Exceptionnellement, cette année, Volkswagen était présente sur les pelouses de l’un des plus prestigieux Concours d’élégance du circuit, Amelia Island, en Floride. Pour l’occasion, le constructeur a mis en valeur l’un de ses emblématiques modèles, le Type 2 de 1re génération (de 1949 à 1967). Avant même qu’il ne soit stationné, et que l’exposition ne commence, on m’a remis les clefs d’un modèle 1967, Type 2 et pas n’importe lequel, le plus excentrique de tous, le fameux Micro Bus De Luxe « 21 Windows ». C’était la première fois que je mettais la main sur cet emblème des années 1960, et je n’ai pas été déçu. Voilà une belle occasion de faire un retour sur une partie de l’histoire de ce bolide qui a marqué l’histoire de l’automobile et, même, l’histoire tout court.
Le symbole d’une génération
Qui n’a jamais vu d’images d’un Type 2 avec une peinture psychédélique en plein milieu de l’action dans les champs de Woodstock à la fin des années 1960. Symbole par excellence des années « Peace & Love », le Type 2 pourrait être qualifié de transporteur officiel de cette génération de jeunes et de moins jeunes qui remettaient en question l’ordre établi et le conservatisme des premières années d’après-guerre. Depuis, il a marqué les esprits avec ses versions conçues pour le camping de l’équipementier allemand Westfalia, à un point tel que de nombreuses personnes croient que c’est, en réalité, le nom du modèle! Créé en 1949, le premier exemplaire est sorti en novembre de l’usine de Hanovre, en Allemagne. Cette génération s’est étirée de 1949 à 1967 en Europe et en Amérique du Nord, mais jusqu’à 1975 au Brésil. Au compte, plus de 2 millions d’exemplaires du Type 2 de 1re génération ont été vendus dans le monde.
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6 versions centrales
Pensé par Heinz Nordhoff, le Type 2 a débuté sa carrière comme un simple fourgon commercial. Dès les premières esquisses, Volkswagen a réalisé que son potentiel était beaucoup plus grand que pour de simples fonctions d’affaires. Dès 1951, on a proposé pas moins de 6 configurations différentes : fourgon, Micro Bus, Micro Bus De Luxe, Kombi, camionnette et ambulance. Au fil des années, on a ajouté une collection de versions et près d’une cinquantaine de possibilités de conversions utilitaires. Le Type 2 était réellement le couteau suisse des transports de tous genres. Fait historique intéressant, comme VW savait que les versions fourgons seraient peintes aux couleurs des entreprises, elle livrait les véhicules avec une peinture d’apprêt grise seulement.
Construit sur la base de la Beetle, le Type 2 adoptait une approche inédite sur le marché nord-américain. C’était tellement étrange pour plusieurs que même Volkswagen le publicisait et le présentait comme une familiale à toit élevé. Toutefois, comme il ressemblait à un « bus », le terme Micro Bus s’est rapidement imposé dans la stratégie de commercialisation. Il y a bien les versions utilitaires qui ont commercialement été importantes, mais les modèles qui ont le plus marqué l’imaginaire collectif nord-américain étaient destinés au transport de passagers : Kombi, Micro Bus et le plus confortable de tous, le Micro Bus De Luxe.
Le nec plus ultra
La version à l’essai était la version De Luxe de 1967. La principale caractéristique qui distinguait le « Sonderausführung » (Modèle spécial), lancé le 1er juin 1951, des deux autres versions de base était, bien sûr, la présence des 8 petites fenêtres (skylights) en acrylique sur le toit, 4 de chaque côté. Jusqu’en 1964, on pouvait également compter sur la présence de 2 autres lunettes courbes sur les piliers D. Au total, à l’origine, le modèle De Luxe comptait 23 fenêtres, ce qui constitue, encore aujourd’hui, un record. Il était aussi possible d’avoir un toit ouvrant de toile. Toutes les versions De Luxe avaient plus de chrome au logo VW et un habillage de l’applique en V plus décoré, même chose pour les pare-chocs à deux tons.
C’est dans l’habitacle avec une luminosité améliorée que les changements offraient le plus de confort aux 8 occupants. La finition générale était supérieure avec un recouvrement de plafond de lainage et du vinyle dans la partie inférieure des portières et des panneaux intérieurs. Autre détail de finition important, toutes les appliques de plastique noir à l’intérieur sont remplacées par des appliques de couleur ivoire, plus chic. Outre la quantité astronomique de cendriers, ce qui marque le plus le De Luxe est la présence d’une planche de bord complète qui intégrait même une horloge devant le passager. Dans l’espace de chargement d’une capacité de 793 litres, on retrouve deux barres de protection dans les vitres latérales et un tapis de sol pour éviter les bruits ou le déplacement des objets quand le véhicule était en mouvement.
Poussif
En termes de mécanique, De Luxe ou pas, la puissance est anémique. Le 4-cylindres à plat de 1,493 litre (91,1 pouces cubes) situé à l’arrière ne développe qu’une puissance de 53 chevaux à 4 200 tours/minute. Fort heureusement, il était couplé à une boîte de vitesses manuelle à 4 rapports qui essayait tant bien que mal d’extirper chaque souffle des chevaux. Après avoir fait l’essai sur les routes à plat de la Floride avec une collègue qui ne faisait pas plus de 120 livres, je n’ose imaginer le rendement de la mécanique dans une côte ascendante avec 8 personnes à bord et des bagages. Fort heureusement, la version à l’essai avait un embrayage qui fonctionnait comme un neuf. Disons que ce n’est pas légion, car les Type 2 sont reconnus pour leur embrayage difficile.
Malgré une position de conduite très étrange, on est assis sur les roues avec les jambes devant l’essieu, on trouve rapidement nos aises. J’avais le toit dans le front et, malgré les 21 fenêtres, ma vision avant était limité en raison de mon gabarit.
Comme il s’agit d’un véhicule classique, c’est le genre de bolide qui nous colle le sourire au visage dès l’ouverture de la portière. Même si le Micro Bus à l’essai était à l’état neuf, il demande un certain apprentissage à la conduite, en raison des freins hydrauliques et de la puissance limitée. J’ai vite constaté qu’il était nécessaire de garder une bonne distance avec les autres usagers de la route. Même constat pour la direction ; à cette époque, la notion de précision ne figurait pas encore dans le vocabulaire de Volkswagen.
Conclusion
Malgré des défauts gros comme la Terre, le Micro Bus demeure l’un des véhicules les plus agréables que j’ai conduits en carrière. Oui, c’est un monument de l’histoire de l’automobile, mais c’est aussi le symbole de plusieurs générations. Un véhicule porteur de souvenirs ; j’ai pensé à mon oncle Gilles et à ses « West » de même qu’à mon père et à son Type 2 camionnette 1970. Ajoutez à cela le fait que ses lignes n’ont pas encore pris une seule ride et vous aurez la définition de ce qu’est un véhicule de collection. Alors que le Micro Bus De Luxe se vendait 2 900 $ US en 1967, aujourd’hui, il n’est plus rare de voir des Micro Bus De Luxe se vendre plus de 200 000 $ US.
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