La Nissan Sentra a souvent bien fait, mais elle n’a jamais réussi à obtenir autant de succès que les Honda Civic, Toyota Corolla et Hyundai Elantra de ce monde. Afin de monter sur le podium des ventes chez les compactes, il faut des qualités essentielles : être fiable et profiter d’un bon niveau d’équipement pour un prix ultracompétitif. Au Québec, le véhicule doit aussi être stylisé et agréable à conduire, ce qui explique le succès de la Mazda3 par le passé. Ajoutez des habitudes d’achat bien établies pour les modèles dominants, on comprend alors qu’il n’est pas facile de se tailler une place au sommet. Introduite en 1982, la Nissan Sentra a souvent bien fait, mais elle n’a jamais eu toutes les qualités requises.
Alors que beaucoup de constructeurs délaissent leurs voitures au profit des VUS, Nissan continue d’y croire et compte bien hausser ses parts de marché en introduisant la huitième génération de sa Sentra. Il faut avouer que mes attentes n’étaient pas très élevées face à cette nouvelle mouture, je m’attendais à quelques changements cosmétiques et des améliorations ici et là, mais cette nouvelle Sentra s’est avérée surprenante. En fait, j’ai tout d’abord caché mon enthousiasme afin d’être certain que le chaud soleil de la Californie n’avait pas miné mon sens critique, mais puisque l’opinion de plusieurs collègues allait dans le même sens, on peut conclure que Nissan a bien fait ses devoirs et que la Sentra 2020 est beaucoup plus convaincante.
La voiture repose sur une toute nouvelle plate-forme qui pour le moment lui est propre. Les ingénieurs ont donc pu repartir sur de nouvelles bases, éliminant du coup les contraintes de l’ancienne génération. La rigidité structurelle est en hausse, la voiture est plus basse (deux pouces) et un peu plus large et ces nouvelles proportions favorisent une conduite plus dynamique.
Côté design, Nissan emploie la même recette que pour ses VUS, la Sentra ressemble à une mini-Altima et plusieurs se feront prendre au jeu. Elle reprend les mêmes lignes globales, que ce soit avec la ligne de toit flottante, les feux et phares en forme de boomerang ou la grille avant en V. C’est ici notre principal reproche, on aimerait un peu plus de distinction entre les véhicules, ils ont tous le même genre, simplement des proportions différentes et c’est dommage. Chaque génération apporte de nouveaux souliers, c’est le cas de la Sentra qui profite de nouvelles jantes de 16 et 18 pouces dans le cas des versions plus haut de gamme, elles sont en bonne partie responsables de son style plus sportif.
Cinq versions sont offertes soit S, S Plus, SV , SR et SR Premium. Bien entendu, on avait droit à la plus cossue des Sentra lors de notre essai.
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Toutes les Sentra profitent d’un bon niveau d’équipement de série comprenant cette année le climatiseur. Les versions SV et supérieures sont celles à favoriser, elles profitent d’éléments intéressants comprenant des sièges chauffants, une clé intelligente, des jantes de 16 pouces et un écran tactile de sept pouces. Les deux versions de base n’offrent pas Apple CarPlay et Android Auto, un non-sens à notre avis. C’est un élément essentiel de nos jours, surtout qu’aucun système de navigation n’est offert justement car Nissan mentionne que les gens utilisent maintenant les systèmes intégrés à leur téléphone intelligent.
On remarque rapidement les efforts faits afin de rehausser la présentation dans l’habitacle. La qualité des matériaux est en hausse tout comme l’attention aux détails. On a conservé au centre du tableau de bord des commandes classiques afin de contrôler le climatiseur, on aime bien les trois buses de ventilation placées juste au-dessus dont le design reprend celles de la Nissan GT-R. Juste au-dessus, on retrouve l’écran tactile de huit pouces logé à la verticale sur le tableau de bord et qui semble flotter, c’est la tendance. Le nouveau système d’infodivertissement est fort simple à utiliser, on le comprend en quelques minutes.
