Étant donné qu’il s’agit d’une livrée « entre-deux », la Classe E 53 Coupé ne vend pas la mèche de manière aussi évidente que dans les versions plus épicées de la marque. En plus, le véhicule assigné à ma collègue et moi-même était d’un classicisme dur à battre avec sa carrosserie bourgogne.
On remarque tout de même la grille de calandre traversée d’un bout à l’autre par cette double bande argentée et ce petit écusson AMG. Le bouclier a bien droit à un aileron logé à quelques pouces du sol, mais son ajout est subtil, un commentaire qui s’applique aussi aux bas de caisse. Heureusement, la portion arrière se distingue davantage avec ce diffuseur et ces pots d’échappement circulaires. Quant aux superbes jantes de 19 pouces, elles sont de mise sur un coupé doté d’une mécanique de 429 chevaux-vapeur.
Une fois assis dans cet habitacle germanique, on remarque tout de suite la différence avec l’explosive AMG GT à 4 portes, l’immense console centrale du bolide ayant laissé sa place pour un tunnel à la fois moins encombrant et plus pratique. Même le levier de la boîte de vitesses retourne sur la colonne de direction comme la plupart des produits de la marque.
La Classe E a toujours été considérée comme une voiture confortable au possible et cette version imaginée par les bonzes d’AMG ne change absolument rien à cette donnée. Les sièges de première rangée sont moelleux à souhait, mais nous retiennent tout de même bien dans les courbes abordées à vive allure. L’accès aux places arrière est plus ardu. Il reste que c’est tout de même plus accueillant que dans une sportive à toit fuyant… heureusement d’ailleurs!
La qualité d’exécution saute aux yeux à l’intérieur, les matériaux étant de très bonne facture, tout comme l’assemblage. L’affichage de ces deux écrans est lui aussi très clair et, autre bonne nouvelle, on y navigue facilement grâce à cette molette, un choix plus traditionnel, mais plus facile au quotidien.
L’élément le plus sportif de cette cabine se retrouve toutefois entre les deux mains du conducteur. Le volant est en effet plus gras que dans les versions « normales » de la Classe E. Même si cette E 53 AMG n’est pas la plus délinquante de la gamme, le simple fait d’offrir un volant agréable à tenir en main est un gros plus, à mon avis.
Nous voilà rendus à la mécanique qui prend place sous ce long capot. Le constructeur a jadis été reconnu pour ses increvables blocs 6-en-ligne, mais depuis l’arrivée des V6 au milieu des années 90, cette architecture mécanique avait été mise de côté par les stratèges du géant allemand.
Or, il semble que le règne des 6-cylindres en V soit menacé. Le constructeur a en effet massivement investi pour l’élaboration de cette nouvelle mécanique aidée d’un turbo et d’un compresseur électrique. Mine de rien, elle livre tout de même une puissance totale de 429 chevaux et un couple tout aussi impressionnant de 384 lb-pi.
L’ajout de l’EQ Boost à l’équation donne à ce groupe motopropulseur 22 chevaux de plus et 184 lb-pi. Cet alterno-démarreur donne un « boost » lors des fortes accélérations, mais il sert aussi à économiser quelques sous à la pompe lors des décélérations ou même lors des arrêts aux intersections.
Comme c’est de plus en plus le cas avec les produits de performance chez Mercedes-Benz, le coupé E 53 profite du rouage intégral 4MATIC+, un facteur qui devrait rassurer les consommateurs québécois qui songeraient à passer du côté utilitaire. Il n’est pas obligatoire de conduire un VUS pour profiter d’une traction intégrale!
Malgré son écusson AMG et sa silhouette de coupé, le coupé Mercedes-AMG E 53 2019 n’est pas une voiture sport dans la plus pure des définitions. Son intégration à la gamme de Classe E confirme d’ailleurs son côté « grand tourisme ». Équipée de la suspension pneumatique RIDE CONTROL+ AMG, le coupé réussit à filtrer les imperfections de la route (soyons francs, le tracé dans la région d’Austin était lisse comme une table de billard). Il est également capable de garder le cap sur un tracé sinueux, la direction de la voiture étant elle aussi assez précise pour s’amuser quelque peu.
Néanmoins, c’est la sonorité, mais surtout l’efficacité du 6-cylindres, qui ressort de ce premier contact. La suralimentation ne cause aucun délai à chaque pression sur la pédale de droite et la puissance de l’engin est amplement suffisante pour éveiller les sens… ou perdre son permis! Je dois aussi mentionner que la boîte automatique à neuf rapports accomplit de l’excellent travail, que ce soit en mode Eco ou Sport+.
Oui, il est vrai que la Classe E 63 est plus brutale, plus démoniaque même, mais le niveau inférieur n’est vraiment pas piqué des vers!
La Classe E de Mercedes-Benz est une valeur sûre à plusieurs niveaux, que ce soit en matière de qualité, de confort ou même de valeur de revente. Il est toutefois un peu plus délicat de se prononcer sur cette nouvelle mécanique, du moins au chapitre de la fiabilité puisqu’elle est fraîchement sortie de l’usine.
Mais, ce court essai en territoire américain a révélé au moins deux choses : Mercedes-AMG maîtrise très bien ce type de mécanique hybride turbocompressée et qu’il n’est absolument pas nécessaire de cocher l’option 63 pour s’amuser au volant d’un coupé intermédiaire issu du catalogue de la marque.
Je réitère tout de même qu’un second essai chez nous pourra ou non confirmer l’excellence de cette livrée E 53 AMG.