L’histoire nous a démontré que pour qu’une nouvelle technologie persiste, elle doit non seulement être révolutionnaire et efficace, elle doit aussi être acceptée de tous. C’est exactement ce qu’on constate en observant la rivalité hydrogène/électrique. Bien que la pile à combustible à hydrogène comprenne son lot d’avantages, elle demeure, encore aujourd’hui, une technologie très marginale. L’électrique, quant à elle, jouit d’un essor phénoménal.
Si l’on se fit à la plus récente analyse sur le sujet par le média Automotive News, on constate que les chiffres parlent d’eux même. Pour mettre les choses en perspective, aux États-Unis où les infrastructures de remplissage d’hydrogène sont plus nombreuses qu’ici, il s’est vendu 15 000 véhicules légers (voitures, camionnettes et VUS) alimentés par une pile à combustible à l’hydrogène depuis 2013. Toutefois, durant la même période, il s’est vendu 2,3 millions de véhicules électriques aux États-Unis.

Toujours marginal
En fait, ce que l’on constate depuis les 10 dernières années, c’est que bien que l’hydrogène se trouve toujours à un stade marginal, c’est-à-dire que les modèles sont commercialisés en très faible diffusion et que les infrastructures de remplissages sont peu nombreuses, l'offre des véhicules électriques a plus que doublé. Il y a aussi une évolution très rapide dans la disponibilité des infrastructures de recharge.
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Par exemple, si les États-Unis comptent 55 emplacements de ravitaillement en hydrogène, ceux-ci sont carrément éclipsés par les quelque 50 000 bornes de recharge actuellement disponibles aux automobilistes. C’est sans compter les récents investissements de 4 milliards $ provenant du gouvernement américain pour aider à stimuler l’offre d’infrastructures de recharge au pays.
Chez nous, le portrait de l’hydrogène est encore moins glorieux, car il n’existe actuellement qu’une seule station de ravitaillement grand public au Québec. Au moment d’écrire ces lignes, les consommateurs ne pouvaient acheter que deux modèles, soit le Hyundai Nexo (73 703 $) et la Toyota Mirai (56 424 $ - 79 724 $). Le coût de l’hydrogène pour remplir une berline comme la Toyota Mirai, se chiffre aux alentours de 50 $ pour un plein.

L’électrique domine
Or, bien que les véhicules à l’hydrogène aient démontré une certaine réduction du prix de vente en dix ans, l’accessibilité des électriques a été beaucoup plus rapide. Il est aujourd’hui possible de mettre la main sur un modèle aux alentours des 40 000 $ avant l’application des rabais gouvernementaux, et lorsqu’on recharge ces véhicules à la maison au Québec, on s’en sort généralement en dessous de 5 $ pour une charge complète.
C’est l’évolution presque exponentielle du rendement des véhicules électriques ces dernières années qui rend la vie difficile à la voiture à l’hydrogène, dont le progrès technologique a été très minime en l’espace d’une décennie. En outre, il a été démontré à mainte reprise que bien que l’hydrogène est plus dense énergétiquement qu’une batterie et même, que l’essence, une batterie demeure nettement plus efficace énergétiquement à long terme, sans compter le fait qu’elle peut être recyclée et réutilisée.

Où s’en va l’hydrogène?
Or, à moins que les piles à combustible à hydrogène traversent une révolution technologique qui permettra de surpasser les batteries, il sera très difficile pour cette technologie de rattraper le temps perdu. Dans le secteur de l’automobile, la décision est presque unanime auprès de plusieurs constructeurs : l’avenir, c’est l’électrique.
Mais qu’en est-il des autres secteurs du transport, comme le camionnage? En effet, cette industrie se penche de plus en plus vers l’hydrogène pour ses avantages évidents, comme la rapidité de remplissage et le fait qu’on ne doive pas composer avec une lourde et encombrante batterie. Énormément d’argent est investi dans le développement de l’hydrogène afin de réduire ses coûts de transformation et d’utilisation, comme, notamment, le programme Hydrogen Shot du Département de l’énergie américain.
Nous pourrions donc apercevoir un progrès marquant à l’avenir, ce qui pourrait aider à l’acceptation sociale de l’hydrogène. Mais bien que l’industrie du camionnage y voit un énorme potentiel, certains acteurs du milieu, comme Tesla et son poids lourds Semi, pourraient venir changer la donne en faveur de l’électrique.