Notre véhicule d’essai offrait en prime un volant sport en forme de D et des surpiqûres contrastante sur les sièges, accentuant l’effet de luxe de la plus huppée des Sentra. Le constructeur aurait toutefois pu se forcer pour offrir un pédalier et un repose-pied métallisé comme le font Volkswagen et Kia. Quant au frein main, on a plutôt droit à une pédale que l’on enfonce et qui semble dater d’une autre époque... On aurait pu passer au frein électronique.
Sans nous attarder aux détails, la nouvelle Sentra offre une panoplie d’équipements de sécurité que l’on ne retrouvait qu’à bord de véhicules de luxe il n’y a pas si longtemps.
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La Sentra 2020 profite de plusieurs changements techniques. Nissan a tout d’abord mis de côté le moteur de 1,8 litre de 130 chevaux afin d’opter pour une mécanique plus puissante, soit un quatre cylindres de 2,0 litres qui développe 149 chevaux et 146 lb-pi de couple. C’est en fait le même moteur qui équipe le Nissan Qashqai et son surcroît de puissance procure à la Sentra des chiffres similaires à ceux de ses rivales, surtout dans le cas du couple.
Historiquement, 10 % des Sentra vendues au pays (15 % au Québec) étaient équipées de boîte manuelle, ce qui représente un marché assez important pour que le constructeur décide de la conserver, et ce, uniquement pour le Canada. Toutefois, la boîte manuelle à six rapports n’est offerte que dans la version de base, on a donc décidé d’en faire une option axée sur l’abordabilité. C’est dommage, car les boîtes manuelles sont de nos jours beaucoup plus appréciées par les passionnés et ces derniers n’ont que faire d’une voiture sans équipements. Nissan mentionne qu’il pourrait revoir sa position si la demande le justifiait, il suffit de vous faire entendre auprès de votre concessionnaire.
Sinon la seule option c’est de vous rabattre sur la boîte automatique à variation continue CVT baptisée Xtronic, cette dernière qui malheureusement laisse de côté le dynamisme au nom d’une économie supplémentaire. Plusieurs constructeurs succombent à la tentation, c’est un pari qui dans la majeure partie des cas ne les pénalise pas trop, mais bon nombre d’acheteurs ont toujours de la difficulté à accepter ce type de boîte. Je suis du lot qui préfère le rendement d’une transmission automatique conventionnelle.
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Nous avons pris le volant de la Nissan Sentra 2020 dans la région de Los Angeles sur des routes au revêtement idéal, et dont certains tronçons sinueux se sont avérés parfaits pour évaluer les qualités dynamiques de la voiture. Les ingénieurs ont effectivement fait du beau boulot, la nouvelle direction assistée électronique à double crémaillère est vraiment plus précise et procure une meilleure impression de contrôle que dans le passé.
La voiture est plus basse, ce qui lui octroie un aplomb supérieur en virage, l’effet était encore plus marqué dans le cas de notre véhicule d’essai qui était chaussé de roues de 18 pouces. Il faudra sans doute un peu plus de retenue avec les versions moins cossues. L’autre grand chantier mécanique, c’est le remplacement de la suspension arrière à barre de torsion par une nouvelle suspension indépendante qui gère beaucoup mieux le mouvement des roues tout en réduisant les transferts de poids à l’arrière. Au volant, on a pu enfiler les virages avec plus d'assurance, on a eu de la difficulté à atteindre les limites de son adhérence.
Ce n’est pas que nous n’avons pas essayé, c’est surtout que la transmission CVT est assez lente à réagir. Lorsque l’on circule à 70 ou 80 km/h et que l’on enfonce l’accélérateur, il manque l’espèce de kickdown des transmissions classiques. Plutôt que de sentir un effet de puissance, la voiture accélère d’une manière beaucoup plus linéaire sans que l’on sente véritablement son engagement. C’est ici que la transmission manuelle viendrait sans aucun doute supporter un peu mieux les nouvelles qualités dynamiques de la voiture.
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La Nissan Sentra 2020 arrivera chez les concessionnaires à l’hiver prochain. Nissan a réussi à travailler les éléments essentiels à sa réussite, la voiture est plus séduisante, performante, agréable à conduire et sa fiabilité n’a jamais été trop problématique. Il reste à voir si son prix jouera en sa faveur. Son principal défi? Faire oublier son passé et convaincre les acheteurs de compactes de lui donner une autre chance.