Ce n’est un secret pour personne : les berlines perdent de la vitesse. C’est encore pire dans la catégorie des berlines intermédiaires de luxe, où il n’y a à peu près que la Mercedes-Benz Classe E qui se vend encore convenablement. À quoi bon, pour Genesis, d’offrir une berline dans cette catégorie?
Le premier argument nommé par Genesis est que les berlines font partie de l’identité des constructeurs coréens. On s’empresse de dire que la G80 est actuellement la seconde voiture la plus vendue en Corée du Sud, prouvant ainsi son importance pour le constructeur.
Mais à quoi bon l’importer ici? Est-ce qu’elle est encore pertinente sur le marché canadien et comment la nouvelle génération viendra à bout de séduire les consommateurs? J’ai tenté d’élucider ce mystère en faisant l’essai complet de la Genesis G80 2021.
Lors de la publication du texte que j’ai rédigé sur l’essai du Genesis GV80, les commentaires ont été nombreux à l’égard du style du véhicule. Certains aiment, alors que d’autres détestent.
Ce sera exactement la même chose avec la berline G80, puisqu’elle retient la même approche de style, maintenant propre à Genesis. L’élément central est évidemment cette grille de calandre gigantesque qui couvre l’avant du véhicule. Elle est flanquée de phares doubles, dont la ligne horizontale caractéristique se poursuit sur les ailes avant et dans les feux de position arrière. Personnellement, je trouve ça distinctif, unique, et de bon goût, particulièrement quand la voiture est couverte d’une couleur foncée. Avec ces éléments, elle en impose.
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L’autre aspect à souligner est la qualité de la fabrication. Les panneaux sont assemblés avec rigueur et sérieux, et la peinture est d’excellente qualité. Plusieurs couleurs différentes sont proposées, afin de tenter de briser la monotonie présente sur les routes.
Afin de mieux répondre à la demande des clients mais aussi pour simplifier les commandes, seulement deux versions sont proposées, laissant au client uniquement le choix de la couleur intérieure et extérieure. Simplement nommées 2,5T Advanced et 3,5T Prestige, on les reconnaît à l’extérieur par les roues de 20 pouces de la version 3,5T et l’écusson sur le couvercle du coffre. C’est tout.
À bord, le savoir-faire coréen en matière d’assemblage, de qualité de finition et de choix de matériaux est la première chose que l’on remarque. L’habitacle est très bien ficelé, donnant même l’impression qu’on a affaire à une voiture plus chère qu’elle ne l’est réellement.
L’équipement contribue également à cette impression. Sièges ventilés – avec fonction de massage dans la version 3.5T –, chaine audio Lexicon à 21 haut-parleurs, toit ouvrant panoramique et recharge sans-fil sont proposés en équipement de série, soutenant l’ambiance feutrée qui se dégage de l’intérieur. On a également affaire à un écran de 14,5 pouces pour le système d’info-divertissement, à la fois bien positionné et facile à manipuler de manière tactile ou avec cette roulette nouveau genre placée à la console.
Au-delà de l’équipement, c’est le côté pelucheux de l’habitable qui ressort. L’insonorisation poussée et les sièges douillets en font quasiment un salon roulant, comme en témoigne le confort qu’on obtient autant à l’avant qu’à l’arrière. Le parallèle avec Lexus ou encore Lincoln en matière de confort est facile à faire.
Contrairement à ce que la ligne du toit laisse présager, l’accès au coffre se fait par un couvercle traditionnel et non un hayon. L’espace de chargement est de 371 litres, ce qui n’est pas particulièrement spacieux considérant le format du véhicule. L’on voit ici que la ligne de la voiture – bien que jolie – est pénalisante à ce chapitre.
Sans surprise, la berline G80 partage toutes ses composantes mécaniques avec le VUS analogue, le GV80, lequel a fait l’objet d’un essai complet. La version 2,5T Advanced est équipée d’un moteur 4-cylindres turbocompressé de 2,5 litres dont la puissance se chiffre à 300 chevaux et le couple à 311 lb-pi. C’est, évidemment, la version la moins dispendieuse.
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La version 3,5T Prestige propose, de son côté, un V6 biturbo de 3,5 litres, bon pour une puissance de 375 chevaux et un couple de 391 livres-pieds. En commun, ces deux mécaniques ont la transmission automatique à huit rapports et le rouage intégral. Il n’y a aucune autre option pour le Canada; pas d’hybride ou d’hybride enfichable qui lui aurait permis de se démarquer, malheureusement.
Une autre différence technique est la présence d’une suspension avec aperçu de la route sur la version 3,5T Prestige. Celle-ci ajuste la fermeté et la compression de la suspension en fonction de l’état de la route, à l’aide d’une caméra placée dans le haut du pare-brise. Sachez également qu’il n’y a pas de suspension pneumatique proposée.
À défaut d’être aussi incisive qu’une voiture allemande concurrente, la Genesis G80 m’a surpris par sa vivacité sur la route. La suspension calibrée adéquatement en fait une voiture joueuse et agile, particulièrement lorsqu’elle est équipée du moteur 4-cylindres. Elle enfile les courbes avec une aisance surprenante pour une voiture aussi grosse, ce qui rompt avec les voitures coréennes qui l’ont précédée et qui avaient plutôt la réputation d’être pantouflarde.
Jamais la transmission n’est prise au dépourvu, étant elle aussi programmée convenablement pour tirer le meilleur parti du 4-cylindres. Ce moteur s’est avéré doux et juste assez puissant pour bien composer avec la dimension de la voiture. Même si sa sonorité n’est pas particulièrement agréable à l’oreille, l’insonorisation de l’habitacle permet pratiquement de l’oublier.
La version 3,5T avec le V6 est intéressante si vous cherchez du confort à l’américaine. Le poids supplémentaire apporté à l’avant par ce moteur plus volumineux contribue à la souplesse de la suspension, dont la fonctionnalité « lecture de la route » ne fait qu’exacerber. Le poids supplémentaire a également un impact sur l’agilité de la voiture, qui s’est montrée moins vive avec le V6 qu’avec le 4-cylindres. Par contre, le V6 est plus puissant, plus doux et plus feutré, ce qui apporte un aspect serein à la voiture.
Néanmoins, à mon sens, la version munie du 4-cylindres est celle qui donne le plus d’équilibre, mariant à merveille le confort attendu d’une telle voiture avec un comportement routier sain et agréable.
Force est de constater que la Genesis G80 2021 offre des arguments rationnels solides pour courtiser les acheteurs. Je pense notamment au confort, à l’espace et aux prestations routières qui se comparent aux berlines allemandes. Ajoutez à cela un prix bien étudié – entre 66 000 $ et 76 000 $ –, le service Genesis à domicile et la fiabilité maintenant démontrée. Vous obtenez, à la fin, une expérience de possession moins frustrante que celle que les allemandes vous offrent tout en ayant une voiture pratiquement aussi compétente.
Mais soyons francs : si une BMW Série 5 n’est pas en mesure de retenir les acheteurs, comment une berline Genesis le pourra? Ce n’est certainement pas par manque de compétence, mais bien parce qu’il lui manque l’étincelle, l’émotion, le prestige et la renommée, des aspects qui sont recherchés par les acheteurs. Dommage, puisqu’elle mérite qu’on s’y attarde davantage.
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