Ring of Kerry, Irlande – Audi a convié RPM au lancement de la version revue de la deuxième génération du Q7 en Irlande. L’endroit était certainement spectaculaire, mais toute mon attention était dirigée vers les nombreuses améliorations apportées au véhicule, qui délaisse enfin ses airs de fourgonnette pour un style plus assumé d’utilitaire sport.
La cabine y passe : les designers d’Audi lui donnent toutes les plus récentes innovations, multiplient les écrans et épurent le tout. Jusque là, ce ne sont que des artifices. Mais mécaniquement, la suralimentation prend le bord et le V6 s’harmonise à la gamme grâce au turbocompresseur. Du même coup, l’hybridation 48 volts s’invite, réduit la consommation et permet l’intégration d’une collection de technologies au train arrière.
Le tout reste agrémenté de l’exceptionnel rouage intégral quattro.
Les différences entre les années modèles 2019 et 2020 du Q7 sont notables. Personnellement, je trouve que le 2016-2019 ressemble plus à une fourgonnette qu’à un véritable VUS. Pour 2020, les concepteurs corrigent le tir avec une présentation qui invite davantage à l’aventure.
L’avant change. La calandre est abaissée et adopte six fines bandes de chrome espacées, assurant son affiliation avec le Q8. Les blocs optiques intègrent (presque) toutes les plus récentes technologies et passent au laser. Malheureusement, les limites – selon moi arriérées – de la règlementation nord-américaine font qu’on ne peut toujours pas avoir de projecteurs Matrix (éclairage variable). Suivant ces éléments, le bas de caisse se transforme avec des prises d’air plus généreuses qui augmentent le dynamisme général.
Au profil, la partie inférieure des portières est agrémentée de nouvelles appliques qui viennent supporter le Q7. Par le fait même, elles amincissent le véhicule en plus d’apporter une meilleure protection contre les aléas de la route. Soit dit en passant, le Q7 2020 est 11 mm plus long que le 2019, ce qui s’explique par l’ajout des décorations extérieures. De série, on retrouve des jantes de 19 pouces.
Pour l’arrière, les feux s’alignent sur le reste de la gamme. Les composantes lumineuses demeurent en DEL, mais la forme et la structure interne changent. Une bande de chrome relie maintenant les feux. Audi perpétue cette hérésie de mettre de faux pots d’échappement sur le Q7. Franchement, sur un produit de prestige, cela devrait être illégal! En guise de consolation, l’exécution de l’assemblage et la qualité de la peinture frisent la perfection, comme toujours.
Il ne reste plus rien du 2016-2019. Le Q7 entre dans l’ère des écrans tactiles. On ne retrouve plus seulement l’instrumentation (Digital Cockpit) ou la navigation (MMI) avec cette technologie; toutes les commandes de la climatisation y sont incluses. Vous voulez des gadgets? Vous en aurez. Audi multiplie les accessoires de confort et d’assistance. Bien sûr, Google Earth est intégré et on obtient des plans de géolocalisation à imagerie réelle, tout comme des cartes en 2D et 3D. Il est maintenant possible de se connecter à l’assistant vocal Alexa d’Amazon pour la musique et tout le reste de la longue liste de caractéristiques qui lui sont propres.
Esthétiquement, on découvre une présentation épurée, libre de tout artifice. En complément, un affichage tête haute projette une collection d’informations toutes plus pertinentes les unes que les autres. Les ingénieurs ont fait leur devoir d’ergonomie : tous les écrans se manipulent facilement et intuitivement.
Audi joue avec les textures dans la cabine. Selon la version, vous aurez droit à des boiseries véritables ou encore à des appliques d’aluminium brossé (dans le S-Line). Et puisque le constructeur s’est construit une solide réputation en matière de confort, les sièges proposent une infinité d’ajustements. Impossible de les prendre en défaut. Sur les routes sinueuses des côtes irlandaises, j’ai obtenu tous les supports nécessaires à une bonne posture, soutenue et dynamique.
Malgré la hauteur du Q7, je ne me suis jamais senti au volant d’un VUS aussi imposant. Peu importe notre gabarit, on fait corps avec le Q7. À l’arrière, trois adultes peuvent prendre place sans grandes concessions. Seule la bosse du rouage au plancher désavantage légèrement les dégagements. Notez que le Q7 2020 revient avec ses configurations à cinq ou sept assises. Les volumes du coffre le situent en bonne position, entre 865 à 2 050 litres, selon le nombre de sièges. À titre comparatif, voici la capacité de chargement de ses principaux concurrents : le BMW X5 offre de 645 à 1 860 litres, contre 825 à 2 055 litres pour le coffre du Mercedes-Benz GLE.
