permettre de ne plus cracher de gaz à effet de serre (GES) en conduisant votre voiture?
Je vous dirais que non, vous n’avez pas à vous sentir mal, car il existe déjà plusieurs pistes de solution pour que les véhicules électriques soient construits d’une manière plus éthique.
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D’abord, on remarque que certains constructeurs, comme Tesla, ont déjà entamé la commercialisation de batteries LFP (pour lithium fer phosphate). Ces batteries, à base de fer, ne contiennent aucun cobalt, sont plus simples à construire et nettement plus faciles à recycler. D’autres constructeurs, comme Mercedes-Benz, se préparent également à faire le pas.
Ensuite, il y a le fait que presque tous les constructeurs d’automobiles sont sensibles à la nature de leur chaîne d’approvisionnement. Certains, comme Volvo et BMW, notamment, se sont engagés à fournir à leurs clients une transparence absolue de cette chaîne d’approvisionnement. On peut donc vérifier la provenance des métaux, leur mode d’extraction et l’empreinte carbone générée au moment de la construction de la batterie.
Encore du travail à faire
Oui, il reste encore beaucoup de chemin à faire avant de mettre un frein à l’exploitation des enfants dans les mines. Toutefois, plusieurs pays riches de l’Union européenne, notamment, se sont engagés à stopper de telles pratiques.
À titre d’exemple, le 23 février 2022, la Commission européenne a adopté une proposition de directive relative au devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises. L’objectif consistait à promouvoir un comportement durable et responsable des entreprises et d’ancrer les considérations relatives aux droits de l’homme et à l’environnement dans l’exploitation et la gouvernance des entreprises.
Ces règles visent à garantir que les entreprises s’attaquent aux effets négatifs de leurs actions. Par exemple, dans le cas des enfants qui travaillent dans les mines, les constructeurs d’automobiles et de batteries qui désirent s’approvisionner en cobalt au Congo devront mettre sur pied des programmes de syndicalisation pour protéger le droit des enfants.
À titre de consommateur, il est important de s’informer des pratiques du constructeur. Certains seront transparents dans leur réponse, d’autres, non. Il faut faire preuve de rigueur et de bonnes recherches auprès du constructeur par l’entremise de son site web ou, même, de son site de relations publiques. Si vous jugez que les pratiques du constructeur avec qui vous désirez faire affaire sont non éthiques, nous vous suggérons tout simplement d’aller voir ailleurs.