Détroit, Michigan – Nous avons récemment eu la chance de mettre à l’essai un véhicule assez inusité qui dès le premier regard, ne manque pas de piquer la curiosité. C’est le Mahindra Roxor, un petit véhicule qui s’apparente fortement à un Jeep rétro et semble issu de l’époque de la célèbre série américaine Mash.
Inutile de vous imaginer en train d’arpenter les chemins de campagne, le Roxor est dédié uniquement à la conduite hors route; son homologation entraînerait un prix de vente trop élevé. Voilà qui en décevra plusieurs et c’est en fait son principal défaut.
Vous croyez que Mahindra a copié le design Jeep? Pas tout à fait. Les deux constructeurs possèdent un riche passé en commun puisque Manhindra a été mandaté par Jeep vers la fin des années 40 pour assembler des Willys destinés au marché indien et surtout, pour les acheminer sur les rives du Pacifique. Plusieurs décennies plus tard, c’est le retour du balancier puisque Mahindra assemble à la main ses Roxor dans la région de Détroit au Michigan à partir de composantes expédiées de l’Inde, alors qu’à l’époque, c’était l’inverse.
La société aujourd’hui propriétaire de Jeep, Fiat-Chrysler, ne l’entend toutefois pas ainsi et conteste la licence de Mahindra. FCA veut même les empêcher d’utiliser ce design, similaire à celui de Jeep, mais les chances qu’ils aient gain de cause sont minces. Au moins, Mahindra n’a pas poussé l’audace jusqu’à utiliser la calandre à sept barres… celle-ci en a quatre et demie.
Le Roxor offre des dimensions beaucoup plus compactes qu’un véhicule conventionnel, c’est ce qui fait son charme. Pas de panneaux de plastique; sa carrosserie est entièrement composée d’acier, ce qui ajoute à son style. On peut le personnaliser à souhait et il est offert dans une panoplie de couleurs dont certaines assez étranges.
Le modèle peut accueillir de série deux passagers et vous pourrez partager les plaisirs du Roxor à quatre en optant pour la banquette arrière optionnelle. Pour plus de confort, il sera également possible d’ajouter des ensembles de toit, un pare-brise, des portières et même un climatiseur.
Bref, le Roxor ne ressemble à rien de ce que l’on connaît. Il se situe à mi-chemin entre un véhicule de type côte à côte et une voiture. Il offre d’ailleurs une excellente capacité de remorquage (3 490 lb) et il peut transporter une charge allant jusqu’à 350 lb (158 kg).
À l’intérieur, on se retrouve plongé 50 ans en arrière avec ce tableau de bord minimaliste qui comprend en son centre un cadran circulaire numérique (on est tout de même en 2019) affichant certaines informations, dont le régime du moteur. Des commandes s’ajoutent en fonction des options choisies et on peut obtenir un système de sonorisation commandé par Bluetooth.
Un enduit protecteur a été pulvérisé dans tout l’habitacle afin de le préserver et de faciliter son entretien. Le même enduit que l’on retrouve dans les caisses de camionnettes pleine grandeur.
Du reste, on se retrouve dans un environnement à aire ouverte protégé par un ensemble d’arceaux, des demi-portières et un simple filet sur les côtés. Il manque toutefois quelques espaces de rangement à l’avant qui nous permettraient de trimballer de manière sécuritaire tout l’attirail de la vie quotidienne, dont notre téléphone cellulaire. On ne retrouve au centre que deux petits porte-gobelets. On aurait certainement aimé quelques éléments supplémentaires afin de rehausser son aspect pratique.
Le Roxor n’a rien à voir avec les autres véhicules côte à côte offerts sur le marché, mais il possède toutes les composantes mécaniques d’un véhicule conventionnel. Sous le capot, il dispose d’un moteur quatre cylindres de 2,5 litres turbo diesel développant une puissance de 62 chevaux pour un couple de 144 lb-pi. Cela peut sembler peu comparativement aux chiffres de nouveaux véhicules habituellement publiés, mais il faut se rappeler que le Roxor ne pèse que 1 377 kilos. Le moteur peut être jumelé, au choix, à une transmission manuelle à cinq rapports qui nous plonge littéralement dans le passé, ou à une automatique à six rapports – une boîte que GM utilise notamment à bord du Colorado.
Juste à côté de la transmission se trouve un bon vieux boîtier de transfert avec lequel il faut se battre – ou même déplacer légèrement le véhicule – pour passer du mode deux roues motrices à quatre roues motrices, et des quatre roues motrices en gamme basse (low). Ce système n’a rien de très moderne, mais il est pratiquement indestructible et vous permettra, telle la main de Dieu, de sortir le véhicule de situations embarrassantes, peu importe où vous êtes embourbé. Si jamais la situation est critique, on espère que vous aurez décidé d’opter pour l’installation du treuil à l’avant, car sinon, il vous faudra sortir la pelle.
Au volant, rien à voir avec les véhicules modernes. On se sent littéralement plongé dans le passé, tant en raison de la présentation que de tout ce qui touche la conduite du véhicule. Le levier de vitesses est long, courbé vers le conducteur, et rébarbatif. La direction ne dispose de pratiquement aucune assistance et oubliez toute aide électronique : il n’y a que vous et le moteur. La bonne nouvelle? Rien ne peut réellement briser toutes les cinq minutes. On voit que Mahindra veut faire du Roxor un véhicule de travail et de loisir infatiguable.
Le moteur diesel surprend par son silence de roulement – ici non plus, rien à voir avec les moteurs du passé. Même si la transmission automatique simplifie la vie, elle n’offre pas autant de plaisir que la manuelle qui nous immerge rapidement dans des souvenirs de jeunesse. Elle offre aussi plus de contrôle sur le véhicule en vous permettant de faire grimper un peu plus le régime moteur et surtout, de faire valser l’arrière dans les petits chemins de gravier – privés, car rappelons-le, le Roxor n’est pas homologué. Impossible de désactiver l’antipatinage, il n’y en a pas. Seul son diamètre de braquage assez long nous a déçus; il faut reculer fréquemment pour se faufiler dans des endroits plus exigus.
Équipé de roues de 16 pouces de série, le véhicule avec sa suspension à lames classique offre un certain confort, mais ce sont surtout ses capacités hors route qui sont impressionnantes, notamment en raison de son dégagement d’un peu plus de neuf pouces (229 mm).
Le véhicule a fait ses preuves sur le légendaire sentier Rubicon et notre essai nous a extirpé un sourire à maintes reprises, à mesure que nous découvrions les aptitudes du Roxor. Sur route, sa vitesse est limitée électroniquement à environ 75 km/h – et on ne peut y circuler!
Véritable jouet pour adultes, le Mahindra Roxor s’avère drôlement agréable et nous fait voyager dans le temps. Dommage qu’on ne puisse en profiter sur les routes, car beaucoup risqueraient de tomber sous son charme.