Tout le monde connaît quelqu’un qui possède ou a déjà possédé un Ford Ranger. C’est pourquoi nombreux étaient les amateurs qui réclamaient son retour depuis l’abandon du modèle en 2011.
C’est maintenant chose faite, sept ans plus tard! Même si le nom est revenu, n’espérez pas retrouver tous les attributs qui ont fait sa renommée historique. Il est plus gros, plus puissant, plus raffiné. Après tout, il faut bien s’organiser pour concurrencer à armes égales les Chevrolet Colorado, GMC Canyon, Nissan Frontier, Toyota Tacoma et Honda Ridgeline.
Afin de vérifier la véracité du proverbe « tout vient à point à qui sait attendre », mais aussi pour nous imprégner de ce pourquoi le Ranger FX4 a été conçu, nous nous sommes rendus en Colombie-Britannique, conviés par Ford. Direction Whistler, pour traverser étendues de boue et ornières ainsi que pour parcourir la mythique autoroute Sea-to-Sky au volant du Ford Ranger tant attendu.
Quel est le véhicule par excellence pour le hors-route? J’entends déjà les amateurs scander : « Jeep Wrangler! Toyota FJ Cruiser! Nissan Xterra! » Ce sont tous des VUS. Normal d’y penser en premier, compte tenu de la réputation historique des Jeep.
Mais il y a aussi des camionnettes qui peuvent sortir des chemins asphaltés. Même si vous avez sans doute en tête les RAM 2500 PowerWagon, Ford F-150 Raptor et Chevrolet Colorado ZR2, des versions plus modérées existent, munies de groupes d’options destinés à la conduite hors route.
On les appelle Chevrolet Colorado Z71, Nissan Frontier Pro-4X et – bien sûr – Ford Ranger FX4. Les acheteurs les choisissent tantôt pour le look, tantôt pour leurs capacités. Une chose est certaine : elles sont attirantes.
Du point de vue esthétique, le FX4, malgré qu’il soit joliment tourné, ne révolutionnera rien. La partie avant arrondie et l’arrière haut perché ne sont pas sans rappeler le traitement que GM a donné au duo Colorado / Canyon. L’ensemble Sport séduit le regard en raison de l’ajout de couleur contrastant avec la carrosserie. En effet, la grille de calandre, les pare-chocs et les roues sont tous de couleur graphite. En fonction de la teinte extérieure, ça peut être du plus bel effet. Dans l’ensemble FX4, une plaque de protection est ajoutée à l’avant.
L’accès à bord n’est pas le plus facile, altéré par la caisse élevée et le seuil de porte assez large. Une fois en position, on se rend compte que le tableau de bord semble plutôt issu d’un Ford Edge que d’un camion. Stylistiquement parlant, c’est un peu décevant, mais il faut tout de même admettre que l’ergonomie est présente. L’écran multimédia est placé en hauteur, surplombant les commandes de climatisation qui sont un peu trop basses. La qualité des matériaux est très correcte pour la catégorie, aussi, même si l’espace est limité.
Les versions Lariat, au sommet de la gamme, ont droit à un tas de caractéristiques de luxe. Mentionnons d’abord les sièges chauffants et ventilés garnis de cuir, complétés par la climatisation automatique à deux zones et le freinage automatique d’urgence.
L’instrumentation de cette livrée plus luxueuse est également revue en comparaison avec les versions XL et XLT, proposant un cadran analogique central bordé de deux écrans numériques. Le conducteur peut alors sélectionner une panoplie d’indicateurs comme ceux facilitant la conduite dans les bois. Ça adonne bien, on devrait s’en servir aujourd’hui!
À l’arrière, l’espace pour les passagers dans la cabine double est correct, sans plus. Je déplore aussi le faible dégagement laissé par la banquette une fois l’assise repliée. Ça limite le côté pratique. Dommage.
Le Ford Ranger nord-américain est issu d’un modèle vendu sur d’autres marchés, mais qui a subi une batterie de tests ayant conduit à plusieurs modifications en vue de rencontrer les standards locaux.
Parmi les améliorations apportées, notons le moteur quatre cylindres EcoBoost de 2,3 litres. Avec ses 270 chevaux de puissance et ses 310 livres-pied de couple, il promet d’être efficace en hors-route à basse vitesse, mais aussi sur la route. Le Ranger partage sa boîte automatique à dix rapports avec le Ford F-150 et certains produits GM.
Chez Ford, on m’a aussi expliqué que la plateforme a été renforcée pour garantir sa rigidité. Ce châssis est d’ailleurs construit, à la base, pour maximiser les performances hors des sentiers battus. Toutes les composantes mécaniques sont placées très haut dans le châssis, histoire de maintenir une bonne garde au sol.
Afin de voir ses performances maximisées en conditions hors route, le Ranger est bien équipé. Le boîtier de transfert avec gamme basse est activable « à la volée », c’est-à-dire à l’aide d’une molette située près du levier de vitesses. Un commutateur permet aussi de verrouiller le différentiel arrière manuellement, alors qu’un autre bouton active le contrôle de descente, dont on peut régler la vitesse, avec les boutons du régulateur. Les pneus Hankook Dynapro sont également de la partie.
La première portion de l’événement nous a permis de conduire le Ranger sur la route, entre Vancouver et Whistler. J’ai alors découvert un véhicule muni d’un moteur livrant beaucoup de couple à bas régime, ce qui est favorable en conduite urbaine et sur la route.
La transmission automatique m’est apparue moins confuse que dans le F-150, assurément en raison d’une programmation différente. Mais moins confuse ne veut pas dire impeccable : elle hésite quand même à l’occasion, ne se gênant pas pour donner un bon coup pour tenter de rattraper le temps perdu.
Tel qu’attendu, la suspension FX4 est un peu plus sautillante que celle d’un camion régulier, mais elle n’est pas désagréable. Toutefois, le centre de gravité haut perché provoque une bonne dose de roulis, ce qui n’est pas sécurisant. Heureusement, bon point pour la direction précise – quoique déconnectée – qui donne confiance au conducteur. Robustes, les pneus Hankook Dynapro ont la qualité de demeurer silencieux sur la route, limitant au quotidien l’impact du groupe d’options FX4.
En hors-route, le Ranger brille. La suspension, tantôt rebondissante, fait maintenant tout en son pouvoir pour garder le Ranger bien au sol, en collaboration avec les pneus bien cochés. La visibilité est très bonne, et les différents systèmes d’assistance sont bien programmés. Mention spéciale au régulateur de vitesse hors route qui fait bien le travail, facile à utiliser.
Je suis mi-figue, mi-raisin.
Les capacités hors routes sont notables – avec la version FX4 du moins –, mais le comportement sur route est moins convaincant, gêné par une transmission hésitante qui vient ternir l’expérience. L’habitacle est bien équipé et construit sérieusement, mais j’aurais préféré un intérieur au look plus « camionnesque ».
Même si certains de ses attributs lui permettent de devancer des camionnettes intermédiaires caricaturales, comme le Nissan Frontier ou le Toyota Tacoma, le Ford Ranger FX4 ne peut toutefois égaler le duo GM, champion de l’équilibre et de la compétence. L’ensemble n’est malheureusement pas assez convaincant.
J’imagine qu’il aurait fallu attendre encore un peu plus…