Volkswagen n’est pas drôle. Elle nous interdit tous les modèles « cools » de la marque que nous voyons en Europe, y compris la Golf. Tristement, au Canada, nous dépendons des États-Unis et de leur platitude en matière d’automobile. J’en suis à me demander si la faussement toute nouvelle Passat 2020 n’est pas juste une farce.
On pourrait croire que Volkswagen a décidé de laisser aller la Passat. Pour 2020, elle nous dit qu’il s’agit d’une nouvelle voiture, d’une autre génération presque, mais c’est un leurre. Il s’agit simplement d’un rafraîchissement, certes important, mais un rafraîchissement tout de même. La version 2020 s’inscrit dans la suite des Atlas Cross Sport 2020 et Atlas 2021 avec la configuration de ses phares. On délaisse les traits sévères au profit de rondeurs. La ceinture de fenestration demeure presque la même, à l’exception d’une petite variation à la custode. L’arrière suit cette tendance conservatrice avec de nouveaux feux un peu plus larges et un peu plus étroits. Là encore, rien de très expressif.
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Pour agrémenter le tout, on doit se tourner vers l’option de style R-Line comme sur le véhicule à l’essai. Dans son cas, le boîtier des projecteurs est noir. La calandre prend aussi de l’ampleur avec ses nombreuses languettes de chrome. Tout le pare-chocs est modifié avec une bande noire lustrée qui apporte un zeste de sportivité. Les cadrages latéraux passent au noir intégral. Forte appréciation pour le design des jantes « Bonneville » de 19 pouces à deux tons. À l’arrière, on voit quelques menues distinctions. Il y a un petit becquet noir sur le coffre, et les deux faux pots d’échappement sont séparés en deux, alors que, sur la Passat régulière, ces embouts sont simples. D’une manière générale, la finition est assez bonne tout comme la qualité de la peinture. Malheureusement, la Passat n’est plus un modèle international chez Volkswagen, le modèle européen étant passablement plus réussi.
Dès l’ouverture de la portière, c’est la déception. On est en 2020 dans un véhicule renouvelé ou en 1995 ? La Passat n’a rien pour impressionner dans sa présentation. À la mode allemande, tout est rectiligne et particulièrement sans éclat. Les sièges offrent un très bon maintien. Même après de longues heures de route, on ne sent pas la fatigue. Le volant est le même qu’on connaît chez Volkswagen depuis des années, pas de changement. L’instrumentation se montre on ne peut plus classique, pas de possibilité d’avoir du numérique si ce n’est du tout petit écran animé par l’ordinateur de bord.
Preuve du retard de Volkswagen, l’écran multimédia de 7 pouces seulement ! Je vous rappelle que nous sommes en 2020, et qu’il s’agit là de la version la plus équipée de la Passat. On obtient aussi les mêmes commandes de climatisation, par ailleurs ergonomiques, qu’on trouve dans les véhicules de la gamme depuis plus de dix ans. En les manipulant, on constate qu’ils ne sont pas solidement fixés. À la base de la console, des espaces de rangement de bonne taille rendent son aspect pratique intéressant. Ne cherchez pas de boutons pour désactiver le système de contrôle de la stabilité ou, même, des modes de conduite, même dans la R-Line à connotation sportive. Le choix des matériaux laisse à désirer. On n’y voit que des plastiques durs de qualité douteuse. Le pire, cette applique de pétrole rigidifié imitant le bois qui meuble la planche de bord. En 1970, les fausses boiseries étaient plus convaincantes.
Il y a un point positif dans l’habitacle de la Passat, son espace intérieur des plus généreux. On se croit réellement dans une voiture plus imposante tant les dégagements nous permettent de prendre nos aises. Cette réalité s’applique tout particulièrement aux passagers arrière. La Passat offre de réelles aptitudes familiales. Le coffre présente un volume de base de 424 litres, ce qui place la Passat légèrement sous la moyenne du segment.
La Volkswagen Passat a délaissé plusieurs motorisations au cours de son histoire. On se souvient des W8, des V6 et, même, plus récemment des TDi. Aujourd’hui, la platitude de Volkswagen des États-Unis nous interdit toute forme d’excitation. Depuis 2019, on retrouve un 4-cylindres de 2,0 litres qui développe une puissance de 174 chevaux et produit un couple de 207 livres-pieds. On réalise donc que la Passat est l’une des intermédiaires les plus sous-motorisées du segment. Pas d’option pour une version plus sportive, pas d’hybride rechargeable comme en Europe… absolument rien. À cela, ajoutez la sempiternelle boîte de vitesses automatique à 6 rapports. Au cours des dernières années, les constructeurs qui ont renouvelé leur intermédiaire ont souvent proposé un choix de motorisations, des transmissions plus modernes et, même, la possibilité d’un rouage intégral. Encore une fois, Volkswagen l’échappe avec la Passat 2020. Dans toute cette déception, j’ai une bonne nouvelle ; la consommation de carburant se trouve dans la moyenne avec 7,4 litres/100 kilomètres.
Tout n’est pas perdu. La Passat reste l’une des plus agréables à conduire de la catégorie. Tout passe par la qualité de la calibration de la direction. Toujours très précise et communicative, on se sent connecté avec la route. Les suspensions travaillent dans le même sens. Là encore, on ressent l’ADN allemand avec une certaine fermeté sans compromis pour le confort. Les amortisseurs absorbent bien les imperfections tout en demeurant assez fermes. Cela nous donne l’impression d’être au volant d’une grande routière capable d’avaler des centaines de kilomètres en toute aisance. Il faut toutefois être conscient que la sportivité n’est pas incluse, elle n’aime pas se faire « brasser ».
Le moteur profite heureusement de la turbocompression. Il se veut assez réactif, même un peu trop à l’occasion si l’on appuie sur l’accélérateur trop vivement. Par contre, la puissance s’essouffle rapidement en prise de vitesse. Propre aux Allemands, ce 2,0-litres ne se fait pas particulièrement bruyant de l’intérieur de la voiture. La gestion de la transmission se montre adéquate en conduite urbaine. Dès qu’on arrive sur l’autoroute, on comprend que son efficacité serait supérieure avec une boîte automatique à 8 rapports. La Passat ne jouit pas encore de la plateforme tous azimuts MQB, la rigidité de la structure ne fait pas défaut, mais on entend à l’occasion des craquements de l’un ou l’autre des plastiques à bord.
Je vais être dur, mais franc. La Passat n’a plus de réels arguments face à la concurrence. Qu’on la compare aux japonaises (Camry, Accord, 6, Altima, Legacy), aux sud-coréennes (K5, Sonata) ou, même, à la dernière américaine, la Chevrolet Malibu, la Passat n’est plus dans le coup. Considérant le fait qu’elle a été « renouvelée » pour 2020, mon constat est que Volkswagen l’a déjà virtuellement abandonnée. Je ne sens aucun effort de la part de Volkswagen pour lui donner des armes distinctives d’autant plus que ma version à l’essai affichait un prix de 39 765 $. Personnellement, cette Passat 2020 est une mauvaise farce dans un segment qui est pourtant plus concurrentiel que jamais. Ma recommandation : il se fait mieux et plus moderne ailleurs !