De facto, Audi reconduit sur les modèles de base le quatre-cylindres de 2,0 litres de 248 chevaux. Toutefois, pour l’essai, nous avions le V6 de 3,0 litres. Conséquemment aux autres véhicules de la marque, la suralimentation (compresseur volumétrique) est remplacée par un turbocompresseur. À ce compte-là, la puissance demeure pratiquement la même à 340 ch. Le couple fait un bon significatif, de 325 lb-pi à 369 lb-pi.
Une partie de cette majoration provient de la technologie d’hybridation légère 48 V, qui offre une poussée électrique supplémentaire en accélération et en reprise. L’énergie est contenue dans une pile aux ions de lithium qui se recharge lors de la décélération entre 55 et 160 km/h – disons 120 km/h chez nous. Typiquement associée à la technologie 48 V, la batterie peut fournir suffisamment de puissance pour mouvoir le Q7 en mode électrique sur une période maximale de 40 secondes, dans des conditions idéales bien sûr.
L’apport du 48 V permet, selon ce qui est annoncé par Audi, une réduction moyenne de la consommation de 0,7 L/100 km. Optimisée, la boîte automatique à huit rapports revient. Le rouage intégral quattro fait aussi partie des éléments mécaniques de série sur le Q7. Comme je m’y attendais pour ce type véhicule, le mariage moteur-transmission-rouage peut difficilement être pris en défaut. Les changements de rapports se font de manière presque imperceptible. L’aplomb et la puissance du V6 saisissent à chaque accélération. Grâce à l’électrification partielle, la motorisation ne semble jamais à bout de souffle.
Malgré les 2 240 kg bien sonnés du Q7, Audi parvient à lui donner un comportement routier comparable à la grâce d’une ballerine. Compatible avec cette légèreté, la direction offre une belle lourdeur et j’avais l’impression d’être en communion avec elle. Étonnamment précise pour un véhicule de cette taille, elle m’a permis d’enfiler les courbes irlandaises avec une aisance inattendue.
Audi propose pour la première fois sur le Q7 quatre roues directionnelles. Le train arrière peut s’incliner jusqu’à cinq degrés en sens contraire à basse vitesse, et jusqu’à trois degrés en parallèle à vitesse plus soutenue. On connaît l’innovation, mais elle se veut rare dans ce segment. La maniabilité urbaine du véhicule à l’essai m’a donné la sensation d’être dans un Q5.
La direction demeure centrale, mais l’aspect le plus impressionnant du Q7 2020 vient de son système de suspensions. D’abord, elles sont adaptatives. En fonction du mode de conduite, elles s’élèvent ou s’abaissent dans une plage de 90 millimètres. L’option S-Line limite le débattement pour plus de fermeté, encourageant la sportivité. À cela, ajoutez un correcteur d’assiette qui contribue à la réduction du roulis et des mouvements de caisse sur pavé dégradé.
S’assumant comme étant un VUS, le Q7 n’offre pas moins de sept modes de conduite et leurs variations sont importantes. En « ECO », le véhicule me semblait étouffé avec un accélérateur castré et une direction légère. À l’autre bout du spectre, en mode « Sport », tout s’éveille, optimisant le rendement sur tous les plans. Pour les deux ou trois propriétaires qui oseront le faire, le Q7 bénéficie d’une configuration hors route baptisée « Off Road », qui favorise la meilleure traction tout en surélevant le véhicule au maximum. Juxtaposez toutes ces technologies, la puissance de la motorisation et l’intégrale quattro, et vous comprendrez que le Q7 accorde d’excellentes qualités dynamiques. À mon humble avis, il surpasse le BMW X5 et se frotte dangereusement au GLE de Mercedes-Benz.
Je trouve intéressant que le constructeur ait décidé de « s’assumer » en forgeant l’identité du Q7. Il ne pouvait plus jouer sur deux tableaux – fourgonnette et VUS –, sans qu’on ne sache exactement dans quelle catégorie le situer. Avec ses améliorations esthétiques et technologiques pour 2020, le Q7 s’est retrouvé une personnalité forte. Il délaisse sa sobriété originelle pour une approche plus définie qui lui va à merveille.