J’ai toujours tendance à utiliser les applications mobiles de navigation présentes sur mon téléphone intelligent et relayées à l’écran de l’auto par Apple CarPlay. Mais, je me suis récemment questionné sur l’avancement qu’ont fait les constructeurs automobiles en la matière ces dernières années. Si jadis, ces systèmes de navigation étaient carrément inutilisables tant ils étaient bourrés d’erreurs, un grand nombre de véhicules sont maintenant connectés et reçoivent des informations de circulation en temps réel, de la même manière que les applications mobiles. Tout est là pour que l’expérience soit améliorée grandement par rapport à ce que c’était.
Rien de mieux pour y voir clair que d’utiliser le système de navigation imbriqué dans plusieurs véhicules mis à l’essai. De ces expériences, voici un exemple de trajet qui ne s’est pas passé comme prévu.
Un trajet normalement banal
Décembre 2023, je suis parti de Lanaudière pour me rendre à Longueuil à bord d’un véhicule Ford. J’ai donc entré l’adresse de ma destination dans le véhicule, qui m’a fait prendre l’autoroute 40 en direction ouest. Jusque-là, tout est maitrisé.
Juste avant d’arriver à l’autoroute 25 en direction du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, le système m’a fait sortir de l’autoroute pour emprunter le boulevard Roi-René en direction sud. Ce n’est pas inhabituel que les systèmes de navigation nous redirigent vers des trajets alternatifs à l’autoroute 25, compte tenu des travaux en cours au tunnel qui perturbent de manière importante et continuelle la circulation automobile. Toutefois, c’est la première fois qu’un système, toutes origines confondues, me faisait emprunter le boulevard Roi-René. Déjà là, ça n’augurait rien de très bon.
Ensuite, il m’a envoyé sur la rue Sherbrooke en direction ouest. Je suis passé par-dessus l’autoroute 25, ce qui m’a permis de constater que la circulation automobile y était complètement arrêtée, me procurant un sentiment de victoire. Le GPS intégré avait vu juste! Plus loin, j’ai bifurqué à gauche sur l’avenue Haig, que j’ai descendue jusqu’à la rue Notre-Dame, qu’il m’a fait emprunter en direction est.
Selon les indications de mon (bientôt incompétent) système, je devais ensuite tourner sur la rue des Futailles, qui devait me mener à la dernière bretelle d’accès au tunnel avant de traverser sur la Rive-Sud.
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Le problème, c’est que cette bretelle est fermée depuis octobre 2022. OCTOBRE 2022! Le système, aussi connecté soit-il, n’était pas encore au fait des importants travaux qui ont cours à cet endroit depuis plus d’un an.
Constatant le cul-de-sac dans lequel j’étais engagé, j’ai changé de stratégie en utilisant plutôt Waze par l’entremise de mon téléphone cellulaire. L’application m’a fait remonter par la rue Honoré-Beaugrand, pour me rendre (à nouveau) sur la rue Sherbrooke en direction est. Bref, il aura fallu 2 h 38 pour parcourir moins de 100 kilomètres, en raison en plus d’un accrochage qui a ralenti notre progression. Une perte de temps monumentale.
Un constat généralisé
J’ai obtenu des résultats similaires avec presque toutes les marques. Des mises à jour qui ne sont pas faites et qui dirigent vers des routes inexistantes, des routes fermées, une entrée de cour ou encore des zones de trafic dense.
Bien que l’utilisation du système de navigation soit un exemple probant, et surtout frustrant, de l’incompétence d’une majorité de constructeurs d’automobiles en la matière, d’autres aspects du système d’infodivertissement le confirment également. Dans bien des véhicules, le simple fait de vouloir changer de poste de radio, ou encore d’accéder à une liste de chansons qui se trouve dans un téléphone intelligent relève d’un exploit. Il est facile de se perdre dans les dédales des systèmes d’infodivertissement complexes et peu intuitifs et les sous-menus qui n’en finissent plus. Sans compter que certains systèmes sont particulièrement lents, ou renferment d’autres contraintes stupides comme l’impossibilité d’utiliser la fonction tactile dès que le véhicule est en mouvement.
J’ai beau vouloir utiliser la commande vocale, mais celle-ci, dans presque 100 % des cas, ne comprend pas ce que je veux dire, ou doit être utilisée avec des mots-clés bien précis, sans quoi elle ne réagit pas. Franchement, c’est nul.
L’expérience utilisateur
Avant toute chose, je me dois quand même de souligner l’effort de certains constructeurs qui s’en tirent un peu mieux que d’autres. Je pense entre autres à Tesla avec son système intégré, de même qu’aux véhicules qui utilisent le système généralement plutôt bien renseigné Google, dont l’application Google Maps. Mercedes-Benz, avec son système MBUX de type zéro couche, fait aussi bonne figure. Cependant, ils représentent l’exception qui confirme la règle, puisque la plupart des constructeurs généralistes laissent une mauvaise impression.
Donc, pourquoi les constructeurs d’automobiles sont-ils aussi déphasés quand vient le temps de programmer leurs systèmes d’infodivertissement?
Il semble manquer une chose à ces constructeurs : considérer l’expérience utilisateur, ou le « user experience (UX) » comme on dit en anglais. « L’UX qualifie l’expérience globale ressentie par l’utilisateur lors de l’utilisation d’une interface, d’un appareil digital ou plus largement en interaction avec tout dispositif ou service », selon ce qu’avance Usabilis, une entreprise qui se spécialise dans ce domaine.
C’est précisément ce que font Apple et Google avec les systèmes CarPlay et Android Auto. Tout est facile : l’interface est presque identique à celle du téléphone que nous avons constamment dans les mains, les applications mobiles sont constamment à jour (pour vrai), elles reçoivent des données en temps réellement réel, et parfois bénéficient de la contribution d’autres automobilistes. Un accident survient? Un trajet alternatif est immédiatement trouvé pour tenter de limiter les dégâts sur votre heure d’arrivée. L’opération des différents menus est aussi facile et intuitive, sans délai.
C’est pourquoi j’estime que plusieurs constructeurs ont perdu cette bataille. À mon sens, ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils capitulent et s’adressent à de grandes marques connues pour leur interface, comme ils le font pour leur chaine audio. C’est d’ailleurs commencé, avec l’intégration de l’interface Google par certains constructeurs, et avec Apple qui est en plein développement d’une interface complète pour l’auto.
Les constructeurs pourront donc se concentrer sur d’autres aspects envers lesquels ils ont plus d’intérêt.
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