Certains membres de la communauté automobile ont été choqués, voire outrés, quand Ford est arrivée avec son plus récent véhicule électrique. Ford Mustang Mach-E. Mais que diable le nom Mustang fait-il sur un VUS, électrique de surcroit?
Au-delà du nom, ce Mustang Mach-E est intriguant en raison de son style, de son format et de ses compétences prétendues. Plus d’un an après son lancement, et seulement quelques semaines avant qu’il n’arrive définitivement en concession, on a pu mettre la main sur un Ford Mustang Mach-E Premium à grande autonomie et à rouage intégral de pré-production pour se faire une idée plus claire.
D’entrée de jeu, Ford clame que la force de ce produit est sa polyvalence. Non seulement en matière d’espace cargo, mais aussi en matière de configuration mécanique : il y a un Ford Mustang Mach-E pour littéralement tout le monde. Petite ou grosse batterie, propulsion ou rouage intégral, cinq niveaux d’équipement et même une version GT sont dans les cartons.
Le point commun? Avec toutes ces versions, on a affaire à un véhicule à mi-chemin entre un compact et un intermédiaire, dont la position assise s’approche plus de la familiale surélevée que du VUS réel. La carrosserie élancée arbore à chaque extrémité des éléments distinctifs de la Mustang. C’est le cas des phares minces et allongés de même que de la forme de la calandre avant. Même chose pour les feux arrière séquentiels à trois barres verticales implantés dans une découpe prononcée, sans parler du logo de l’étalon au galop qui rendent hommage au coupé. Il n’y a pas de doutes, il fait réagir; j’ai eu droit à de multiples pouces en l’air au cours de mon très bref essai.
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Les distinctions entre les versions – qui sont Select, Premium, California Route 1, First Edition et GT – s’observeront principalement en matière de roues et de garnitures noires lustrées, alors que la version GT aura une calandre exclusive et plus sportive.
Il y a un peu de Tesla dans la présentation intérieure du Ford Mustang Mach-E. Ça passe par cet écran de 15,5 pouces à mises-à-jour automatiques installé en plein centre en position portrait. L’écran du Mach-E s’est avéré bien positionné et facile à manipuler, d’autant plus que l’interface est réactive, ergonomique et très bien présentée. Les commandes numériques de climatisation tout en bas sont bien intégrées et relativement faciles à utiliser, quoique je préfère encore les bons vieux boutons traditionnels pour leur simplicité.
Contrairement à Tesla, il y a une instrumentation numérique de 10,2 pouces devant le conducteur. Le niveau de batterie, la consommation et la vitesse y sont entre autres présentés avec clarté et style, élément qui est par ailleurs modifié par la sélection de divers modes de conduite. Les sièges m’ont surpris par leur mollesse, mais la présence de renforts latéraux de bonne taille permet un maintien adéquat. J’aurais cependant aimé que l’accoudoir central avant soit ajustable en hauteur à la façon Volkswagen, ce qui n’est pas le cas.
Ceux qui prévoient une vocation familiale pour le Mach-E seront ravis de constater qu’on a de l’espace à l’arrière. La banquette offre un bon dégagement pour les jambes et pour la tête, un aspect qui est aidé par la présence d’un toit vitré panoramique malgré que la ligne de toit soit assez fuyante. L’espace de chargement de 821 litres est comparable à celui qu’on retrouve, par exemple, dans un Mazda CX-5, sans compter la présence d’un coffre de 139,5 litres à l’avant.
Le Mustang Mach-E surprend par la qualité de sa finition intérieure. Il n’y a qu’un très léger sentiment bon marché qui demeure dans les portières, mais il y a une progression drastique en comparaison avec les Ford Escape et Explorer 2020 qu’on vous a présenté à l’émission cette année.
J’évoquais plus haut les possibilités en matière de configurations techniques. D’abord, la version que j’ai mise à l’essai avait une combinaison qui risque fort de plaire aux consommateurs québécois : grosse batterie de 88 kilowattheures utilisables et rouage intégral obtenu par l’ajout d’un moteur électrique sur le train avant.
Il s’agit de la configuration technique la plus dispendieuse, exception faite de la version GT Performance. Pour économiser 7 000 $ et perdre du même coup une bonne quantité d’autonomie, une batterie dite « standard » de 68 kilowattheures est proposée. Enlevez un autre 3 500 $ et vous obtenez un véhicule à propulsion. Ces déclinaisons font varier la puissance et le couple de manière significative. La version mise à l’essai offrait une puissance de 346 chevaux et un couple de 428 livres-pieds, soit le maximum jusqu’à l’arrivée de la version de performance. L’autonomie annoncée par Ressources Naturelles Canada est chiffrée à 435 kilomètres.
L’apprivoisement de la Mustang Mach- E se fait facilement. On apprécie d’abord la douceur de la mécanique, une caractéristique partagée avec la plupart des autres véhicules électriques. La puissance plus que suffisante en conduite normale se fait encore plus sentir en mode « Unbridled ». Le mordant du rouage intégral et le poids abaissé de la batterie se traduisent par une stabilité imperturbable, même en conduite sportive. La fermeté de la suspension m’a d’abord surpris mais elle ne nuit pas, à mon sens, au confort sur la route.
En conduite de tous les jours, on apprécie la possibilité de conduire avec une seule pédale, une fonctionnalité qui est particulièrement bien programmée ici. On parvient à faire un arrêt complet même en pente descendante sans avoir à toucher la pédale de frein, et on y prend goût promptement. Déception au sujet de la direction qui donne malheureusement une sensation artificielle, ce qui est dommage compte tenu de toutes les autres qualités inhérentes à la conduite du véhicule.
En matière de confort, les sièges souples dorlotent les occupants alors que l’insonorisation s’est avérée correcte, sans être particulièrement impressionnante. La bonne visibilité vers l’avant est malheureusement accompagnée d’une piètre visibilité au ¾ arrière, gracieuseté d’une ligne de toit compromettante.
Qu’en est-il de l’autonomie réelle du véhicule? Impossible de se prononcer pour le moment, puisque le court essai de 125 kilomètres en deux heures n’est pas un échantillon suffisant pour valider cet aspect.
Ce premier et très bref contact avec le Ford Mustang Mach-E 2021 a révélé un véhicule particulièrement bien exécuté, dont le potentiel de réussite est élevé. Toutes les caractéristiques intéressantes et recherchées sont présentes et sont combinées à un style qui frappe fort. De plus, les prix qui oscillent entre 52 495 $ et un peu moins de 85 000 $ sont concurrentiels pour un tel véhicule, d’autant plus que les versions Select et Premium – peu importe la batterie, peu importe le rouage – sont éligibles au rabais gouvernemental provincial de 8 000 $. Un pied de nez au Tesla Model Y, au Volvo XC40 Recharge et à la Polestar 2, ici.
Il reste maintenant à ce que le véhicule arrive sur le marché afin qu’on puisse valider sa fiabilité autant électronique que mécanique, un aspect qui nous a échaudé dans le passé avec d’autres véhicules Ford. En attendant que ce soit confirmé, restez branchés à RPM puisque nous l’étudierons avec attention.