Le créneau des camionnettes intermédiaires est en pleine effervescence depuis quelques années. Les consommateurs ont notamment assisté à l’arrivée du Ford Ranger et, plus récemment, à celle du Jeep Gladiator. On retrouve également le duo de GM, le vieillissant Nissan Frontier, le « monocoque » Honda Ridgeline et l’increvable Toyota Tacoma.
Si la renaissance de ces camionnettes intermédiaires est attribuable au retour des modèles Chevrolet et GMC en 2015, il serait inadmissible d’oublier le représentant de Toyota qui n’a jamais cessé d’attirer la clientèle. Pas nécessairement à la recherche d'un outil de travail, le public cible serait plutôt intéressé par un véhicule versatile capable d’affronter presque toutes les conditions imaginables.
Le Toyota Tacoma n’est clairement pas le plus avancé des pick-ups intermédiaires, mais sa réputation de fiabilité et sa valeur de revente en font un excellent choix. Pour 2019, les stratèges de la marque ont d’ailleurs apporté quelques modifications à la recette, ne serait-ce que pour garder l’intérêt des mordus du modèle. D’ailleurs, au cas où vous ne le sauriez pas, le Tacoma TRD Pro 2020 sera aussi quelque peu renouvelé.
Mais revenons à l'essentiel : j’ai pu mettre à l’épreuve une livrée TRD Pro plus tôt ce printemps, ce qui explique pourquoi on aperçoit de la neige sur certaines photos.
Au premier coup d’œil, le Tacoma TRD Pro habillé de ce Bleu Vaudou est difficile à manquer, surtout quand on remarque cette prise d’air « désert » installée du côté droit du véhicule. Chaque arrêt sur la route se transforme en brève discussion avec les curieux. La tuyauterie ajoutée sert notamment à acheminer de l’air plus propre au moteur et a principalement été élaborée pour les terrains poussiéreux. Et contrairement à la croyance populaire, l’entrée d’air n’est pas étanche lors des passages plus corsés dans les cours d’eau.
L’ensemble TRD Pro ne se limite pas à cette entrée d’air « surélevée ». En effet, il comprend également un système d’échappement en acier inoxydable TRD avec embout chromé noir, une plaque protectrice tatouée des lettres TRD rouges sous le compartiment moteur, un toit ouvrant, des amortisseurs Fox et une trousse de suspension de réservoir à distance TRD, des ressorts et des lames calibrées par la division sportive, en plus de ces jantes TRD enveloppées de pneus tout terrain. De plus, le bouclier profite de cette grille de calandre « rétro », d’antibrouillards à DEL Rigid Industries et de blocs optiques aux quatre coins, assombris pour l’occasion.
L’option TRD Pro est franchement coûteuse à 12 850 $ – incluant également une chaîne audio haut de gamme du fournisseur JBL, des sièges en cuir noir avec broderies TRD Pro sur les appuie-têtes, ainsi qu’un levier de vitesses TRD Pro –, mais pour l’apparence « m’as-tu-vu » sur la route, le groupe optionnel est dur à battre.
Mon essai routier a été remarqué et ponctué de plusieurs pouces en l’air.
Puisqu’il s’agit d’une camionnette conçue pour les expéditions hors route, la marche est haute lorsque vient le temps de monter à bord. L’absence de poignée ou de marchepied rend cette manœuvre d'autant plus difficile, mais une fois à bord, on se rend compte que la position de conduite est acceptable, un commentaire que je me permets de donner au volant également.
La sellerie de la première rangée est moelleuse à souhait, ce qui devrait réduire l'inconfort causé par la suspension hors route, surtout dans les chemins cahoteux, car il faut le mentionner, la conduite d'une camionnette comme le Tacoma TRD Pro n'est pas aussi douce que celle d'une Camry. À l’arrière, la banquette s’avère quant à elle acceptable, sans plus, tandis que l’espace est raisonnable.
La planche de bord est peut-être recouverte de plastique dur, mais son entretien sera des plus faciles au fil du temps. De plus, la grosseur des boutons facilite leur manipulation.
Un mot aussi sur les multiples espaces de rangement : il y en a suffisamment! On compte d'ailleurs sur ce petit compartiment aménagé dans la boîte de chargement, pouvant servir à l’occasion.
Sous le capot, c’est encore un V6 qui s’occupe de propulser la camionnette intermédiaire. Le vieux bloc de 4,0 litres a toutefois laissé sa place il y a quelques années à un V6 de 3,5 litres à cycle Atkinson, d’une puissance de 278 chevaux et avec un couple de 265 lb-pi. La boîte automatique à six rapports s’occupe d’envoyer cette cavalerie aux essieux concernés.
Le Tacoma peut rouler en deux roues motrices, quatre roues motrices, ou quatre roues motrices LENT. Mentionnons également les systèmes d’assistance en descente, ainsi qu’en ascension, ce dernier étant particulièrement bruyant dans son utilisation.
Je n’étonnerai personne en affirmant que le Tacoma TRD Pro n’est pas le véhicule le plus confortable sur la route. La suspension robuste est un plus pratique en hors route, mais sur une chaussée parsemée de trous, le pick-up nippon prend un malin plaisir à brasser ses occupants. Remarquez, c’est également le cas chez la concurrence, mais Toyota a du travail à faire pour rejoindre les produits plus récents de la catégorie, et ce, malgré que le châssis ait été renforcé pour 2019.
Heureusement, le groupe motopropulseur est très bien adapté au véhicule, et la boîte automatique travaille de façon transparente avec le V6. J’ai pu m’apercevoir que le système d’échappement TRD est plus expressif qu’à l’accoutumée. La direction du Tacoma manque de précision et s’avère un peu lourde à basse vitesse.
Au risque de me répéter, l’amateur qui choisit un Tacoma TRD Pro sait tout de même à quoi s’attendre au quotidien : le confort n'est pas sa principale force, la consommation de carburant (surtout en ville) est exagérée et les manœuvres de stationnement risquent d’être plus ardues. Mais bon, l’aspect TRD Pro se justifie, surtout si le propriétaire du camion est un adepte de hors-route.
Avec de bons pneus, une garde au sol surélevée, plusieurs dispositifs pour franchir des obstacles, sans oublier cette protection sous le véhicule, le Tacoma TRD Pro n’a aucune misère à se faufiler sur un chemin accidenté.
Le véritable gros obstacle avec un tel jouet est son prix. À près de 60 000 $, le Tacoma TRD Pro n’est pas exactement un véhicule accessible. D’ailleurs, ce n’est guère mieux sur le marché de l’occasion; le Tacoma est un des véhicules qui conserve le mieux sa valeur après plusieurs années!
Qui plus est, il faut accepter de vivre avec certains autres aspects pouvant ne pas convenir à tous les besoins : consommation de carburant ne pouvant descendre sous les 11 L/100 km (même sur l’autoroute à 100 km/h), confort aléatoire, hauteur démesurée et gabarit – le Tacoma n’est pas aussi agile qu’une Yaris en ville.
Le TRD Pro 2019 s’adresse à une clientèle spécialisée, au même titre que les Chevrolet Colorado ZR2, Jeep Gladiator Rubicon ou même Nissan Frontier PRO-4X, dans une moindre mesure. Et à voir tout l’engouement pour ces véhicules faits pour le hors-route, le constructeur fait bien de poursuivre son aventure avec l’écusson TRD Pro.